Marc Desgrandchamps

Exposition
Arts plastiques
Galerie Zurcher Paris 03

"Je crée avec des bribes de mémoire, à partir d’évènements fortuits, des situations indéterminées que je considère comme des non-lieux. Cela se passe un peu comme dans un jeu, avec des règles très précises, mais dont l’issue reste toujours imprévisible : Je dispose des pièces sans identité (figures, objets et paysages) que je mets dans une certaine lumière pour en faire des "pièces à conviction". Il y a des disparitions - ces corps plus ou moins tronqués ou traversés par l’horizon du paysage - mais qui sont parfaitement réversibles : ce sont aussi bien des "apparitions". Je les nomme "les délaissements", un mot qui tente de désigner ce qui parfois surgit dans ces tableaux - une sorte d’état entre la vie et la mort que la peinture peut représenter, à condition de se constituer comme trace. Mon travail se développe aujourd’hui dans cette direction."

Depuis le début des années 1980, Marc Desgrandchamps construit une œuvre singulière. Figuratif dès ses débuts (on pouvait y relever l’influence de peintres fondateurs de l’art moderne de Malevitch à Beckmann) son travail a évolué en devenant au fil des années plus complexe, en s’ouvrant notamment au paysage animé de figures. Rideaux et voiles flottant au vent sont des motifs récurrents dans ses toiles. Mais ses tableaux sont bien plus qu’une description d’une scène précise. Par le jeu des transparences, l’apparition d’objets ou de situations inattendues, l’imprécision des scènes évoquées transforment ce qui pourrait être une représentation exacte en un ensemble fantastique. Le tableau devient le lieu de rencontre entre ce qui relève aussi bien du réel et de l’observation que du rêve et de l’imaginaire.

Cette nouvelle exposition de Marc Desgrandchamps définit son parcours comme un « développement » et citant le philosophe Althusser « un processus sans sujet ni fin ». Ses tableaux sont en général dépourvus de titre : scènes anonymes, ils rassemblent maints détails de la vie ordinaire que l’artiste qualifie d’« équivoques ». Une femme assise se dissimule dans les branches et les feuilles d’un cactus ou derrière un masque antique spectaculaire. Les ombres y sont parfois plus appuyées que les figures qui les portent, lesquelles se résument essentiellement à des postures, à des attitudes. Leurs origines sont diverses : les fresques et les reliefs antiques de Pompéi, le plan séquence d’un film d’Antonioni ou de Chris Marker, une page de magazine ou encore une simple photo prise par l’artiste lui-même pour capter un mouvement dans une certaine lumière, ce qu’il nomme : « une scène stimulante pour la réalisation d’une peinture ».

Si tant est que Desgrandchamps puisse être considéré comme un peintre classique alors son classicisme ne relèverait nullement d’une quelconque idéologie de la tradition ou du retour mais tiendrait simplement à certains détails révélateurs présents dans ses tableaux – par exemple cette façon particulière qu’ont ses figures de poser le pied sur le sol – ou cette faculté de faire sentir implicitement le poids des choses véritables, par opposition au caractère inconsistant des simulacres que constituent les images et les idées – à l’exemple du rapport à la sculpture – c’est ce qui explique le fait que ses toiles soient légèrement empreintes d’un caractère tragique.

Adresse

Galerie Zurcher 56 rue Chapon 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022