Nicolas d'Olce

La trame du monde
Exposition
Arts plastiques

Vue de la trame du monde de Nicolas d'Olce

On est sans doute devant une immensité, celle où se trouve l’artiste quand il commence un dessin, celle où l’imaginaire fout le vertige comme les mots d’un secret inavouable.La trame du monde, de Nicolas d’OLCE, est une griffure monumentale, une cicatrice sans fin dans le vernis noir d’un plexiglas vierge.Du sol au plafond, loin, perdu dans l’espace, l’artiste a gravé à coups de machines électriques le fil conducteur de ses visions fugitives. La puissance du moteur et les vibrations de la mèche qui creuse la matière ; c’est ce qu’il lui faut pour contrarier l’assurance de la main du dessinateur. La nécessité absolue, c’est l’incident permanent, comme une rupture d’anévrisme à répétition pour se retrouver seul dans un paysage que l’on ne voit pas.On garde les yeux ouverts et l’on finit par découvrir une ligne bleue. Des points bleus aussi. Et puis une multitude de lignes qui se chevauchent. Certaines sont droites et verticales comme les fanons d’une baleine. Les autres sont flottantes, excitées tous azimuts et vont jusqu’à recouvrir en un point culminant le noir du vide qu’elles traversent. C’est à cet instant précis que l’œuvre prend toute sa densité au sommet de l’angle d’un mur.Là, il y a trop de signes, trop de lignes, trop de points, trop de sursauts ; à l’image d’un monde totalement saturé d’incidents, on commence à se sentir humain et piégé.Nous sommes prisonniers, acculés, plantés devant un coin de plexiglas à écouter le jargon délirant de ce tableau immense et sans bornes. La trame du monde s’entend. Elle résonne. Elle souffle. Elle nous dit ce que nous émettons à outrance, follement, nous les vivants. Des messages orphelins sans amour, des ondes, des réseaux déversés sans pudeur dans l’invisible, le néant.De l’autre côté de l’orage, sur un autre mur, comme un souvenir laissé dans le sol de son imaginaire, l’artiste nous livre un répertoire en noir et blanc des trames qui constituent les mots de son dessin. Version inanimée des signes et lignes dissimulés dans le creux de son cerveau, avant que sa main en perdition ne se mette à l’œuvre.

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Dernière mise à jour le 2 mars 2020