Miguel Branco, Deserto

Exposition
Arts plastiques
Galerie JEANNE BUCHER JAEGER Marais Paris 03

Vue d’ensemble de profil des oeuvres intitulées Sans titre (Moine), 2011.
Bronze avec diverses patines.Ca. 30 x 28,5 x 19,5 cm.
View of the installation of the series Untitled (Monk), 2011. Bronze with various patina
Dimensions of each sculptures. 11,81 x 11,22 x 7,68 inches.
Photo Frederico NS
Courtesy Galerie Jaeger Bucher, Paris

Né au Portugal à Castelo Branco en 1963, Miguel Branco a étudié à la Faculté des Beaux-Arts de Lisbonne et dirige depuis 1998 le Département Peinture du Ar.Co. - Centre d’Art et de Communication Visuelle de Lisbonne. Son œuvre est présente au sein d’institutions internationales tels le MUDAM au Luxembourg, le CAM - Centre d’Art Moderne de la Fondation Calouste Gulbenkian à Lisbonne ou encore la Fondation Serralves à Porto.

Durant les vingt dernières années, Miguel Branco s’est principalement consacré à la peinture, à l’exception d’une série de sculptures en argile et fer réalisée dans les années 1987-89. Plusieurs aspects marquants distinguent son œuvre, qu’elle soit peinte ou sculptée : tout d’abord la notion d’échelle, puis le recours à la tradition à laquelle son oeuvre fait constamment référence, que ce soit à travers les techniques de peintures employées ou par le choix de ses thèmes dans l’Histoire de l’Art tels que le portrait, la peinture animalière et la nature morte et enfin la présence constante dans son travail d’un dispositif scénique agissant dans son œuvre : quelque chose d’impalpable ou quelqu’un en est le protagoniste. Qu’elle soit animal, humanoïde, objet, lieu, crâne, scribe ou encore papillon, cette entité résonne en chacun de nous ; elle détient à la fois une vérité et la cache, comme si ce qui était créé dans ce silence redéfinissait les limites et actions de ce qui agit sur nous.

L’exposition Deserto que nous présentons du 28 janvier au 31 mars 2012 à la galerie est composée de plusieurs installations reliées entre elles et conçues spécifiquement pour nos deux espaces du Marais.

L’articulation des œuvres entre elles, leur emplacement, ainsi que le parcours dessiné par l’observateur qui les découvre sont fondamentales à la compréhension de cet univers artistique, à la fois mystérieux et étrange. Cet ensemble d’œuvres édifiées dans l’abandon des choses, se présente à nous dans toute la subtilité d’une voix silencieuse qui a un message clair à nous formuler.

Plusieurs installations sont présentées : l’œuvre intitulée Sans titre (d’après le Paysage avec Diogène de Nicolas Poussin) de 2011 est composée d’écuelles, de petits bols, de plats et de cloches, tous réalisés en résine blanche immaculée. Elle fait référence au fameux tableau de Nicolas Poussin de 1647 intitulé Paysage avec Diogène représentant en premier plan le fameux philosophe grec de l’antiquité, Diogène de Sinope, proche d’un jeune homme à genoux buvant de l’eau dans le creux de sa main, au bord d’une rivière. A son côté, Diogène qui observe la scène, contrit et confus, jette l’écuelle qui lui servait à boire, dans une prise de conscience du superflu représenté par cet objet qui symbolise son dernier attachement au monde matériel. L’œuvre est ainsi empreinte de renoncement et de confiance absolue.

Une autre œuvre intitulée Sans titre (Restes), 2011, est composée de bols et tasses en bronze de dimensions réduites. Chaque pièce, de par le choix du matériau (bronze) et de la patine, a été conçue et disposée en référence aux objets des fouilles archéologiques Etrusques et Romaines. Par ces objets, l’artiste crée l’illusion d’un «musée imaginaire» et nous invite ainsi à découvrir les vestiges d’un passé historique fictif, simulacre du musée (lieu qui préserve et sacralise l’art) reproduit à l’intérieur de l’espace de la galerie d’art. La puissance de ces œuvres est justement dans cette tension toujours présente tout au long de la série.

