markus OEHLEN

Exposition
Arts plastiques
Galerie Suzanne Tarasiève - Loft 19 Paris 19
Premier one man show en France pour cet artiste allemand, de renommée internationale, déjà exposé notamment ˆ la Villa Arson ˆ Nice en 1987 (Ç Q.U.I È, group show), au MOMA de New York en 1993 ( Projects 39 , one man show avec Georg Herold) et au Musée d'art contemporain de Strasbourg en 2001 ( Salons de musique , group show-sculptures).. Peintre, Markus Oehlen expérimente avec la laque une harmonie imprévisible, où les formes coalescentes superposées dégagent une énergie métallique et techno. Sculpteur, l'artiste travaille les formes organiques protubérantes qui, associées à des éléments modulables, des haut-parleurs, des radios, cherchent à communiquer avec notre milieu solide et opaque.

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markus OEHLEN

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LÕexpŽrience de Markus Oehlen est celle dÕune gŽnŽration confrontŽe au tournant des annŽes quatre-vingt ˆ la vitalitŽ de la scne allemande qui a portŽ aux extrmes une idŽe de lÕartiste avec des personnalitŽs aussi diffŽrentes que celles de Josef Beuys, Sigmar Polke, Georg Baselitz, Jorg Immendorf, Markus LŸpertz, Gerhard Richter. Par rŽaction contre des expressions dominantes, contre lÕaspect doctrinaire de lÕart conceptuel Žgalement, markus Oehlen prit le parti de sÕintŽresser ˆ la peinture allemande des annŽes cinquante, celle de Nay, Emil Schumacher, Carl Buchheister, fritz Winter, Karl Otto Gštz et autres pour y chercher un Žtat de la couleur et de la forme construite qui lui permettait une distance ˆ contretemps. Il fit ainsi lÕexpŽrience du raffinement et de lÕharmonie mais avec une imprŽvisibilitŽ ˆ la Picabia qui lui a permis de se dŽcouvrir avant mme de se trouver lui-mme. Dix ans plus tard, ses grandes toiles monumentales avaient basculŽ dans une autre dimension, avec une turbulence, une complexitŽ, une Žnergie ornementale que lÕon est aussit™t tentŽ dÕassimiler ˆ lÕunivers sonore qui es t celui dÕun artiste immergŽ dans une histoire et une pratique de la musique issue du jazz. Tout se passe comme si le peintre sÕŽtait fait une oreille pour contr™ler et libŽrer une masse dÕŽvŽnements qui Žchappent ˆ toute norme, tiennent ensemble ˆ lÕŽtat sŽparŽ, dans une mobilitŽ alŽatoire, ‰pre, dissonante, ouvertement instrumentale et libre. Une abstraction oblique et directe, libŽrŽe de son intŽrioritŽ comme de toute intention. Les peintures actuelles ont encore changŽ, la couleur est plus mŽtallique, plus techno, la saturation visuelle plus optique, plus virtuelle quÕabstraite, les tons, les variations syncopŽes, les fausses harmonies provoquent une overdose mentale qui annule toute idŽe de raffinement, de composition centrŽe, de rŽcit ou de message. Parfois un personnage en forme de crŽature artificielle semble sortir dÕun ordinateur, il appara"t ou dispara"t par distorsion. La peinture nÕa ni dŽbut ni fin, elle est ˆ disposition et les cassettes sÕamoncellent plus que jamais en tas dans lÕatelier de Krefeld. Markus Oehlen utilise la laque, il ne cherche pas lÕillusion optique de lÕart cinŽtique mais ses toiles provoquent des effets un peu analogues, juste interrompus ˆ mi-chemin. Il ne tente pas non plus de reprendre la dŽmarche qui a distinguŽ les Pop Artists de lÕExpressionnisme abstrait mais il intgre certaines des idŽes de Warhol ou de Lichtenstein. Par des procŽdŽs multiples -photographies