Padova

Exposition
Arts plastiques
La Vitrine Paris 11

Vue de l'exposition : au premier plan, "Padova (Réplique n°4)", 2008, contreplaqué bakélisé, marbre de Carrare, 550cm x 130cm x 36cm. Au fond sur le mur : Changer en île n°2, 2005, tirage Lambd

La photographie d’Eric Antoine, reproduite sur le carton de la première exposition personnelle de Raphaël Zarka à Paris présente un skateur exécutant un backside smith grind sur une sculpture moderne. Dans la série « Riding Modern Art », dont est tirée cette image c'est avant tout l’usage physique et la dynamisation du fossile urbain qui fascine l'artiste. Pourtant, si depuis l'écriture de son livre Une journée sans vague, Chronologie lacunaire du skateboard, 1779-2005, le nom de Zarka est largement associé au skate, le lien avec son travail plastique est plus indirect qu'il n'y paraît. Padova, une sculpture en forme de plan incliné, s’étire au sol de la galerie. Il s’agit cette fois, d’une réplique d'un objet scientifique, destiné à étudier la chute des corps et leur accélération le long d'un plan incliné, créé par un artisan du 18ème siècle à partir des expériences décrites dans les traités de Galilée. S’inscrivant dans la lignée d’une conception de l’objet par interprétations successives, Zarka conserve le squelette de la structure initiale – et avec elle, son identité partielle - sans pour autant chercher à produire la copie fidèle du modèle d'origine. Dépouillée de ses détails décoratifs, la forme classique, ainsi rationalisée, dérive vers l'abstraction. Composant la partition de l'exposition, les Mystery Board déclinent par séries des formes géométriques. Tel les Story boards de futurs films d'animation, ils proposent de mystérieuses grilles constituant le terrain de jeu, d'expérimentations et de synthèse du travail de l'artiste. Les sources sont diverses - images collectées, objets fabriqués ou trouvés, projets non réalisés – s’inspirant à loisir des modes de conception du pavement dans La Flagellation du Christ de Piero Della Francesca, d’un polyèdre figurant dans le portrait du mathématicien Luca Pacioli peint par Jacopo de Barbari (1495), ou encore du modèle cosmologique de Kepler - un astronome qui découvrit la trajectoire elliptique des planètes et « passait des années », selon la formule de Zarka, « à tenter de faire rentrer les étoiles dans un cube » - composé d'un enchevêtrement de cinq polyèdres réguliers imaginés par Platon. L’artiste en déduit des rubicubes d'idées et de formes qu'il assemble, fait pivoter, surajoute ou fait permuter, selon un jeu d'associations et d'emboîtements élaboré suivant une règle aussi rigoureuse qu’arbitraire. Chez Raphaël Zarka, pas de date de péremption de l'objet qui tienne, ni de pétrification de la forme, mais des déclinaisons à l’infini et des combinaisons illimitées. Si l’artiste affectionne tout particulièrement cette formule de Borges : « c'est presque insulter les formes du monde de penser que nous pouvons inventer quelque chose ou que nous ayons même besoin d'inventer quoi que ce soit. », c’est en pratiquant l’emprunt et l’anachronisme, que son œuvre assure la permanence de l’objet, paradoxalement sans cesse métamorphosé. Par procédé de transformation, de propagation ou de contamination, ce collectionneur obstiné s’attache non seulement aux multiples possibilités qu’offrent les formes et les objets mais également aux histoires qu’ils cristallisent. Mathilde Villeneuve

Complément d'information

Taxi tram samedi 12 avril (+ d’infos sur www.tram-idf.fr)

Autres artistes présentés

Raphaël Zarka

Horaires

du mercredi au samedi de 15h à 19h

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

La Vitrine 24 rue Moret 75011 Paris 11 France

Comment s'y rendre

M°7, arrêt Aubervilliers - Pantin Quatre Chemins 
Bus 170 arrêt Hôpital la Roseraie

Dernière mise à jour le 13 octobre 2022