La quinzaine de moines en bronze intitulés Sans titre (Moine), 2011, dont la patine a été pensée et travaillée dans le moindre détail, nous plonge dans un univers empli de références ancestrales et archéologiques. Ces êtres, à l’image des anachorètes qui se retirent dans le désert pour se consacrer à la prière et à des exercices de pénitence, ont fait le choix d’une vie spirituelle dans la solitude et le recueillement ; ils sont à la recherche ou à l’écoute de vérités supérieures ou de principes essentiels. Ces moines, à la fois centrés sur eux-mêmes et prêts pour la bataille, sont des guerriers de l’esprit. Il y a en eux une tension latente issue des éléments structurels qui les composent. Ici, les moines sont affinés jusqu’à en devenir ascétiques, à l’image de l’icône par excellence de l’Art du Gandhara - le Buddha ascète du Musée de Lahore - et leur dénuement nous offre une nouvelle forme d’émergence.

Ils sont rejoints par une série de dix œuvres sur papier intitulées Sans titre (Désert), 2011, dix papillons de grand format, créatures éphémères chargées d’un symbole de mutation (de la larve, à la chenille et à la chrysalide). L’artiste s’est procuré des images de papillons dans des publications sur la nature ou a collectionné de vrais papillons qu’il a fait venir de plusieurs endroits dans le monde, pour ensuite les faire photographier. Face à ces merveilles de la nature, riches en détails et en couleurs, l’artiste s’emploie tout d’abord à ôter la couleur pour ne conserver qu’un bleu monochrome, ce qui lui permet de vider la forme de toute sa connotation naturaliste tout en conservant son essence et en y logeant à l’intérieur d’autres formes complexes savamment nichées. Nous pouvons trouver cette tonalité de bleu dans les «azulejos» musulmans ou portugais, mais également dans les porcelaines chinoises. En déambulant à travers ces différents lépidoptères, le visiteur de l’exposition est appelé à sentir à l’intérieur de lui-même une métamorphose identique à celle du papillon. Ces œuvres ne souhaitent pas nous imposer leurs images mais plutôt nous apprendre à regarder ce que nous croyons voir. Le grand format a ici une double intentionnalité : d’une part la mise en valeur de la singularité de l’image, et d’autre part, il vide l’image de sa connotation «sentimentale» liée au cliché de la représentation du papillon. De même qu’elles sont des symboles de la résurrection et de la métamorphose, ces images aplaties par le processus numérique, se vident et deviennent spectaculaires par leur impact graphique.

A travers ce long dédale, dans le cheminement d’installations empreintes de silence et hautement instruites, dans les déambulations des buddhas, des mendiants, des scribes, des papillons, le visiteur de l’exposition DESERTO est progressivement amené à la rencontre de différentes perceptions, de différentes expériences qui lui permettront peut-être de se mettre à l’unisson de l’Art et de ses nombreuses formes évoquées.

CATALOGUE - Cette exposition a été montrée au Pavillon Blanc du Musée de la Ville de Lisbonne au Portugal du 28 septembre au 13 novembre 2011.
De nouvelles oeuvres viennent compléter l’exposition de la galerie Jaeger Bucher. Un premier catalogue en couleurs a donc été édité pour l’exposition à Lisbonne comportant un texte traduit en anglais de Bernardo Pinto de Almeida. Ce catalogue sera complété par une publication comportant les photographies des nouvelles œuvres faites pour la galerie ainsi que la traduction en français du texte de Bernardo Pinto de Almeida.

 

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Born in Castelo Branco, Portugal in 1963, Miguel Branco studied at Lisbon’s Faculty of Fine Arts and has been the director since 1998 of the Painting Department of AR.CO. (Centre of Art and Visual Communication of Lisbon). His works have been shown at international institutions such as the MUDAM in Luxemburg, the CAM—Centre of Modern Art of the Calouste Gulbenkian Foundation in Lisbon—as well as at the Serralves Foundation in Porto.  

    For the last twenty years Miguel Branco has devoted himself mainly to painting, with the exception of a series of clay and iron sculptures he made between 1987 and 1989. Several distinguishing features characterise his work, whether in painting or sculpture: first of all the notion of scale is essential to him, also the artist systematically builds on the traditions that his work discretely alludes to, whether in its technique or in the choice of themes from the history of art, such as portraiture, animal painting and still life. The third distinguishing feature of all his works is the presence of a scenic dispositif, i.e. an impalpable something or protagonist acting in and through them. Whether it is an animal, a  humanoid, an object, a place, a skull, a scribe or a butterfly, this impalpable entity resonates in each of us, revealing a truth and  hiding it at the same time, as if what was created in silence redefined the limits of what acts upon us.

