Mandrake a disparu
Mémoire #2, vidéo, 6', 2012 (c) Badr El-Hammami
En faisant référence au dispositif du tour de magie, Mandrake a disparu énonce un espace et un régime particuliers de l’illusion. Organisée autour de la figure du magicien de divertissement dont Mandrake pourrait être le nom générique, cette magie avec opérateur - qui rappelle à dessein le cinéma primitif - est abordée ici comme un espace de connivence. L’illusion est ainsi ce qui paradoxalement permet de voir, le tour une manière de nous apprendre à regarder à la lisière et le magicien un intercesseur qui accompagne la naissance et la disparition des images. En projectionniste, il ouvre le spectateur à ce qui n’est pas encore là. Que serait alors la magie sans magicien que suppose le titre de l’exposition ? L’entrée peut-être dans un nouveau régime : celui de la simulation,où l’opérateur laisse place à des calculs mathématiques et où la magie n’est plus un terrain d’apprentissage du visible mais une stratégie de dissimulation. Suivant la piste d’Isabelle Stengers et Philippe Pignarre qui voient dans le capitalisme contemporain un système sorcier sans sorciers, c’est-à-dire une forme insaisissable et désincarnée qui agit en envoûtant, Mandrake a disparu interroge cette situation particulière de magie sans prise que suppose la simulation.
Cette première exposition d’une série consacrée à cette question convoque nombre d’artistes qui, à rebours de ce régime de disparition, continuent d’imaginer des magies frustres, des récits et des détournements comme autant de signes de présence invitant à l’expérience collective des images qui viennent à nous.