Luciano Fabro : l'autonomie de l'artiste - espace nouveau ou dernier retranchement ?

Colloque Enba Lyon 30-31 oct. 2008
Conférence
Arts plastiques
ENSBA Lyon Lyon
Ce colloque s'inscrit dans le cadre du programme de recherche « La construction du réel dans l'art contemporain - deuxième volet - Éthique et esthétique : l'acte artistique entre la dette envers le réel et les stratégies du faire ». Depuis 2005, sous la direction de Bernhard Rüdiger, sculpteur professeur à l'École nationale des beaux-arts de Lyon et Giovanni Careri, historien et théoricien de l'art directeur du CEHTA à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales de Paris, ce programme organise des séminaires conduits par des artistes et des théoriciens. En 2005 Luciano Fabro avait été invité à conduire un séminaire à Lyon. Luciano Fabro, artiste en autonomie: Le colloque se propose d'étudier la portée de l'oeuvre et de l'engagement de Luciano Fabro dans la perspective de l'art actuel. Toute une génération d'artistes de l'après-guerre a fait de l'autonomie de l'art un élément central de l'oeuvre, et a participé ainsi au renouveau du monde de l'art contemporain qui occupe depuis les années '80 une place centrale dans les sociétés occidentales. Aujourd'hui encore il fonde son histoire, définit les critères de qualité et les processus de validation sur ce même horizon. Or Luciano Fabro avait toujours maintenu une approche critique et une attitude analytique, qui tout au long de sa carrière a su solliciter la notion d'autonomie de l'artiste, de l'oeuvre et de leur rapport à la cité. Son approche historique et critique tendait à toujours renommer cette autonomie, dénonçant ainsi les sophismes d'un discours qui, selon lui, sous la forme apparente de liberté (l'argent ou le retour au métier de peintre dans les années '80, par exemple, ou encore la globalisation et le refus des cultures spécifiques de l'art dans les années '90, ou l'abandon de la notion d'oeuvre plus récemment) cachait diverses formes d'homologation. Pour Fabro, il s'agissait d'un abandon de ce que devait rester le domaine spécifique de l'art : ce lieu où la liberté est un dilettantisme engagé et l'oeuvre le résultat d'une position d'auteur. Que pouvons-nous faire aujourd'hui d'un tel héritage ? Comment faire usage de cette attitude critique, quand la prise de position va être inévitable, pour les artistes et les théoriciens, comme pour les commissaires et les historiens, dans le débat qui s'installe autour de l'évolution spectaculaire ces dernières années du monde de l'art et de son marché, de l'évolution de la notion d'oeuvre, ou du rôle d'auteur de l'artiste ? Dans son oeuvre Luciano Fabro avait développé une approche inédite où l'idée d'autonomie de l'artiste visait à maintenir une constante capacité de mouvement, autant dans l'engagement personnel que dans le lieu de l'enseignement, dans la poursuite des projets d'exposition que dans l'évolution des multiples formes plastiques. La lecture des événements du présent dans le champ de l'art, mais aussi dans celui de la politique ou des faits de société, structurait la pensée de Fabro. La constante réécriture de l'histoire de l'art à partir des oeuvres et des préoccupations actuelles constituait un terrain fertile d'échanges critiques et de retournement de perspective. L'oeuvre était pour Luciano Fabro, le fruit d'un travail, dans le sens le plus antique de ce terme : l'exécution d'une transformation plastique, mais aussi le déplacement du point de vue par rapport à ce qui a été fait et à ce qui reste à faire. Si des problématiques spécifiques à l'oeuvre de Fabro peuvent s'inscrire dans la continuité d'un certain nombre d'artistes des générations suivantes, il est difficile de définir l'héritage de son oeuvre. L'idée d'autonomie implique inévitablement une attitude critique qui s'emploie à démonter la notion même de territoire, d'appartenance ou d'héritage. Le colloque s'organise autour d'interventions d'artistes, d'historiens, de critiques et théoriciens qui ont eu l'occasion de collaborer avec Luciano Fabro et de développer une position particulière sur la notion d'autonomie. Ainsi Giulio Paolini affirme depuis toujours dans son propre travail d'artiste et dans ses écrits une position spécifique à la question d'autonomie de l'oeuvre d'art. Margit Rowell, historienne et critique d'art, a organisé à la fin des années '80 une importante exposition avec Luciano Fabro à la fondation Mirò. Elle travaille actuellement à