Omer Fast: Nostalgia

Exposition
Arts plastiques
gb agency Paris 03

Omer Fast Nostalgia, 2009 Video Installation in three parts Production Photo by Thierry Bal Courtesy gb agency

gb agency a le plaisir d’ouvrir à la rentrée un nouvel espace avec de nouveaux projets. Ce lieu permettra à la fois de développer et d’approfondir le programme de la galerie tout en envisageant de nouvelles formes de commissariat, à Paris ou ailleurs. Un espace dédié à une structure autonome pourra, par son dispositif et sa temporalité, proposer un regard différent sur la création contemporaine. OMER FAST Pour l’inauguration de ce nouvel espace, gb agency est heureuse de présenter une exposition personnelle d’Omer Fast avec deux pièces inédites en France: l’oeuvre vidéo Nostalgia et l’installation, The Forlorn Lover’s Guide to the Underground and to Doubles déployées dans l’espace. La structure narrative en trois parties de Nostalgia s’articule autour d’un souvenir, transmis et reformulé à plusieurs reprises. Chacun des trois films (trois chapitres) occupe son propre espace: le spectateur progresse ainsi physiquement et spatialement dans l’histoire. Une conversation entre l’artiste et un exilé politique nigérian résidant à Londres est à l’origine du projet. Nostalgia rejoue à la fois ce moment tout en créant une nouvelle fiction. À l’entrée du dispositif, la première vidéo montre un homme s’activant dans les bois. En voix-off, il raconte son histoire : une enfance difficile et solitaire dans un pays en guerre, sa rencontre avec son protecteur qui l’initie à toutes sortes d’activités, notamment la chasse à la perdrix. L’image est instable, la caméra bouge, le style est maladroit, le format du document semble amateur. Plus loin, dans une seconde salle, on assiste à la rencontre entre un metteur en scène (ou un artiste) et un jeune homme. Le premier demande à son interlocuteur de raconter son histoire, celle d’un jeune Africain recherchant l’asile politique en Grande-Bretagne. Deux écrans synchronisés côte à côte font écho au mode du dialogue entre les deux hommes. L’installation se complexifie et l’image est plus lisse. Au fil de propos confus et de malentendus, le récit du jeune homme se cristallise autour d'un souvenir d'enfance, lorsque son père lui apprenait à fabriquer des pièges pour attraper des perdrix. Dans la troisième salle, la dernière partie de l’oeuvre est plus cinématographique. Tournée en 16 mm, elle reprend le style des films de science-fiction des années 1970 : un émigrant blanc d’une Europe post-apocalyptique se fait arrêter sur les côtes d’un pays d’Afrique de l’Ouest. Vision futuriste traitée au passé, glissements géopolitiques, Omer Fast combine ces éléments disparates, joue des oppositions et des anachronismes pour entraîner le spectateur dans un récit à la fois tendre et violent. Le demandeur d’asile est d’abord entendu par les autorités locales, avant d’être relâché en échange de renseignements sur le réseau d'immigration et ses secrets ; d’autres candidats à cette immigration clandestine inversée seront alors capturés dans un tunnel. Son témoignage fait un détour par le souvenir d'un piège à oiseaux repris par les différents protagonistes du film. Si Nostalgia traite de la notion de déplacement, physique ou mental, il s’agit surtout de la transformation du souvenir : du passage de l’expérience intime au récit qui en est fait. De salle en salle, le souvenir prend ainsi la forme d'une histoire aux ramifications complexes, dont l'agencement de l’installation reprend la multiplication des points de vue. The Forlorn Lover’s Guide to the Underground and to Doubles, première installation non vidéo d’Omer Fast, est constituée d’une quarantaine d’éléments : textes, photographies, dessins, photocopies, documents. L’accrochage rhizomique de ces éléments s’articule autour d’Omar al-Gougle, personnage central d’une narration aux entrées multiples. Différentes fictions s’entremêlent, se recoupent, voire même se contredisent. Si l’ensemble des récits forme à dessein une boucle en circuit fermé, images et illustrations ouvrent au contraire sur différentes perspectives. Des ‘caves des patriarches’ d’Hébron à la ‘camera obscura’ d’Edison, le spectateur se retrouve au centre d’un labyrinthe d’informations, réelles ou fictives. Le ton de la rumeur plane tout au long de l’installation : Omar al-Gougle, auteur à succès, se serait donné la mort après la parution d’un article peu élogieux sur son dernier livre, l’attentat perpétré par des membres du groupe ‘The Weatherman’ — déjà présent dans une autre oeuvre de l’artiste — se trouverait étrangement relié à Hollywood à travers l’acteur Dustin Hoffman. L’activisme des années 1970 frôle ici les notions de terrorisme actuel au Moyen-Orient. À travers la vie obscure d’Omar al-Gougle, l’artiste déhiérarchise les informations, la grande Histoire devient égale à l’anecdote, la fiction ne se reconnaît plus vraiment de la réalité. Si CNN Concatenated (2002) venait à bout de l’information télévisuelle et Godville (2005) rendait caduque la reconstitution historique, The Forlorn Lover’s Guide to the Underground and to Doubles épuise le média internet et interroge la véracité de ses moteurs de recherche. Dans la continuité des autres oeuvres de l’artiste, cette pièce témoigne d’une rigueur de l’écriture et d’une grande inventivité de construction. Cette exposition témoigne ainsi de nouvelles directions prises par l'artiste dans son travail tout en affirmant la récurrence de ses principes fondateurs. Nostalgia a été coproduit par la South London Gallery; UC Berkeley Art Museum and Pacific Film Archive et Verein der Freunde der Nationalgalerie, Berlin.

Autres artistes présentés

Omer Fast

Horaires

du mardi au samedi de 10h à 13h et de 14h à 19h

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

gb agency 18 rue des 4 Fils 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022