NOIR CLAIR
Artistes présentés :
Charley Case, Mat Collishaw, Tonino Cragnolini, Mounir Fatmi, Bob Flanagan,
Fabrice Langlade, Martin Lord, Luc Mattenberger, Andrea Mastrovito, Robert
Montgomery, Lucien Murat, Jean-Michel Pancin, Françoise Pétrovitch, Eric Pougeau,
Julien Serve, Rudy Shepherd & Frank Olive et Jeanine Woollard.
L’exposition NOIR CLAIR : un passage. Du noir vers la réparation, en passant par le
doute. Un processus créatif : celui du dessin. Crayon noir.
Le noir, concentration de toutes les couleurs, le deuil mais aussi l’élégance, Goya et
Chapman mais aussi l’ironie et la légèreté du dessin, nous jette dans la vie. Le noir
de la souffrance nous fait ressentir une ambivalence continuelle entre le noir et la
vie, entre la vie et le noir : la vie noire, parfois comme une Halte dans le désert. La
maladie, la menace, la mort. Les autoportraits au crayon ou à la plume de Bob
Flanagan, artiste SM, moments de souffrance et de jouissance conjugués ; les
monstres moyenâgeux à l’assaut des noirs châteaux du Frioul de Tonino Cragnolini
; les « gueules cassées », gravures récentes de Mat Collishaw et ses dessins de
tumeurs et de malformations ; l’univers chaotique de Lucien Murat. Et à l’extérieur
de la galerie, en guise d’accueil, la guerre déclarée de Luc Mattenberger, cocktail
Molotov inaugural. « J’ai peur, je veux être la peur » : ainsi dessine Eric
Pougeau.
La vie est grise aussi. Elle est hésitation. La vie se cherche, toujours, une autre vie,
un nouveau souffle, une manière de sortir du dedans de l’aiguille, de se trouver un
cavalier (Joseph Brodsky). La vie noire rencontre le doute à chacun de ses
carrefours. Loin de figer, le doute, interrogation essentielle, scientifique ou
existentielle, libère de l’énergie, initie le mouvement, entrouvre nos yeux vers de
possibles réalités inexplorées encore. La conscience naît de l’hésitation. Les dessins
en forme de questionnements de Julien Serve, les mots de Robert Montgomery, le
répertoire polymorphe de l’apport du soi au monde de Martin Lord, les errances et
itinérances de la dualité de Charley Case, les créatures étranges de Jeanine
Woollard, les enfants (ou adolescentes déjà ?) de Françoise Pétrovitch, nous laissent
flotter dans ce doute qui ne sait encore de quel côté pencher.
Une conscience qui nous amène au processus. Processus de deuil, processus créatif,
processus de réparation, aussi. Un processus dont le modèle même est
mathématique, et musical : le dessin répétitif, les traits qui n’en finissent pas, les
cercles qui ne se ferment jamais sur eux-mêmes, l’écriture, la formule, la synthèse,
les portées, les notes, les mots. Les FAX de Rudy Shepherd & Frank Olive arriveront
chaque jour dans la galerie, processus quotidien nous rappelant le passage des jours
; les équations poétiques de Jean-Michel Pancin nous rapprochent de l’« être rêvé » ;
les dessins de Mounir Fatmi, références à La Jambe noire de l’Ange, esquissent un
processus de guérison par la greffe de l’Autre ; ceux d’Andrea Mastrovito, processus
abstraits et formels à la fois, nous font entendre leur musique, haut et bas et encore,
alors que Fabrice Langlade, accroché à ses stylos, compulsif, griffonne des avions
qui font s’envoler nos angoisses.
NOIR CLAIR évoquera aussi les liens entre patients (vivant le noir) et thérapeutes
(déclencheurs de processus) et n’hésitera pas à entrer dans les sphères les plus
personnelles des protagonistes, celles du doute quant à leur propre position
existentielle – d’où la présence aussi de souvenirs d’autrefois, repères troublants
plus qu’éclairants d’un chemin de vie entre le noir et la couleur, de Toulouse-
Lautrec à Cocteau. Les trois volets de NOIR CLAIR seront présentés en parallèle,
suscitant l’oscillation du spectateur entre le noir, le doute et le processus et appelant
au déséquilibre.
Ces trois volets seront développés au cours de trois conférences par trois experts
de l’art sous toutes ses formes, dont Philippe Hurel, compositeur, passionné de
processus virtuels, abstraits, musicaux, et Régis Durand, qui élira au sein de cette
exposition de travaux sur papier quelques photographies de son choix et nous
permettra d’inclure dans NOIR CLAIR non seulement la photographie mais aussi
une réflexion profonde sur l’image, le gris, le noir – réflexion inspirée tout autant de
Fin de partie de Beckett que de la vie elle-même, sans fin.
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Evènements autour de l’exposition
3 conférences ponctueront l’exposition.
Vendredi 14 septembre à 19h
NOIR, Jean-Philippe Rossignol
Jeudi 18 octobre dès 18h
- Light Black, lecture, Régis Durand
- Présentation du livre NOIR CLAIR
- Conférence-musique, Philippe Hurel
Le processus en composition