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dans le cadre du cycle d'expositions NEUTRE INTENSE
Exposition
Arts plastiques
Maison populaire Montreuil

Armando Andrade Tudela, Camion, 2005, Série de diapositives, Courtesy Galerie Carl Freedman (DR)

( ) est le deuxième volet d’un cycle de trois expositions qui entend explorer la possibilité d’un paradoxe : l’intensité du neutre. Cette idée réfère à une série de cours, intitulée Le Neutre, donnée par Roland Barthes au Collège de France en 1978. Aux connotations de « grisaille, de neutralité, d’indifférence » habituellement associées à cette notion, Barthes oppose l’idée d’un neutre pouvant renvoyer à des états « forts, intenses, inouïs. » Appréhendée du point de vue des arts visuels, cette approche peut mettre en lumière une ambivalence, présente dans la pratique de nombreux artistes, entre, d’une part, une réduction formelle ou discursive et, d’autre part, l’intensité, la complexité, la richesse de sens que cette apparente réduction implique. L’exposition ( ) s’articule plus précisément autour de pratiques artistiques qui mettent en scène une confrontation entre un vocabulaire formel apparenté au minimalisme et des éléments extérieurs empruntés aux formes du quotidien, à l’histoire de l’art ou à la culture populaire. L’exposition s’intéresse ainsi à la circulation de formes à travers des contextes hétérogènes, faisant écho à la manière dont Barthes conçoit le neutre sous l’angle de l’hétéroclite : « Nous pourrions dire que le Neutre qui est allégué ici n’est pas du côté du mésos (du moyen, du ni-ni) mais du côté de l’hétéroklitos, de l’irrégulier, de l’imprévisible. » Empruntées au titre d’une oeuvre de Morgan Fisher, les parenthèses vides du titre de l’exposition invitent à une double lecture, entre formes abstraites et signifiants linguistiques, traduisant visuellement cette oscillation entre réduction formelle et pluralité de sens. Plusieurs oeuvres dans l’exposition s’intéressent à l’appropriation de formes abstraites ou géométriques. Le film 16mm de Florian Pumhösl, intitulé OA 1979-3-5-036 (2007), prend ainsi comme point de départ des motifs abstraits extraits d’un livre japonais de la fin du 17ème siècle de design pour kimonos. La série de diapositives Camion (2004) d’Armando Andrade Tudela consiste en une soixantaine de photographies, prises sur les autoroutes au Pérou, de différents camions arborant de larges logos géométriques évoquant autant de compositions abstraites. Enfin, la sculpture L’Atelier (2008) de Raphaël Zarka consiste en une mise en espace du cabinet de lecture de Saint Jérôme tel qu’il a été peint par Antonello da Messina à la Renaissance. L’oeuvre traduit la manière dont Zarka développe sa pratique sous l’angle de l’appropriation et la circulation de formes : « ce qui m’intéresse, c’est de voir comment certaines formes bien particulières s’installent dans des contextes différents. Quand je dis contexte, ça peut être aussi bien spatial que temporel. » Film Cans and Film Boxes (1968) de Morgan Fisher fait partie d’une série de dessins peints à la bombe représentant, de manière schématique, différentes combinaisons entre plusieurs modèles de boîtes de pellicule cinématographique. L’oeuvre associe, selon l’expression de l’artiste, « Warhol et le Minimalisme. » Cette confrontation entre formes minimalistes et formes du quotidien se retrouve dans d’autres oeuvres de l’exposition. Frame of a Window (2007) de Guillaume Leblon consiste en quatre longues lamelles de verre posées à distance contre le mur, jouant avec les courbures crées pour chacune des pièces par le propre poids du matériau. Sa pièce Contact (2000) se présente sous la forme d’une paire de chaussures dont les différentes parties usées ont été compensées par leur moulage en plâtre. La Forêt (2005) d’Evariste Richer est un large poster décoratif, représentant un paysage forestier, dont la base à été découpée et décalée, proposant ainsi un basculement sémantique et perceptif dans la lecture de l’image. Enfin, le livre de Sol LeWitt Cube (1999) a été pensé comme une variation autour d’un objet géométrique unique : la publication se compose de 511 photographies noir et blanc d’un même cube prises en utilisant toutes les combinaisons possibles entre neuf sources de lumière différentes.

Complément d'information

Evénements dans le cadre de l’exposition

Mercredi 9 avril à 20h30 : séance de projection, Films by Morgan Fisher

Mercredi 28 mai à 20h30 : conférence de Raphaël Zarka, Une mécanique des milieux continus : Skateboard, pratiques et répliques d’espaces
Entrées libres

Commissaires d'exposition

Autres artistes présentés

Morgan Fisher
Florian Pumhösl

Partenaires

paris-art

Adresse

Maison populaire 9 bis rue Dombasle 93100 Montreuil France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022