scannŽes, transparents, linogravures, sŽrigraphies-, il superpose sur la toile des niveaux de trame, de motifs gŽomŽtriques, de graphismes divers qui imitent un Žtat hybride de contr™le et de dŽrglement. Des t‰ches, des flaques de couleurs, des formes coalescentes sont dŽcomposŽes, fabriquŽes par strates et par lignes comme dans une imagerie en 3D. LÕ Žtat fluide de la peinture, son empathie avec le geste, sa prŽsence brute ˆ lÕŽtat de trace, tout cela est transformŽ, modŽlisŽ dans un processus de type machinique qui semble travailler par synthse avec lÕair du temps. LÕartiste qui ne voulait pas du Zeitgeist se laisse sciemment infiltrŽ par lui pour lÕutiliser sur le mode de construction quÕil a fait sien. CÕest dŽsormais contre lui-mme quÕil travaille sur le mode dÕun dripping construit, victime de ses propres idŽes Ð il a parlŽ de Ç Konstruiert wilde Malerei È. Il y retrouve la peinture comme un moyen de mixage pour naviguer dans un univers technologique sans but. Il en imite les fŽtiches, lÕŽtrangetŽ animiste, la primitivitŽ artificielle.
La sculpture est intervenue assez t™t en amont dans ce processus avec des crŽatures qui facilitent le contact, des montures de salon pour cow-boy introverti. Aprs les Chevaux, le caractre organique de ces sculptures sÕest affirmŽ par des protubŽrances, des membres, des extensions, des orifices en forme dÕŽcrans, de haut-parleurs, de membranes qui donnent le sentiment de chercher ˆ communiquer avec le milieu solide et opaque auquel nous appartenons. Ce ne sont pas des tres retranchŽs dans une fiction mais des ŽlŽments modulables, expansifs, non agressifs, faciles ˆ c™toyer, sans gŽnŽalogie avouŽe du c™tŽ de lÕart. LÕart, puisquÕil faut en parler, mais avec Markus Oehlen par des voies indirectes, a consistŽ essentiellement ˆ les lester de la dimension nŽcessaire pour quÕils se stabilisent dans une forme mise sous la pression nŽcessaire. Il utilise pour cela de la cordelette, parfois teintŽe, pour enserrer des noyaux de polystyrne qui se trouvent ainsi ligaturŽs, rigidifiŽs, ornŽs de motifs concentriques qui engendrent le volume en surface. Une surface lumineuse et sche, mais qui se dŽrobe ˆ toute emprise. Plusieurs ŽlŽments relient ces formes biomorphiques ˆ des fonctions : le son, la vapeur, des objets dÕusage courant pris tels quels. La radio nÕest pas intŽgrŽe pour diffuser une intention musicale, mais cÕest plut™t le volume lui-mme en tant que radio, une forme analogique dÕun Žtat dÕesprit qui ne cherche pas ˆ se dŽfinir lui-mme dans une catŽgorie mais dans une atmosphre, un flux dÕinformations multiples ˆ prendre comme on veut. Il y a aussi des chambres ˆ air, peut-tre parce que le biomorphe finit toujours par crever, parce que la sculpture est comme la peinture Ç on air È tant quÕil y a du courant, et que la dispersion, la vaporisation, la respiration sont des activitŽs sŽrieuses qui demandent de lÕentra"nement. CÕest ce souffle que Markus Oehlen partage avec ses amis sans problme, juste pour le rythme et pour voir si a marche. Tout est possible quand il nÕy a pas de problme avec lÕart.

ƒric Darragon


Remerciements ˆ Markus Oehlen, Suzanne Tarasive, Egbert BaquŽ pour lÕentretien du 3 fŽvrier 2003 dans lÕatelier de Krefeld.

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Horaires

mardi-samedi / 11h-19h

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Galerie Suzanne Tarasiève - Loft 19 5 Villa Marcel Lods 75019 Paris 19 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022