Lauréats de la commande photographique nationale Flux, une société en mouvement
Projet L’épuisement des sols, Ilanit Illouz, Tantale, l’épuisement des sols (Maquette). Héliogravure sur plaque cuivre.
Projet Paradis perdu, Eric Guglielmi, Cameroun, Lomié, Biba II, Juin 2018
Projet Des corps au cœur des flux, Hortense Soichet, Worklog. Itinéraire avec Maximilien, manutentionnaire, Ile de France, Hiver 2018.
Projet Flux Scape, Lionel Bayol-Thémines, Data Landscape / Nature
Projet Sous-sol 1/ Sous-sol 2/ Sous-sol 3, Margaret Dearing, Alpha City 3, 2017-18, tirage lambda contrecollé sur dibond, format 40x50cm.
Projet Ne mourrons pas fatigués… , Bruno Boudjelal, Doumbia / Marseille / 2018
Projet L’Augure de Perrine le Querrec et Mathieu Farcy, L’Augure #1
Projet Nemo dat quod non habet, de Julien Lombardi
Projet Nemo dat quod non habet, de Guillaume Chamahian
Projet Figures mobiles, Aglaé Bory, Abdelrazik A. rue Maurice Genevoix, Le Havre, 2018
Projet Bulles, Nicolas Floc’h, Paysages productifs, Kuroshio, temp 16.9°, pH 7.95, pCO2 521 ppm, Shikine, March 2017, Japan Leg, Tara Pacific.
Projet (Sans titre), Florence Paradeis, La Roue, 2014. Tirage Numérique Prestige Brillant Format : 120 x 90 cm, contrecollé sur aluminium, encadrement ramin et verre.
Projet La rue de Genève de Florent Meng, The crossers, Patriot Movement Rally, Gene C. Reid. Park, Tucson, Az. August, 19, 2018.
Projet Lumières de Sarah Ritter
Projet Les contrebandiers, Marine Lanier, L'Eclipse, 2018, extrait de la série Le Soleil des loups.
Sur une initiative du ministère de la Culture, et à la suite de l’appel à candidatures sur le thème « Flux, une société en mouvement » lancé le 12 juin dernier, par le Centre national des arts plastiques (Cnap) en partenariat avec le CRP/ Centre régional de la photographie Hauts-de-France et Diaphane, pôle photographique en Hauts-de-France, plus de 250 candidatures ont été reçues.
Le jury a retenu les projets de quinze photographes :
Lionel BAYOL-THEMINES, Aglaé BORY, Bruno BOUDJELAL, Guillaume CHAMAHIAN & Julien LOMBARDI, Margaret DEARING, Perrine Le Querrec & Mathieu FARCY, Nicolas FLOC'H, Samuel GRATACAP, Eric GUGLIELMI, Ilanit ILLOUZ, Marine LANIER, Florent MENG, Florence PARADEIS, Sarah RITTER, Hortense SOICHET.
Le jury salue la qualité et la singularité des artistes sélectionnés. La commande photographique nationale est un dispositif indispensable qui permet le soutien à la création mais aussi à des œuvres contemporaines d’intégrer par cette procédure les collections nationales.
Les artistes travailleront sur la commande en 2019. L’ensemble des projets produits dans ce cadre seront présentés à l’automne 2020 au festival les Photaumnales de Beauvais porté par Diaphane pôle photographique en Hauts-de-France et une sélection d’œuvres au CRP/ Centre régional de la photographie Hauts-de-France an mars 2020. Une édition sera publiée à l’occasion de ces deux expositions.
Les œuvres réalisées rejoindront la collection publique du Fonds national d’art contemporain, gérée par le Centre national des arts plastiques.
Projets retenus
Lionel Bayol-Thémines
Diplomé de l’ENSP, Lionel Bayol-Thémines dirige le Forum de l’image à Toulouse de 1998 à 2002, avant de s’installer à Paris en 2004. Résident de la FNAGP, il enseigne la photographie à L’ESADHAR campus de Rouen. Ses travaux ont été présentés, à l’Arthothèque de Caen (Silent Mutation), à la BNF François Mitterand (Paysages Français), au Festival International de Noorderlich (IN VIVO), au Fries Museum Leeuwarden (Simulacrum II) et publiés dans la revue FOAM.
