Manuel SALVAT

Manuel Salvat nous a quitté en juin 2016.

L'artiste vivait et travaillait à Arles

C'est une architecture du peu que nous donne à voir Manuel Salvat à travers son œuvre, une terrible vision de l'espace de la ville flottant entre la réalité et l'apocalypse. Composés d'éléments de mobiliers, de photographies découpées, contrecollées, parfois brulées, d'objets trouvés, assemblés en regard de la nature de leurs volumes, de mousse expansive, de « liquides figés », d'emballages en polystyrène… ses bâtiments miniatures semblent mettre en scène leur propre déconvenue. Souvent, ils suintent, coulent, libèrent des substances répulsives comme produites par l'explosion d'une glande qui les habiterait. Ruines construites, les œuvres de Manuel Salvat signalent avec force la limite d'un projet de société.

La fragilité des objets, leur vulnérabilité, renvoie à la précarité d'un programme urbain qui a dessiné certaines zones de la ville comme autant de paysages en faillite. Cependant, il émane de ces œuvres une certaine poésie. Une poétique de la maquette, du tombeau et de l'utopie oubliée.

Through his work, Manuel Salvat presents us with an architecture of the least, a fearsome vision of the space of the city floating between reality and apocalypse.  Made up of pieces of furniture, photographs cut out, glued, and sometimes burned, found objects, assembled with an eye on the nature of their volumes, expanding foam, “frozen liquids”, polystyrene packaging… his miniature buildings seem to portray their own disappointment.They often ooze, drip, and release repellent substances as if produced by the explosion of a gland living inside them.  Like constructed ruins, Manuel Salvat’s works powerfully illustrate the boundary of a social project.

The fragility of the objects, and their vulnerability, refer to the precariousness of an urban programme which has designed certain areas of the city like so many bankrupt landscapes.  Yet a certain poetry emanates from these works.  A poetics of the maquette, the grave, and forgotten utopia.