Marc Petit - Sillons

Dans la solitude de l’atelier, le sculpteur donne vie à un fragile personnage de bois, de plâtre et de cire. Son corps et son esprit tendus vers la recherche d’un équilibre entre le plein et le vide, comme un musicien modèle le silence, dans l’espoir de susciter une émotion, au-delà des mots.
Après la transformation par le feu, les bronzes pérennes qu’il nous donne à voir jouissent d’une présence si forte qu’ils déploient l’espace autour d’eux, comme s’ils existaient trop...
Il ont la puissance du cri et la force du murmure.
Cri d’amour pour la vie, sidéré d’être là, émerveillé face à la beauté de l’autre, de la trace de son temps vécu, toujours capable d’user du pouvoir d’aimer.
Murmure lancinant de la conscience de l’implacable écoulement du temps, de l’inexorable défilé du segment - forcément limité - de la vie humaine, si éloigné du temps des arbres et de leur cycle de renaissance.
De ce fragile équilibre entre vie et tragédie, naît une œuvre qui nous offre toute sa vitalité.
Grâce à elle, on peut sentir qu’il est inutile de s’inquiéter pour l’avenir si l’on ne profite pas du présent.
Denis Durand