Flux Scape
Le projet Flux Scape a pour ambition de questionner les profondes mutations induites par les nouvelles technologies tant dans la création des images que dans leur mode de diffusion. La véracité de ces nouvelles images, et leur rôle de document voire de preuve de la mutation de notre espace de vie en font aujourd’hui un enjeu sociétal essentiel. Il s’agira d’étudier via Google, les flux de données, et notamment le flux des images documentant les paysages de notre planète et constituant une mémoire des espaces géographiques en mutation.
Aglaé Bory
Après avoir étudié l’Histoire de l’Art à l’université d’Aix-en-Provence et la photographie à l’Ecole Nationale de Photographie d’Arles, Aglaé Bory vit et travaille depuis quinze ans à Paris où, en marge de son travail personnel, elle collabore régulièrement avec la presse et des agences de communications. Le travail d’Aglaé Bory a été présenté dans le cadre de plusieurs festivals en France et à l’étranger (Festival Circulation(s), Photofolies, Bourse du Talent, Voies Off, Quinzaine Photographique Nantaise…) a fait l’objet de différentes expositions individuelles et collectives ( La Conserverie, Galerie du Château d'Eau, Bibliothèque Nationale de France, Les Nuits Photographiques de Pierrevert …). Son travail « Corrélations » a reçu plusieurs distinctions ( KL Photo Awards, Bourse du Talent…) et est entré en 2009 dans le fond photographique de la Bibliothèque Nationale de France. Un livre de ce travail est paru aux Editions Trans Photographic Press en 2011. Aglaé Bory fait partie du corpus de travaux photographiques "France(s) Territoire Liquide" dont un livre a été publié aux éditions du Seuil en 2014.
Figures mobiles
Figures mobiles a pour ambition de documenter les parcours migratoires sur notre territoire. Des hommes et des femmes venus d’ailleurs traversent les paysages et les villes. Ils se déplacent ou sont déplacés, se dirigent vers d’autres zones d’attente et de transit. Leurs errances sont le signe de notre méfiance et de notre échec à les accueillir dignement. Ce travail veut mettre en lumière l’existence de ces exilés, la contingence de leur présence et de leur humanité à travers la construction d’un récit photographique entre documentaire et poésie.
Bruno Boudjelal
Né de la rencontre entre Bruno Boudjelal photographe et habitant du quartier de La Noue-Clos Français avec l’association L’Art est à Noue, ce projet artistique a vu le jour en 2017 sur les communes de Montreuil et Bagnolet. A travers une collecte de photographies personnelles et l’enregistrement de témoignages d’habitants, il s’agit de conserver et de valoriser la mémoire vive d’un quartier riche de sa diversité culturelle, voué à des mutations importantes dans le cadre de projets de rénovation urbaine, puis de le restituer par une installation monumentale et éphémère sur les immeubles du quartier et dans un film documentaire. »
Ne mourrons pas fatigués...
Ce projet porte sur les flux constitués par les parcours des migrants et leurs récits. C’est l’intention d’une histoire, celle de plusieurs migrants dans différents lieux en France (Paris, Les Vans, Clermont-Ferrand, Marseille) Bruno Boudjelal souhaite en rapporter des témoignages photographiques et des récits écrits. Son propos central sera de montrer comment s’exprime pour chacun d’eux la volonté de continuer à vivre et à avancer.
Julien Lombardi
Julien Lombardi est né en 1980. Il appréhende la photographie sous toutes ses formes, qu’il en soit l’auteur ou non, son rapport à ce médium se réinvente dans chacun de ses projets pour explorer nos environnements, nos identités et nos mémoires. Il s’inspire librement de sa formation en anthropologie et des outils d’investigation qu’elle offre pour conduire des enquêtes dont les finalités sont plus sensibles que scientifiques. Sa démarche s’apparente à celle d’un chercheur, il collecte des informations sur des sujets de société tels que le tourisme, le patrimoine ou la construction d’une jeune république puis ils les détournent en offrant une réflexion sur l’image. Ses travaux photographiques ne sont ni témoignages, ni preuves mais plutôt des fictions ouvertes qui questionnent des passés, des présents et des futurs possibles.
