Nicola L

Exposition
Arts plastiques
Galerie Patricia Dorfmann Paris 04
Nicola L. vit à New York depuis 1980. Elle se consacre à différentes formes artistiques comme la performance, l’écriture et le cinéma. A la fin des années 50, elle rejoint l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris pour apprendre l'architecture mais s'intéresse à la peinture, puis y renonce vers 1963- 64, époque à laquelle elle commence les «Pénétrables», ainsi appelés par Pierre Restany en 1968 - toiles montées sur châssis, dans lesquelles nous pouvons pénétrer à travers 5 orifices munis de manchons (pour les 4 membres et la tête). Les «Pénétrables» invitent à entrer dans le tableau. Dès 1965, Nicola L. entame un «voyage au bout de la peau» et le prolonge aujourd’hui avec la série de ses derniers «Pénétrables» et de ses « objets-design ».

Complément d'information

Nicola L

Nicola L. vit à New York depuis 1980. Elle est devenue ce qu'elle dit d'elle-même «a New Yorker with a French accent».
Elle se consacre à différentes formes artistiques comme la performance, l’écriture et le cinéma.

A la fin des années 50, elle rejoint l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris pour apprendre l'architecture mais c’est à la peinture qu'elle s'intéresse et c'est à la peinture qu'elle renonce vers 1963- 64, époque à laquelle elle commence les «Pénétrables», ainsi appelés par Pierre Restany en 1968. Toiles montées sur châssis, dans lesquelles nous pouvons pénétrer à travers 5 orifices munis de manchons (pour les 4 membres et la tête), elles représentent la plupart du temps l'univers : le Soleil, la Terre, la Mer, l'Air.
Les «Pénétrables» invitent à entrer dans le tableau.

Certains artistes désirent que l’on puisse communier à l’intérieur même de leur oeuvre (Yves Klein, E.Kienholz, Niki de Saint Phalle). Lorsque Fontana lacère sa toile, il provoque un accident spatial dans le cadre du tableau. Lorsque Nicola L. ressent le désir de crever la toile, il ne s’agit plus d’un accident mais d’une volonté de pénétrer dans un autre monde et d’habiter une autre peau.

Dès 1965, Nicola L. entame un «voyage au bout de la peau» et le prolonge aujourd’hui avec la série de ses derniers «Pénétrables» et de ses « objets-design ».

Un long voyage au bout de la peau par Pierre Restany Bruxelles, 1968.
La sagesse populaire dissocie radicalement le contenu du contenant : «on est bien dans sa peau» - «je ne voudrais pas être dans sa peau». Ainsi se délimite le territoire humain par excellence. La peau incarne la frontière physique d’une psychologie, d’un sentiment, d’une sensibilité : le moi est dans le sac. Il est des moments où le sac est une prison. Qui n’a jamais eu envie de sortir de soi-même ? La nature voue certains mollusques à la quête incessante du coquillage protecteur : la cuirasse des autres. Nicola nous offre une peau seconde, lisse et imperméable.
En apparence comme en réalité, plastique dans tous les sens du terme.
Dressées sur des châssis, appendices de la toile tendue, des panoplies de manchons, de jambières et de bonnets aveugles nous invitent au voyage. Un voyage qui est un rite organique de pénétration et d’osmose. Cette peau synthétique, la peau de tous et la peau de personne, recueille en ses plis la chaleur de la chair : après la rétraction elle garde un instant l’empreinte de la présence passée, la trace immédiate de son absence. Pénétration de l’intérieur, retour à la matrice-mère, le pénis et la vulve, le doigt et le gant : nous remontons d’emblée à la source de la vie, dans l’univers organique de toutes les renaissances. Cette introspection tactile du corps conduit tout naturellement à l’analyse de détail. En d’autres termes à la dissection anatomique. Cette étape logique, Nicola n’a pas manqué de la franchir. Une Vénus cyclopéenne est découpée en X morceaux de plastique rembourré : fraise écrasée est la couleur du tas d’abattis. Dissection et agrandissement objectivement chaque partie du corps. Landru se domestique : la main géante devient un meuble, coussin-pieuvre tentaculaire ; le pied de Gargantua est une méridienne. Ni les objets mous d’Oldenburg, ni les sculptures abstraites d’Arnal, qui ont recours aux mêmes matériaux, n’atteignent à cette intensité organique dans la communication directe. La vision de Nicola n’emprunte rien au folklore de la nature moderne. Elle n’échafaude aucune structure imaginaire. Elle taille dans la chair vive de nos sens. Elle nous invite à vivre, comme elle, au bout de notre peau. La démarche de Nicola nous émeut parce qu’elle nous concerne intimement. Cette femme étrangère à tous en apparence, et d’abord à elle-même, réhabilite à nos yeux la sensualité de l’épiderme. Il n’est pas vrai que les apparences sont trompeuses : elles sont la peau des choses, et elles sont là, voilà tout ! Il faut les pénétrer pour les vivre, et la vie n’est que ça. L’oeuvre de Nicola apparaît comme une « leçon de choses » pour adultes sensibles et consentants. L’épreuve est singulièrement enrichissante : la peau a trouvé là son langage tactile, sa gestualité souple, son expressivité générale.

Autres artistes présentés

Nicola L

Horaires

mardi-samedi de 14h à 19h

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Galerie Patricia Dorfmann 61 rue de la Verrerie 75004 Paris 04 France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020