Mhondoro ye Mvura - Water Diviner

En choisissant ce titre d'exposition, le franco-zimbabwéen Duncan Wylie se réapproprie les sonorités d'une langue qu'il entend depuis sa naissance, le Shona, et qu'il a laissée de côté depuis son installation en Europe en 1995. Ses racines africaines, fortement ancrées dans sa mémoire, se rappellent constamment à ses pinceaux et à son iconographie personnelle.
Mhondoro ye Mvura (l’esprit de l'eau) incarne l'idée d'une entité protectrice liée à l'eau, un symbole de vie et de purification dans la culture shona. L'eau est bien sûr un élément éminemment précieux et parfois rare au Zimbabwé. Wylie le célèbre par le biais de plusieurs images, celles du sourcier, du puit, de la piscine mais également des arbres et de leurs sources de vie.
Le peintre entretient avec ce composant indispensable un lien très fort et sa représentation, à la fois si évanescente, furtive et difficilement transcriptible, est une gageure pour nombre d'artistes. Ainsi Wylie s'est laissé inspirer par des images essentielles de l'histoire de l'art, notamment celles des aquarelles méditerranéennes de John Singer Sargent et leur lumière si caractéristique, de Pablo Picasso et ses baigneuses athlétiques ou bien sûr de David Hockney et sa piscine.
Au delà de la difficulté de représenter cet élément, Wylie ajoute un caractère très engagé à cette série d'œuvres inédites, notamment en évoquant les rapports entre Occident et Afrique. Ses puits, ses sourciers, ses vendeurs d'eau à la sauvette, sont autant de métaphores de l'ingérence des pays riches sur les ressources africaines. Il faut rappeler ici qu'une majorité de la population zimbabwéenne existe grâce à la vente ambulante de marchandises dans les rues des villes. Et même s'il s'agit d'un marché lié à cet élément vital qu'est l'eau, la police intervient régulièrement pour y mettre fin et polariser cette question essentielle au Zimbabwé. L'opulence des villas avec piscines dans les quartiers riches a été possible notamment par l'exploitation des ressources locales, dont l'eau. Ainsi la situation actuelle du Zimbabwé et sa conjoncture continue de s'afficher allégoriquement sur les œuvres de Wylie.
L’esprit de l’eau revêt un caractère spécial dans l'imaginaire collectif puisqu'il est à la fois désuet et puissant. C'est par lui que l'eau arrive mais dans sa quête essentielle pour la vie, il semble qu'il cherche également ses racines, son histoire. Peut-être s'agit-il d'une métaphore de Wylie lui-même puisque l'artiste semble continuellement questionner son identité multiple d'homme à la fois africain et européen, à l'instar de la dualité nominale des zimbabwéens noirs qui portent deux noms, un occidental et un africain. Il souligne ici l’actualité de ces croyances à travers cette nouvelle série d'œuvres où la sacralisation de l’eau devient le symbole central d’une mystification toujours pertinente puisque personnelle.
Maitre incontesté des scènes artistiques contemporaines zimbabwéenne et française, Duncan Wylie réinvente la grande peinture séculaire à travers des œuvres à la fois fortement engagées et pour autant douées d’un puissant esthétisme. Sa palette éclatante et son pinceau si particulier transcendent des œuvres kaléidoscopiques et fouillent les strates de la mémoire du monde, de l'histoire de l’art, ou encore de sa propre histoire au Zimbabwé.
Exposé dans le monde entier, le travail de Duncan Wylie est notamment présent dans la majorité des grandes collections publiques françaises, dont le Musée du Louvre Abou Dhabi ou encore le Fonds National d’Art Contemporain.
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Ouvert du mardi au samedi de 14h à 19h.
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