Guillaume Chamahian
Guillaume chamahian est né à Marseille en 1975. C’est un artiste autodictacte. Urbanisme no-limit en Chine, disruption façon Stiegler, génocide Khmer, disparition de l’homme et de dieu… En quinze ans d’écriture photographique apatride, Guillaume Chamahian a exploré le devenir humain, dans ses plis les plus sombres. Aujourd’hui, dans la continuité de son travail sur la violence, les conflits et comment sont-ils traités médiatiquement, l’artiste se penche sur les médias de masses, interroge les cadres de l’information, capture des résonnances historiques inattendues et détourne les contenus. Emprise du journalisme, guerres médiatiques, mécanismes de pouvoir… Ces récents travaux – sur le conflit syrien entre autres – dessinent d’étonnantes résonances avec la pensée situationniste : « Le vrai est un moment du faux, ce motto de Debord n’a jamais quitté mon esprit. »
Nemo dat quod non habet
Les objets d’art qui peuplent nos musées racontent notre humanité, ils sont les témoins des flux temporels et spatiaux qui ont construit nos sociétés contemporaines. Immobiles pendant des siècles, ils apparaissent désormais comme de puissants agents pour repenser l’autre et notre passé colonial. La question brulante de leurs restitutions est un contre-flux à construire. C’est ce que ce travail interroge en mêlant documentaire et fiction pour les remettre en mouvement vers d’autres avenirs.
Margaret Dearing
Née en 1979, Margaret Dearing vit et travaille à Paris. Diplômée de l’Ecole nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy en 2001, puis de l’École nationale supérieure de la photographie, à Arles, en 2004, elle compose des ensembles de photographies autour de questions liées à l’architecture, l’urbanisme, au paysage – l’organisation des espaces et des circulations, les relations formelles, temporelles entre les espaces construits ou naturels, les traces de l’entropie, la difficulté à habiter un lieu. Son travail de prise de vue et d’accrochage, sous-tendu par l’idée de traduire une étendue, un flux, un continuum, confère un caractère d’immuabilité, de pérennité à ces petits riens, ce quotidien a priori plutôt dérisoire et transitoire.
Sous-sol 1 / Sous-sol 2 / Sous-sol 3
Sous-sol 1/ Sous-sol 2/ Sous-sol 3 représentera les espaces destinés aux flux de transport qui permettent d’accéder au quartier d’affaires de Paris La Défense, situés sous sa dalle. Plaçant les immeubles de grande hauteur hors-champ, le photographe s'intéressera à la stratification fonctionnelle de ces lieux souterrains, en représentant les flux de véhicules et d’usagers qui les traversent, ainsi que les personnes qui y travaillent. Cette séquence photographique évoquera les rapports de force présents dans nos sociétés contemporaines que révèlent ces espaces.
Perrine Le Querrec
Perrine Le Querrec est née à Paris en 1968. Après un BTS d’édition à l’Asfored, une licence de lettres modernes et une maîtrise d’histoire de l’art à l’université Paris I, elle s’établit comme recherchiste indépendante. Ses rencontres avec de nombreux artistes nourrissent sa propre création littéraire et pluridisciplinaire, comme sa fréquentation assidue des archives de toute nature. Elle publie son premier roman, Coups de ciseaux, en 2007, mais ce sont surtout son deuxième, Jeanne l’Étang, et son troisième, Le plancher, tous deux publiés en 2013, qui rendent le mieux compte de son ancrage profond dans la recherche documentaire (archives d’hôpitaux psychiatriques en l’espèce). En septembre 2016, elle est lauréate du Prix du Premier recueil de Poésie de la Fondation Antoine et Marie-Hélène Labbé pour son recueil «La Patagonie». Elle a été la marraine de la première saison de la Factorie, maison de Poésie en Normandie, en 2015-2016. Trois de ses livres : Bec & Ongles, Le prénom a été modifié, Ruines, ont été mis en scène et joués en Suisse et à Paris.
Mathieu Farcy
Photographe après avoir été éducateur spécialisé, l'intérêt pour la parole d’autrui et sa place dans le monde a continué à traverser la pratique photographique de Mathieu Farcy. Ses travaux s’inscrivent dans une réflexion autour du développement de documentaires horizontaux, dans lesquels les participants ont autant de responsabilité dans la création que lui.
