OPALINE ET VÂYOU

Exposition
Arts plastiques
Maëlle Galerie Romainville

 

Tel un passeur de mondes, Jérémie Paul cultive l’entre deux. Entre terre et mer, sacré et profane, animal et humain, masculin et féminin, entre le même et l’autre, foisonnent des espaces im(pré)visibles, que Jérémie Paul explore. Jérémie Paul n’aime pas l’exotisme : celui ci tente de séparer l’ici et l’ailleurs, ce qui depuis toujours s’hybride.

Tel un Ulysse vagabond, Jérémie Paul a côtoyé les rives de plusieurs genres artistiques, expressionnisme, surréalisme, pop art, dessin sa- tyrique, cartoons et les icônes de plusieurs civilisations. Il part à la rencontre de multiples techniques, installation, porcelaine, gravure, peinture, dessin. Mais la saturation des couleurs du lagon et la fluidité des espaces insulaires, il les retrouve principalement dans l’usage du pastel et des encres sur soie. Et Jérémie Paul ne retient à chaque halte de sa traversée des styles, des cultures, des techniques et des mondes, que ce qui lui permet de construire un espace poétique aussi inattendu que celui de la rencontre d’une pastèque et d’un hippopo- tame, d’un condor et d’une casquette.

Les hybridations croissantes des cultures et de leurs images, les en- gloutissements, les acculturations, les survivances et les disparitions, les fabuleux syncrétismes des peuples, de leurs divinités et de leurs langues provoquent parfois ces instants de grâce inouïe, auxquels l’artiste est aux aguets. Aux aguets de temps improbables encore, comme ce calme intense après le passage du cyclone Hugo sur l’île de la Guadeloupe.

D’Haïti, Jérémie Paul retient la figure d’Erzulie, entre Madone et vau- dou.
Du Mexique, où il séjourne à plusieurs reprises, le rouge incandescent des laines des tapissiers des montagnes qui lui prêtent leur savoir faire pour tisser un tapis à l ‘effigie d’Erzulie, et dont la pointe s’achève dans une goutte de sang.

Du japon, la vague universelle d’Okusai, de l’hindouisme le dieu Vâyou, insaisissable, des USA, la pop culture, les boîtes de soupe d’Andy Warhol, remplacées par des tranches de cake tout aussi facé- tieuses qui forment comme autant d’écrans à images, les Clippers, hé- ros du basketball, et l’étoile noire de star wars, enfin le fameux « yes we can » réapproprié par un Mickey transgenre.

De la Chine, il utilise les soies aux multiples brillances et textures. Crêpes, pongées et autres variétés soyeuses offrent des tombés on- doyants qui accueillent une vague qui se dessine et redessine à l’infini et que l’artiste peint selon des techniques traditionnelles.

Dans ce bruissement fluvial d’images et de formes, un nouveau conti- nent advient, un continent d’après la fin des vieux mondes engloutis dans le maelstrom de la mondialisation. Un continent fait d’îles et de passages entre les récifs. L’art de Jérémie Paul est un archipel.

Myriam Odile Blin, sociologue, décembre 2015 

Artistes

Horaires

Du mardi au samedi 14h00 - 19h00

Adresse

Maëlle Galerie KOMUNUMA 29 rue de la commune de Paris 93230 Romainville France

Comment s'y rendre

Métro : Belleville (ligne 11-2) Sortie : Boulevard de Belleville Bus : 96 - Couronnes
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022