Alexander Kluge, Idéologies : des nouvelles de l'Antiquité

Projet soutenu par le Cnap
Parution
Arts plastiques
Centre Pompidou Paris 04


« Idéologies : des nouvelles de l’Antiquité » : 128 pages d’entretiens, d’images, d’histoires et de « cartons » (comme dans le cinéma muet) extraits du film du réalisateur Alexander Kluge « Nachrichten aus der ideologischen Antike » (littéralement : « Nouvelles de l’Antiquité idéologique », 570 minutes, 2008.) Objet du film : ériger une stèle au projet qu’Eisenstein avait eu, en 1928-1929, de porter à l’écran Le Capital de Karl Marx. La crise de 1929 s’est invitée dans ce projet, peut-être en a-t-elle eu raison. Alexander Kluge s’interroge sur le rôle fantomatique des circonstances dans la construction mentale d’Eisenstein : « Même les commencements d’Eisenstein m’intéressent. Ce réalisateur hardi et entêté ne se contentait pas de vouloir « cinéfier » Le Capital, il projetait de renverser le cinéma en général et d’en fonder un autre. Ses propositions de « constellations visuelles », cette manière qu’il a de poursuivre le montage au-delà de ce qu’il atteint dans ses films, y intégrant réflexions et écrits, le recours aux séries et l’usage des demi-tons, des harmoniques, bref : la modernité d’Eisenstein est pertinente à notre époque, et pas seulement pour porter à l’écran Le Capital. » La profusion des entrées et des techniques, combinée à la force centripète du « sous-texte » invoqué par Alexander Kluge, font peut-être de ses « Nouvelles de l’Antiquité » le « livre sphérique » rêvé par Eisenstein. 

Alexander Kluge est né en 1932 à Halberstadt, une ville que les Alliés bombardent (par erreur) en avril 1945. Après des études de droit, il devient le conseil juridique de l’Institut für Sozialforschung de Francfort et le secrétaire d’Adorno – par l’intermédiaire de qui il travaillera comme assistant de Fritz Lang sur le tournage du Tombeau hindou. Son premier long récit « Stalingrad : description d’une bataille » est publié en Allemagne en 1964 ; son premier court-métrage est projeté en 1960. Il obtient le Lion d’Or en 1966 à Venise pour Abschied von Gestern (en français : Anita G.). En 1962 paraît le Manifeste d’Oberhausen, qui fonde le « cinéma d’auteur » en Allemagne. Kluge en est le principal artisan. « Cinéma d’auteur » : l’étiquette d’un système dont il deviendra l’adversaire dans les années quatre-vingt. Ecrivain prolifique (de courts textes narratifs et d’essais), cinéaste et producteur d’émissions télévisées, Alexander Kluge travaille à la désauteurisation de son œuvre, périodiquement écrite et réalisée en collaboration. On se souvient en France de L’Allemagne en automne (1978 : avec, entre autres, Fassbinder, Schlöndorff, Margarethe von Trotta…) 

Cet ouvrage a bénéficié de l'aide à l'édition du CNAP.

Adresse

Centre Pompidou 19 rue Beaubourg 75004 Paris 04 France
Dernière mise à jour le 25 juin 2021