L’augure
Avec l’Augure, les artistes proposent un arrêt du flux par l’étude de ses trois composantes : l’origine, le trajet et la destination.
L’augure, dans la Rome antique, était le prêtre dont la charge était d’observer le vol des oiseaux afin d’en tirer des présages pour la conduite des affaires publiques. Briser la dictature du flux, c’est prendre le temps de réfléchir, de s’extraire de ce courant où nous sommes emportés, souvent noyés. L’Augure prendra la forme de triptyques composés d’une image d’archive, d’un texte de Perrine et d’une photographie de Mathieu.
Nicolas Floc’h
Photographe et plasticien né en 1970 à Rennes. Ses installations, photographies, films, sculptures ou encore performances questionnent une époque de transition où les flux, la disparition et la régénération tiennent une place essentielle. Depuis une dizaine d’années, un travail centré sur la représentation des habitats et du milieu sous-marin a donné lieu à une production photographique documentaire liée aux changements globaux et à la définition de la notion de paysage sous-marin. Une monographie, Glaz, parait en 2018 chez Roma Publications à Amsterdam.
Bulles
Le projet Bulles propose de documenter 3 sites sous-marins acides en méditerranée. Zones laboratoires des milieux acides que nous trouverons avant la fin du siècle dans les océans. Les masses d’eau, les grands courants marins déterminent le climat global. Les flux humains et leur demande croissante en énergie impactent les masses d’air, vents chargés de chaleur et de CO2. La pompe à carbone que constitue l’océan est déréglée, une des conséquences est l’acidification des océans qui rend l’habitat principal, la masse d’eau, incompatible avec de nombreux organismes marins. Les habitats et les paysages s’en trouvent modifiés, la biodiversité réduite, la couleur de l’eau changée... Pour bulles, Nicolas Floc'h travaillera sur la représentation de ces flux invisibles et déterminants.
Samuel Gratacap
Né en 1982, Samuel Gratacap est diplômé de l’école supérieure des beaux-arts de Marseille (2010). Curieux de la réalité cachée par les chiffres de l’immigration, il pousse les portes du centre de rétention administrative de Marseille en 2007. Il découvre un espace transitoire, le « 15-15 » pour reprendre l’expression d’un homme alors rencontré dans un parloir : « Quinze jours d’enfermement, quinze minutes de jugement ». Samuel Gratacap photographie des hommes en quête d’avenir, en quête de ce qu’ils appellent « la chance ». Il recueille aussi des témoignages qui le conduiront en 2010 à Lampedusa (Italie). Une manière de chemin à l’envers. Là encore, c’est le versant « honteux » de l’île italienne que le photographe s’efforce de révéler. Ébranlés par le sort des naufragés, des habitants y rassemblent des objets échoués. À partir de ces documents trouvés, le photographe bâtit un récit subjectif qui le mènera toujours plus loin, à Zarzis, ville portuaire du Sud tunisien, puis au camp de Choucha, à quelques kilomètres de la frontière libyenne. À l’été 2013, lorsque les organisations internationales ferment officiellement le camp, les migrants n’ayant pas réussi à obtenir le statut de réfugié prennent le chemin de la Libye. Le photographe rejoint alors Tripoli, où il poursuit son travail sur les lieux d’enfermement et les zones d’attente des travailleurs journaliers.
Bilateral
« Un peu à la manière d’une enquête, l’idée sera de me déplacer dans des zones liées au passage des travailleurs exilés dans le sud de l’Italie (les Pouilles, la Calabre, la Sicile), et de suivre des parcours précis en fonction des récoltes et des saisons. Faire le chemin jusqu’en France.
La seconde étape sera de faire le lien avec celles et ceux qui restent et qui deviennent spectateurs d’une tragédie, d’un passage : les habitants, la société civile. Cela signifie, visuellement, des portraits en situation : les travailleurs agricoles, les habitants, les manifestants… mais aussi un travail sur le paysage-limite, d’un côté et de l’autre de la frontière, celle qui sépare et unit tour à tour. C’est en ce sens que j’ai débuté mon travail à Foggia (Pouilles, Italie) et dans la région de Briançon (France).
