MIGUEL Martin

"Murs vifs"
Exposition
Arts plastiques
Galerie Depardieu - 06300 Nice
Miguel Martin est né en 1947 à Nice. A vingt ans, à sa sortie de l’école d’art, l’environnement immédiat est celui des Nouveaux Réalistes et de Fluxus. Il est particulièrement sensible à l’œuvre de Yves Klein. La question du moment, avec notamment, Simon Hantaï et le Groupe BMPT, est de reconsidérer la peinture et ses constituants et en élaborer un sens nouveau. Il s’associe à Isnard, Chacallis, Charvolen et Maccaferri pour former le Groupe70 (créé début 1970) parallèlement au groupe Support-Surface. Ce travail, qui interroge, depuis son origine la relation entre espace plastique et espace physique, s’est particulièrement concrétisé depuis 1986 par la mise en œuvre simultanée du béton et de la couleur ; il creuse systématiquement la question entre peinture et mur. « L’art de Miguel est un art du bâti, un art qui dit (ne cache pas) le projet, le travail et la construction ; un art qui se concrétise dans des fragments de mur mobile, en (re)construction ou en (re)naissance qui ont pris la place des tableaux. Dans cette construction, le rôle de la couleur est singulier : selon les périodes, la jubilation colorée alterne avec l’emploi de noirs denses, bitumeux, souvent mêlés de suies- auxquels les agrégats du béton – ils vont des graviers aux granulats polymères, aux tissus, copeaux, sciures et cendres- donnent des aspects, des densités et des effets sans limites. Dans tous les cas, ces éléments qui contribuent à construire le mur définissent, en même temps, les réserves et les pertes dans les murs qu’ils construisent. Ces trouées et ces pertes, plus ou moins importantes, ne sont pas creusées après coup dans le béton sec : elles sont le produit d’une procédure de construction. » (2007"L’art fait le mur" Raphaël Monticelli) « Naturellement les artistes en ont profité. Seurat s’est mis à peindre aussi le cadre. Mais alors où s’arrêter ? Pourquoi ne pas déborder sur le mur à côté ? On avait cru que le cadre était là pour protéger la peinture des agressions extérieures. On s’apercevait qu’il servait aussi, un peu comme le mur de Berlin, à la contenir dans ses frontières, à l’empêcher de se répandre, de s’évader, à protéger notre logis de l’envahissante peinture. » (2007 "Pile ou face » à propos de Martin Miguel, Michel Butor) EXTRAITS D’UN ENTRETIEN ENTRE MICHEL BUTOR ET MARTIN MIGUEL Michel Butor : J’aimerais bien que vous nous parliez du béton, parce que ce n’est pas n’importe quel béton, c’est un béton avec toutes sortes de cuisines dedans, ça garde l’allure du béton, mais ça n’en est plus, ça représente du béton. Martin Miguel : Je vais vous dire d’abord comment c’est venu le béton… Je vous parlais tout à l’heure de l’enrobage… J’ai construit, dans le temps, la maison de mon beau-père et j’ai éprouvé beaucoup de plaisir à construire. Une maison, c’est d’abord des problèmes techniques : il a fallu que je me renseigne, que je lise… Que j’apprenne à ferrailler le béton… Pour que ça tienne… Il ne fallait pas qu’elle s’écroule, cette maison… Et puis, j’avais la fascination de cette matière molle, plastique, qui devient si vite dure ; j’éprouvais un profond plaisir à décoffrer… Quand je coulais une poutre ou un pilier, j’avais une impatience à… MB : C’est comme les gravures, on enlève, on enlève et on découvre… MM : Un jour, j’ai pensé à mettre de la couleur dedans… Longtemps j’ai hésité : je me demandais le rapport que ça pouvait avoir avec mon travail. J’ai longtemps ruminé cette question dans ma tête… Et un beau jour, je me suis dit : « ça suffit ! Il faut cesser d’y penser, il faut faire. » Peu importe si c’est… Il faut faire pour voir comme on dit au poker. Voilà comment m’est venue l’idée du béton. Elle s’est imposée à moi dans le plaisir que j’avais à bâtir. Ce n’est qu’après que j’ai compris la relation que ça entretenait avec mon travail immédiatement antérieur, que j’ai vu qu’on pouvait considérer cette démarche nouvelle comme une inversion de mon travail… Avant, je déterminais un objet ou un lieu et j’en faisais un moulage que j’ouvrais, ensuite, pour le mettre au mur ; maintenant, je fais d’abord le moule, le coffrage, et je construis l’objet. C’est justement pour montrer cette relation, cette continuité et cette inversion, que dans les premiers bétons, je présentais tout : L’objet en béton en même temps que le coffrage. (Catalogue de l’exposition à l’Espace Vallès de St Martin D’Hères 1996) « Je travaille sur la perte mais dans une espèce de jeu à qui perd gagne. Le mou et le dur, dans mon travail, sont deux états séparés par le temps et c’est le manque de temps qui définit le manque plastique. Le mou et le dur sont deux moments des matériaux utilisés. Les temps de passage d’un état à l’autre sont différents d’un matériau à l’autre et c’est cela qui crée le manque : lorsque le temps de l’un permet l’action (décoffrage) le temps de l’autre est volé. Je travaille matière contre matière et de leur confrontation naissent des images, des figures, des perspectives. La matière colorée est le constituant pictural que je n’utilise pas pour créer une illusion de profondeur voire un effet de surface mais la profondeur elle même. Voyant mes travaux, on parle de sculpture. Je dirais volontiers sculpture de peinture dans la mesure où c’est le mur qui est attaqué par la peinture, il ne s’agit plus d’un recouvrement. Mais quand bien même ce travail porte sur une des réalités des constituants matériels, il n’en demeure pas moins dans le symbolique, parce qu’il est dans le domaine de l’art, et je dirais qu’il est d’autant plus agissant qu’il n’est pas immédiatement repérable. Il est l’intermédiaire qui me (nous) met le monde à distance, banalité à répéter en ces temps de finalité marchande. » ("La construction est le résultat d’un retrait" Martin Miguel, tôle ondulée la revue de l’atelier 49, juillet 02)

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Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Galerie Depardieu - 06300 6, rue du docteur Jacques Guidoni 06000 Nice France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020