Patrick Van Caeckenbergh - Atlas des Idéations / Les Jardins Clos

Patrick Van Caeckenbergh - Atlas des Idéations / Les Jardins Clos

Carré d’art - Musée d’art contemporain de Nîmes organise une exposition de Patrick Van Caeckenbergh du 27 janvier au 17 avril 2005. Véritable rétrospective sur plus de vingt années de travail, l’exposition rassemblera plus de 108 oeuvres en provenance d’une trentaine de collections privées et publiques.

A l’heure du net et de la mise en évidence d’un réseau qui peut relier au niveau mondial toutes les connaissances des plus futiles aux plus sérieuses, Patrick Van Caeckenbergh, artiste flamand né en 1960, est un encyclopédiste habité d’un réseau éminemment personnel et sophistiqué. Tout vient s’y ranger, de la classification animale à l’anatomie, ou au cosmos, mais fait retour à l’artiste qui collecte, classe, réunit. Ses modes d’intervention privilégiés sont l’assemblage, le collage, le bricolage. La plupart de ceux-ci s’inspirent du dialogue du texte et de l’image des publications populaires et scientifiques du XIXe siècle.

L’exposition dessine un parcours dans le développement personnel et mental de l’artiste en cinq temps, de la découverte du vaste monde jusqu’à l’installation à la campagne : A pied d’oeuvre ; Sois prudent mon garçon ; autour du monde ; Laissez, tout en remuant continuellement, doucement mijoter jusqu’à ce que... ; Stil Geluck.
Les livres, celui qui accompagne l’exposition en est le témoignage, se remplissent d’images mais aussi d’une fine écriture, où l’artiste se fait copiste comme les moines du Moyen-Âge ou comme Bouvard et Pécuchet, personnages de Flaubert, qui, après s’être égarés dans le vaste monde de la connaissance, ne trouvent leur salut que dans la copie. Les textes fondateurs peuvent être de Paul Valéry, Claude Lévi-Strauss, Vladimir Propp, Konrad Lorenz... Pour Patrick Van Caeckenbergh, la connaissance est affaire de classement, dans les petits tiroirs du Chapeau, du Clapier, dans l’alignement des échantillons de la Collection de peaux ou dans les étoiles de la constellation (Autoportrait, atome de bulles de savon, 1990).
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Cette connaissance n’est pas désincarnée. Comme la vie elle-même, elle est un vaste système de consommation, de digestion et de rejet. En témoignent les replis de cet estomac qui serpente sur de nombreux collages. Elle traduit aussi l’étonnement de l’artiste devant un être humain écartelé entre des pôles opposés : « Et puis, pourquoi sommes-nous faits en viande ? »
Patrick Van Caeckenbergh est fasciné par l’organisation de la nature, par certains animaux qui, tels l’escargot ou la tortue, sécrètent leur habitacle. L’hibernation, le trou de souris ou encore les jardins clos sont les images d’un confinement fécond qui garantit le bon déroulement de la vie intellectuelle.
Avant l’oeuvre, il y a la cellule où la pensée peut advenir. La Trésorerie reconstitue, à l’entrée de l’exposition, une pièce avec ses étagères de livres, le fauteuil Le Corbusier, sa table basse, son pupitre, une sorte de scriptorium de l’artiste. Mais cet espace restreint était déjà celui de la Living Box où l’artiste vécut réellement de 1980 à 1984 et rappelle son intérêt pour l’architecture, marqué par une année d’études sur l’histoire de l’architecture à l’Ecole supérieure d’Eindhoven en 1984-1985.

Patrick Van Caeckenbergh est un chercheur glissé dans le monde de l’art. Il est difficile de mettre en évidence une filiation artistique : le dadaïsme pour l’absurde, l’art conceptuel pour l’organisation de l’oeuvre en système. Il est l’auteur d’un art qui, malgré son caractère hautement personnel, renvoie plus à l’organisation des signes dans l’anthropologie qu’à la figure de l’artiste occidental, génie isolé. Ainsi Patrick Van Caeckenbergh ne répugne-t-il pas à prendre en charge des événements tels les processions (dont Le Dais dans l’exposition témoigne), les fêtes au sein du village de Saint-Corneille d’Hoorebeke en Belgique où il réside.

Comme les encyclopédies du monde classique, la sienne est un monde clos qui met en relation l’infiniment grand et l’infiniment petit, mais un monde mouvant à la lisière entre les règnes animal, végétal, minéral, fécond en trous noirs plus qu’en certitudes, où s’exprime l’idéal d’une pensée qui soit l’émanation de la vie et qui pourrait avoir la liberté de la fable et du voyage.




Un catalogue monographique, conçu par l’artiste comme un livre-objet, est édité à cette occasion.

Carré d’Art - Musée d’art contemporain ouvert tous les jours sauf le lundi de 10h à 18h.
Entrée: 4,65 euros, tarif réduit: 3,40 euros