Comment le photographe peut-il recentrer son regard sur des destins individuels, dans le contexte d’un flux d’images qui finit par diluer les problématiques contemporaines et par en faire une forme d’abstraction. Quelles alternatives puis-je proposer face à l’image « choc », celle portée par l’impératif d’actualité, d’efficacité? Quelles alternatives face à des attitudes médiatiques qui nous détournent de toute forme d’action et ont tendance à nous rendre impassible face aux bouleversements du monde ? Tels sont les questionnements qui me guident pour penser un travail qui veut remettre l’individu au centre, et porter un regard réflexif et informé sur une problématique contemporaine ».
Éric Guglielmi
Éric Guglielmi est né en 1970 à Charleville-Mézières. Il vit et travaille à Paris. Entre 1990 et 2000, Éric Gugliemi partage son temps entre l’Amérique latine et l’Afrique. En 2007, il publie Touba, voyage au cœur d’un islam Nègre (Éd. Alternatives). En 2011, il publie Je suis un piéton rien de plus (Éd. Gang) en suivant les correspondances de Rimbaud. En 2015, il publie What Happens, s’intéressant aux problématiques des accords transfrontaliers. Éric Guglielmi s’appuie sur une démarche organisée autour de la marche, l’attente et de l’observation. Ses photographies donnent à voir un ailleurs palpable et oppressant, rendant accessible au spectateur ce léger décalage, cette vision de biais qui permet de voir différemment, de voir mieux. Sa connaissance approfondie des réalités sociales et politiques lui permet de se tenir dans une posture attentive et vigilante face au réel et ses incohérences. Son art interroge frontalement les angles morts de l’attention médiatique. Il juxtapose et croise les points de vue – Bangladesh, Mali, Ukraine. – et présente d’autres constructions du monde. Il prend le contre-pied de la pratique du reportage, privilégiant, contre le dogme de « l’instant décisif », « une lenteur du regard ».
Paradis perdu
« C’est dans la nature sauvage que réside la préservation du monde... », Henry David Thoreau
La forêt du bassin du Congo comprend six pays : Le Cameroun, la RDC, le Congo, la République centrafricaine (RCA), le Gabon et la Guinée Équatoriale. Le continent Africain est le plus touché par le réchauffement climatique, pourtant la forêt tropicale du bassin du Congo est le deuxième poumon vert de la terre (250 millions d’hectares). Cette forêt tropicale est au cœur des enjeux écologique et de la conservation des biodiversités mondiales. Il y a 100 ans, (à l’âge d’or de la pratique du tirage platine-palladium!) environ 12% de la surface terrestre étaient couverts par des forêts tropicales. Aujourd’hui, ce ne sont plus que 4 à 6%.
Ilanit Illouz
Son travail singulier sur l’image est traversé par la question du récit, toujours appréhendé par le biais du hors champ ou de l’ellipse. En filmant des artistes au travail ou en reconstituant les souvenirs enfouis d’une histoire fami¬liale, elle met en forme et en scène des narrations éclatées et étirées dans le temps. Son travail tente de renouveler la relation à la photographie à l’aune d’un nouveau régime des images. En quoi le processus photographique n’est pas uniquement la reproduction d’un réel, mais aussi l’image d’une réalité tangible. Ses réflexions se déploient dans un langage plastique et formel ouvert à l’interdisciplinarité des médiums. Elle se considère comme une artiste-chercheuse, sa démarche alliant travail d’archiviste, d’arpenteuse et de labo-rantine. Elle expérimente actuellement de nouveaux procédés techniques qui s’emploient à la dégradation de l’image autant qu’à sa révélation. En croisant ces approches théoriques, géographiques et plastiques, elle développe une ré¬flexion sur l’histoire sociale, politique et économique, sur la trace et la disparition, sur la manière dont les flux migra¬toires et commerciaux altèrent les territoires et la perception qu’on en a.
