Patrick Cordeau

Traces, signes, signaux rythment les toiles, en camouflent le sens, l’orientent bien avant que le peintre n’ait entrepris de remettre en question le format, puis le cadre, enfin le support même. Ce sont d’abord des diptyques ou des triptyques, des miniatures, puis des rectangles longs et étroits .... Aujourd’hui où dit-il " il n’aspire à rien" sinon à " sortir du cadre", il est occupé à prolonger la toile, qu’il élargit par de morceaux de bois cloués sur lesquels il continue de peindre. C’est une sorte d’objet -peinture qu’il offre au public et que celui-ci s’est déjà approprié en le baptisant "palissade". Ces paysages urbains sont fait de matériaux de récupération : collages tissus, ferrailles, ficelles, carrelages, matériaux de l’usure... Ils évoquent la démolition, le chantier, un quelque chose tout à la fois nostalgique et en devenir. Ce presque rien, avec ses anecdotes, incite au jeu, ouvre l’espace mental. Plaisir du regard qui nous parle de simplicité, d’effacement, d’enfance et qui invite à rêver. Irène Filiberti - extrait. Patrick Cordeau ne cesse de "clôturer" ses toiles, lieux ainsi re-limités elles deviennent finalement terrains vagues au milieu de la cité, façades en démolitions, chantiers ou jardins, forcements secrets. Il pratique le collage de matériaux divers, rebuts de notre existence et on reconnaît aussi quelques signes, comme un alphabet minimal qui nous incitent à poursuivre le jeu de piste et notre " lecture" . Pour peu que l’on s’y attache on se sent vite devenir explorateur, tentant de déchiffrer ces hiéroglyphes contemporaines. Les palissades jusque là limitaient ou prolongeaient l’ espace de la toile. Aujourd’hui elles existent pour elles mêmes. Au travers de la série des petits "panneaux électoraux" que leur taille rend presque précieux et grâce à la très grande palissade elles revendiquent crânement leur présence. Odile Oms