    The exhibition Deserto that we are presenting from 28 January to 31 March 2012 is made up of several interconnecting installations conceived specifically for our two spaces in the Marais.

    The articulation of the works and their arrangement, as well as the itinerary of the observer who discovers them while strolling through the exhibition, are fundamental to an understanding of this strange and mysterious artistic universe, created by the abandonment of things and speaking to us with the subtlety of a silent voice that nonetheless has a clear message.

    Several installations are being presented: the 2011 work Untitled (after Landscape with Diogenes from Poussin) is composed of small bowls, plates and bell jars, all made out of immaculately white resin. The work alludes to Poussin’s famous painting dating from 1647, in which the ancient Cynic philosopher Diogenes watches a kneeling young man beside a river drinking out of the hollow of his hand. Contrite and ashamed of his attachment to superfluous, worldly things, Diogenes casts away his wooden bowl in a gesture of defiance that symbolizes both his renunciation and his absolute trust (in nature).

    Another work called Untitled (Remains) from 2011 is made up of small bronze bowls and cups. Each piece, by virtue of the choice of material and patina, was conceived and laid out as if in reference to Roman and Etruscan archaeological excavations. The artist thus creates the illusion of “an imaginary museum” and invites us to discover the vestiges of a fictional historical past: the simulacrum of a museum (a place that preserves and sacralises art) reproduced within the space of an art gallery. The power of these works lies precisely in this tension between past and present that runs through the series.

    The fifteen bronze monks of the series Untitled (Monk) from 2011, with their subtle use of patina, plunge us into a universe brimming with ancestral and archaeological references. Like the anchorites who withdrew into the desert to devote themselves to prayer and penitence, these unworldly beings have chosen a life of solitude and meditation. They are in search of spiritual enlightenment and higher truths--- warriors of the spirit centred in themselves but ready for battle. There is a latent tension in these works that derives from the structural elements that compose them. Refined ascetics in the image of that icon par excellence of Gandhara’s art —The Ascetic Buddha of the Museum of Lahore—they offer us, in their very destitution, the image of a new form of emergence.

    Joining them are a series of ten works on paper Untitled (Desert) from 2011, ten butterflies of large format, ephemeral but colourful marvels of nature that have always been symbols of metamorphosis (from the larva and caterpillar to the chrysalis). To create these works the artist obtained pictures of butterflies from various scientific publications or collected real butterflies from around the world, which he then had photographed. So that there would be no naturalistic connotation but only the pure form, the essence of butterfly,  which could be worked into and housed in other forms, he removed the colour from the images by a numeric process,  reducing them to a monochrome blue, a shade of blue that is found in the Islamic and Portuguese “azulejos” but also in Chinese porcelain. As the visitor to the exhibition strolls through this collection of lepidoptera, he is invited to experience within himself a metamorphosis identical to that of the butterfly. These works do not try to impose on us their images but rather to teach us to look at what we think we see. The large format has a double purpose: on the one hand, the singularity of the image is held up for contemplation; on  the other hand the image is emptied of the sentimental connotations associated with the representation of butterflies. Just as they are symbols of resurrection and metamorphosis, these images emptied and flattened out become spectacular through their graphic impact.

    As the visitor makes his way through the maze of silent and skilfully constructed installations--with their budhhas, beggars, monks, scribes and butterflies--he will encounter different perceptions and different experiences which will perhaps enable him to feel at one with the world of art and its diverse manifestations.

CATALOGUE. This exhibition was first shown at the Pavilhão Branco of Museum of the City of Lisbon in Portugal from 28 September to 13 November 2011. It has been enriched for the gallery by several new works. A catalogue in colour was originally published for the Lisbon exhibition with an English translation of a text by Bernardo Pinto de Almeida. This catalogue will be complemented by the publication of photographs of new works done for the gallery as well as the translation into French of the text by Bernardo Pinto de Almeida.      
 

Artistes

Horaires

Mardi - Samedi 11h- 19h

Adresse

Galerie JEANNE BUCHER JAEGER Marais 5 et 7, rue de Saintonge 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022