L’épuisement des sols
L’épuisement des sols, est un projet photographique ou Ilanit Illouz envisage de travailler autour de différents minérais, et plus particulièrement, autour des métaux stratégiques. Le minéral est la ressource par définition, il est, de tout temps, objet de quêtes et source de conflits. En parallèle, le photographe travaillera avec un danseur afin de réaliser une grammaire de gestes liés à notre quotidien, en photographiant une série de mains en action représentant des amorces de mouvements en relation avec ces objets : une association mentale entre l’inertie de ces matériaux bruts et la volatilité de gestes liés à notre environnement technologique. Ensuite je réaliserai une dérive textuelle, évoquant l’épuisement des ressources lié à la notion de progrès, à la surconsommation. L’ensemble des photographies et du texte réalisé sera produit en héliogravure sous forme de diptyques, gravés dans la plaque de cuivre. Ilanit Illouz gardera la matrice mettant ainsi en relation la thématique des minerais avec le support de l’oeuvre.
Marine Lanier
Née à Valence en 1981, Marine Lanier vit et travaille à Crest et Lyon. Elle est représentée par la Galerie Jörg Brockmann (Genève). Diplômée de l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles en 2007, elle expose régulièrement son travail en France et à l’étranger (Chine, État-Unis, Australie, Canada, Portugal, Espagne, Grèce, Belgique, Pays-Bas, Royaume-Unis, Allemagne). Son travail est publié aux éditions Poursuite (Arles).
Les contrebandiers
« J’approcherai la figure marginale du contrebandier, à la fois mythique, controversée, vectrice d’imaginaire, de légendes, catalyseur d’interrogations liées aux peurs et aux rêves que véhicule le passage d’une frontière. Le contrebandier est l’image du hors-la-loi, du clandestin, de la marge —Il évoque aussi la possibilité d’un ailleurs — nous renvoie au secret, au danger, au crime, à l’Eldorado — dans le même temps au visible et à l’invisible, à l’idée de métamorphose, de liberté, de prise de risques. Entre fascination et répulsion, cet anti-héros condense les notions ambivalentes du Bien et du Mal. Le Contrebandier est mouvement, aller-retour, allure, relief, trajectoire. Mes images seront à la fois engagées, oniriques et poétiques. Elles ne résoudront rien. Elles ouvriront des pistes, des chemins de traverses, des portes dérobées ».
Florent Meng
Né en 1982, diplômé de l’École des Beaux-Arts de Paris et du programme Workmaster de la HEAD – Genève. Il travaille à Annemasse en Haute-Savoie. Photographe de formation, Florent Meng a recours tant à la série photographique qu’au film, à la fiction qu’au documentaire pour explorer la façon dont le territoire peut agir sur les comportements des communautés et comment les attitudes, les coutumes peuvent à leur tour forger l’identité d’un territoire et d’un peuple.
La rue de Genève
La rue de Genève est un ruban à peu près droit tendu entre le centre d’Annemasse et l’entrée de la Suisse. Bientôt elle laissera passer un tram la reliant à Genève. Bientôt il existera une vraie région lémanique. Restera à lui donner une structure politique. Cette rue est l’une de celles, nombreuses qui partant de France sont comme des becs verseurs allongés amenant à la capitale lémanique l’énergie : 50 000 frontaliers et 20 % de son PIB. À l’heure des désillusions européennes, ils sont plus nombreux à aller travailler en Suisse. Si l'effet du travail transfrontalier reste mineur au niveau macroéconomique, il a progressivement bouleversé le paysage et les économies locales. Cela pourrait faire un dessin en oursin, mais difficile d’exprimer la réciprocité des flèches, or ces flux écrivent une histoire récente pleine de contre-courant. L’automne dernier, avec l’arrivé du gouvernement Macron, la chambre de commerce et d'industrie France-Suisse, organisait à Genève une conférence intitulée "La France : une destination attractive pour vos affaires !". En réponse la Suisse a mis en place la “préférence indigène” pour réduire le travail frontalier. La rue de Genève offre un gabarit irrégulier ; le long de cet axe qui s’étend sous le même nom, des deux côtés de la frontière, il s’agit de documenter comment deux modèles de sociétés cohabitent et d’interroger l’existence d’identités frontalières.
