A nos corps défendants
La réalisation de costumes et leur activation est au cœur de la pratique de Ghizlène Chajaï. L’impression d’étrangeté qui se dégage de la présence de ces personnages déguisés dans des décors plus ou moins connus nous ramène sans cesse aux frontières du modernisme, à l’uncanny freudien, aussi bien qu’aux collages de Matisse représentant des corps aplatis aux couleurs vives, réduits à l’état de motifs.
Sa série des cagoules, sortes de coiffes qui cachent le regard mais laissent la bouche libre, n’est pas un simple détournement du hijab. Il semble aussi s’agir des instruments d’un culte inventé par l’artiste, qui permettraient de porter le regard vers l’intérieur, de se fabriquer un cocon à soi et en soi. Ghizlène Chajaï mêle ainsi mystère et familier, dans une mythologie personnelle qui ne se limite pas à un simple commentaire sur le métissage, mais interroge plutôt la fabrication des images.
Isabelle Alfonsi
Tarifs :
gratuit