Matthieu Kavyrchine La maison/Le monde (Lieux exemplaires) photographies

Photographie
Galerie La Ferronnerie Paris 11

Matthieu Kavyrchine
série Câble, 2008, Point d'atterrissement du désert de Mojave, Ca., U.S.A.
Impression jet d'encre sur Hahnemühle,
57 X 110 cm
©Galerie la Ferronnerie, Paris

 

Matthieu Kavyrchine (né en 1971 à Paris) après une formation à l’architecture, choisit en 1999

d’intégrer le post-diplôme du Studio national des arts contemporains du Fresnoy, dédié à la création audio visuelle. Il y travaille alors la photographie, la performance, la vidéo, collabore avec d’autres artistes, ébauche sa réflexion sur l’espace mental.

Ainsi, chacune de ses photographies nous plonge dans un lieu qui n’est pas, littéralement un

«ou-topos», territoire hors de portée, en suspens, imaginaire mais potentiellement existant.

Les photos choisies pour l’exposition La maison/Le monde (lieux exemplaires) appartiennent à deux ensembles, la série Habiter, et la série Câbles. Il s’agit dans les deux cas, pour Matthieu Kavyrchine, d’une tentative de s’approcher/d’entrer en connivence physiquement avec des endroits chargés symboliquement : la Villa Savoye serait-elle habitable ?

Comment  enregistrer la trace discrète des points de départ ou d’arrivée des Câbles transatlantiques quasi-invisibles, seuls signes tangibles de ces milliards d’informations nécessaires au fonctionnement de la planète.

 

 ‘…Dans la série « Câbles », Matthieu Kavyrchine photographie les côtes de part et d’autre des océans, de l’Atlantique au Pacifique en passant par la mer du Nord. À première vue, ces photographies panoramiques semblent assez anodines : baigneurs estivaux (Green Hill, Rhode Island, U.S.A.); promeneurs observant la houle (Penmarch, France); plages de galets (Tuckerton, New Jersey, U.S.A.). Mais à y regarder de plus près, elles présentent un point commun également annoncé par la légende de l’image. Elles indiquent la présence d’un « point d’atterrissement » de câbles sous-marins par un panneau de signalisation (un panneau jaune en Angleterre à la vue des baigneurs, une bouée en bord de plage en France, une plaque orange sur un poteau en bois aux États-Unis). Scènes de plages, jetées ou routes pavillonnaires aux allures fictionnelles ne sont présentes dans l’image que parce qu’elles se trouvent à proximité d’un panneau signalant la présence de ces liaisons invisibles.

 

Tel un explorateur ou un topographe, Matthieu Kavyrchine arpente les côtes du monde entier afin de débusquer ces indices d’une liaison invisible à l’œil nu, comme s’il remontait le temps à la recherche d’une technique élaborée il y a plus d’un siècle mais qui régit aujourd’hui encore tout notre système de communication. À l’heure où l’information semble totalement dématérialisée, il est parfois difficile de se rappeler l’existence même de ces câbles qui tapissent le fond des océans et sans lesquels nous serions privés d’Internet; qui plus est, à l’heure où les serveurs racines sont placés sous surveillance maximale, il est d’autant plus difficile de concevoir que ces câbles soient si banalement signalés. À travers ce qu’il nomme une « rétro-fiction », un mécanisme inverse à celui de la science-fiction, qui consiste à se tourner vers le passé – et non plus le futur – pour trouver dans les grandes inventions issues d’imaginaires débordants une source d’inspiration intarissable, l’artiste part en quête de ces signes presque obsolètes…’

Extrait du texte de Audrey Illouz, in catalogue ‘Silent light’, 2010, à l’occasion de l’exposition de Matthieu Kavyrchine au Parc Culturel de Rentilly.

Commissaires d'exposition

Horaires

mardi à vendredi, 14h-19h samedi 13h-19h

Adresse

Galerie La Ferronnerie 40 rue de la Folie Méricourt 75011 Paris 11 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022