Souvenir d'une Aura

Exposition
Arts plastiques
Galerie PACT Paris 03
Jean Nipon, Dead By Dawn, 2020, Colored pencils on Strathmore 500 Bristol Paper, white painted mahogany frame, museum glass, 51,5 x 51,5 x 4 cm - 20.3 x 20.3 x 1.5 in.

Jean Nipon (né en 1977, vit et travaille à Paris) est un artiste français diplômé des Beaux-Arts de Bordeaux en 2000. Après une carrière de musicien l’ayant rendu célèbre sur la scène musicale internationale, il se dédie exclusivement au dessin et bénéficie à la Galerie PACT de sa première exposition personnelle.

Influencé par les maîtres de la peinture ancienne tels que Piero della Francesca, Nicolas Poussin, Georges De La Tour ou encore Ingres, Jean Nipon portraiture des personnages contemporains au moyen de crayons de couleurs rarissimes qu’il chine à travers le monde. Dans ce mélange mémoriel, on devine dans ses dessins une chambre de Balthus, une commode de Vermeer ou une jarre de Velázquez.

Des milliers d’années après l’invention du dessin, il y a toujours ce besoin chez l’Homme de regarder des images de lui-même et du monde qui l’entoure -en atteste la folie virale des images construites et diffusées sur les réseaux sociaux.

Ce désir inexpliqué demeure inchangé pour une seule raison qui perdure : l’aura. C’est elle qui fait durer une œuvre, indépendamment du sujet et du style, c’est cette énergie première qui nourrit et éclaire l’œuvre. Cette quête d’une vérité archaïque est au cœur de la pratique picturale de l’artiste.

Il faut redéfinir d’emblée le mot « archaïsme » qui ici ne doit pas être mal interprété. Il n’évoque pas une technique rudimentaire, basique, ni un art mal dégrossi et perfectible, mais au contraire, l’émergence de la vérité nue, l’essence de l’être découvert sans impuretés. Ce « néo archaïsme » à l’œuvre chez Jean Nipon veut essayer de déterrer l’aura, la retrouver et la présenter sans détour sur le papier. C’est cette recherche première, l’essence fondatrice non basée sur les préférences stylistiques, mais sur une ontologie globale perdurant jusqu’à nous, qui anime le travail de Jean Nipon.

Ce « néo » n’est pas un énième « -isme » ajouté naïvement ou avec prétention à la liste des courants qui ont participé de la grande histoire de l’art. Il s’agit davantage d’une jonction entre les échos du passé et les anticipations d’un futur incertain, marqué par un excitant déclin de l’Occident. Ce « néo » cherche à remettre le caractère immuable et fascinant de l’humain au centre de l’attention, à préserver l’identité de ce qui fait l’Homme tout en réinterprétant ses archétypes. Oscillant entre désir de sauvegarde et nécessité de progrès, cette lutte temporelle à l’œuvre dans les travaux de Nipon se traduit par un traitement esthétique particulier parfois rêche et strict. Les images conçues tentent ainsi d’obtenir l’ascèse nécessaire pour converser avec les maîtres anciens et enfin viser l’aura véritable, l’essence spirituelle dans son éternité. 

Le choix du crayon de couleur, médium le plus ingrat et laborieux pour évoquer la peinture, ne tente en rien de l’égaler ou de la surpasser. Il impose simplement de longues heures de bataille entre la pensée et la main de l’artiste, une souffrance nécessaire pour arriver au suc figuratif : distiller au maximum les éléments de l’image achevée. Cette technique fastidieuse vise à créer des « croquis » de peinture, des « à peu près » d’images rêvées, des dessins comme souvenirs de la peinture. Le travail de Jean Nipon pourrait dès-lors être perçu comme une étude archéologique de l’art, qui mettrait en avant une volonté de conserver l’émerveillement au monde, de décrire inlassablement sensations et formes premières, pour enfin trouver les sources de cette Aura qui nous précède éternellement.

« Nature is a Haunted House – but Art a House that tries to be haunted”

Emily Dickinson

Artistes

Adresse

Galerie PACT 70 rue des Gravilliers 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 16 novembre 2022