Florence Paradeis
Plasticienne, ma pratique se développe depuis le milieu des années 1980 avec pour médium privilégié la photographie. Le travail, représenté à Paris par la galerie in situ Fabienne Leclerc, consiste essentiellement en des mises en scènes. Il a fait l’objet d’expositions en France et à l’étranger. Cette commande constituerait l’opportunité de développer une orientation nouvelle en adéquation avec mes aspirations. Il s’agirait d’un ensemble d’une vingtaine de photographies : des natures mortes en studio et des mises en scène en intérieur et en extérieur dont l’articulation évoquera le flux.
Le projet
« C’est une composition en grille qui s’impose d’emblée. Ce qui me semble paradoxal pour interroger le mouvement, qui plus est, au sein d’une pratique photographique où la suspension du flux temporel joue un rôle central. Mais, après réflexion, c’est sur cette ambivalence de la grille, à la fois centrifuge et centripète que je compte pour répondre plastiquement à une interrogation sur la « notion plurielle » du flux et suggérer une société ni imperméable ni perméable au mouvement mais plutôt hésitante face à certains changements ».
Sarah RITTER
« Dans ma pratique, je m’efforce, toujours, de revenir et de m’appuyer sur cette nature instable et «métamorphique» des images, comme l’écrit Rancière. Il ne s’agit pas tant de faire une photographie, que de monter des images entre elles – de produire une fiction possible – et de laisser en suspens la question du représenté, du référent, du discours ou du récit qui devrait présider au rassemblement des images. Dans le champ de la photographie, on est souvent sommé de dire de quoi «parlent» les images, injonction à laquelle je résiste. Le «terrain» est à la fois extrêmement présent (par le temps passé, les rencontres, les sillonements en tous sens) et non défini, non nommé par les images. Les photographies ne nomment pas, elles fragmentent, démembrent, pour réassembler en une « série » toujours déjà défaite par l’impossible exhaustivité des images. Je tente de laisser l’éclosion du mouvement propre aux images en mouvement, par un travail de montage ouvert, où l’éllipse est la règle.
Les photographies appellent le récit tout en empêchant sa clôture, elles attisent le regard tout en ne donnant pas la clé de cette tension. Au cœur de cette intention aveugle, le montage des images entre elles comme un chœur, équivocité affirmée. Chaque projet est l’occasion pour moi de penser les supports et les formats des photographies en fonction des lieux et des contextes (projection, affiche, tirage encadré, etc) ».
Lumières
La circulation des données est une des pierres angulaires de notre époque contemporaine. Un des « éléments » qui permet cette circulation est la lumière, via notamment la fibre optique. La France est un grand fabricant et investit massivement dans sa production et l’innovation dans le domaine.
Il s’agit de tenter une exploration et une mise en tension entre deux espaces très distincts et pourtant indissolublement liés, le.s laboratoire.s et l’usine.
Hortense Soichet
Photographe auteure née en 1982, membre du Studio Hans Lucas et docteure en esthétique, je mène un travail sur la représentation des territoires et des modes de vie. En empruntant aux sciences humaines et sociales leurs méthodologies, je mets en place des projets inscrits dans des territoires précis au sein desquels je travaille à la co-construction d’une image : avec les habitants et acteurs des territoires dans le cadre de projets sur l’habiter, avec les co-auteurs dans le cadre de projets collaboratifs et interdisciplinaires et à partir d’images existantes dans certains cas. Fondés sur la rencontre, ces projets allient souvent l’image fixe ou en mouvement au son ou au texte. Mon travail est publié aux éditions Créaphis.
Des corps au cœur des flux
« Depuis le printemps 2016, je travaille sur les mondes ouvriers de la logistique dans le cadre d’une recherche académique pluridisciplinaire (ANR WORKLOG). Cette recherche vise à interroger la spécificité de ce secteur d’activité et la manière dont les règles qui le régissent ont un impact sur les modes de vie des ouvriers qui y travaillent. Dans la cadre de la commande publique sur le flux, Je souhaite m’intéresser plus particulièrement aux conditions de travail des ouvriers de plateformes de logistiques gérant les flux de marchandises. Je voudrais notamment observer les gestes des employés, le niveau d’automatisation des entrepôts, le rapport du corps à la machine, aux outils et la place de leur corps dans ces espaces surdimensionnées. Pour ce faire, je rentrerai dans plusieurs entrepôts différents et réaliserai un travail d’entretien et de prise de vue avec les employés ».