une édition anglaise de ses écrits. Bruno Corà est historien et critique d'art, directeur du Musée d'art de la Ville de Lugano. Il a suivi et exposé l'oeuvre de Fabro depuis les années '70 et collaboré avec lui à des discussions et des publications. Une rétrospective avait été organisée par Bruno Corà au Palazzo Fabroni à Pistoia en 1994. Véronique Goudinoux, historienne et théoricienne de l'art, a écrit sur l'oeuvre de Luciano Fabro, intéressée par son approche particulière de l'Histoire, elle a publié des entretiens avec lui. Bernhard Rüdiger, à l'origine de cette rencontre, a été élève de Luciano Fabro à l'Accademia di Belle Arti di Brera de Milan. Il avait collaboré à la Casa degli Artisti fondé à Milan par Luciano Fabro, Jole de Sanna et Hidetoshi Nagasawa. Les discussions et confrontations avec Luciano Fabro se sont poursuivies tout au long de sa carrière. Doris van Drathen, historienne de l'art et critique, suit, dans une confrontation intense aux artistes et à leurs oeuvres, l'évolution du monde de l'art depuis les années '80. Elle s'intéresse aux enjeux anthropologiques de l'oeuvre et à l'invention artistique entre autonomie et signification collective de l'acte créatif. Sont également conviés de jeunes artistes et chercheurs, qui par leurs travaux et préoccupations se sont confrontés aux oeuvres et à la réflexion de Luciano Fabro. Morad Montazami est doctorant à l'École des Hautes Etudes en Sciences Sociales où il mène une recherche sur la question du "terrain" dans le champ de l'art, les méthodologies anthropologiques et historiographiques à l'oeuvre dans les pratiques contemporaines. Depuis 2006, il est associé à la recherche « La construction du réel dans l'art contemporain ». Émilie Parendeau est artiste, sa pratique s'attache à déconstruire et dérégler les codes et repères sociaux en appréhendant le réel par décalage. Elle s'est intéressée à l'approche particulière de Fabro, quand il repense l'oeuvre dans son rapport à chaque nouveau contexte d'exposition. Philippe Louis Rousseau est doctorant à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales. Il s'intéresse aux questions engagées par la «conservation» et la «monstration». Il a écrit à ce propos sur l'oeuvre de Fabro à l'occasion du séminaire à l'ENBA en 2006. Il propose ici, par une différenciation entre l'oeuvre de Smithson et celle de Fabro, un axe de réflexion construit à partir du point de vue actuel sur l'oeuvre de ces artistes. Benjamin Seror est artiste, son travail performatif pose la question de la responsabilité de l'artiste vis-à-vis de la mémoire et de l'Histoire. Il s'intéresse au caractère agile de la pensée historique de Fabro, qui ne chargeait pas l'oeuvre d'un tel contenu, mais s'employait à définir les enjeux du travail de l'artiste et de son contexte, plaçant ainsi le spectateur dans une condition particulière d'expérience subjective. Sarah Tritz est artiste, elle place la question de la forme au centre de sa pratique. L'acte du « faire » est constamment réinterrogé. Elle s'intéresse au déplacement de la recherche formelle opéré par Fabro tout au long de sa carrière. Une table ronde sera conduite par Yves Robert, directeur de l'Enba de Lyon. Elle va traiter de l'implication de l'artiste dans l'invention et le développement des institutions destinées à conserver et à exposer l'art. L'autonomie de l'artiste, dans un mouvement d'éloignement, mais aussi de collaboration et de défense de l'espace d'exposition, a eu un rôle central dans la construction du réseau d'institutions d'art contemporain et dans la définition de ses missions. Quel regard pouvons-nous porter aujourd'hui sur le travail accompli et quels sont les enjeux du futur ? Quelle position pour des artistes occupés à défendre leur autonomie ? Participeront à cette table ronde : Jean Louis Maubant, fondateur du Nouveau Musée / Institut d'art Contemporain de Villeurbanne. Il a travaillé avec Luciano Fabro à une exposition monographique, à diverses expositions collectives et à des publications. Il sera invité à intervenir dans la table ronde, ainsi que Daniel Soutif, critique d'art et journaliste, directeur du Centro per l'arte contemporanea Luigi Pecci de Prato (2003/06). Comme commissaire d'exposition indépendant, mais aussi comme ami de Luciano Fabro, il a exposé et suivi son travail. Participeront à cette table ronde Bruno Corà, Giulio Paolini, Bernhard Rüdiger et Sarah Tritz. La table ronde sera précédée de la projection du film Luciano Fabro ; Vademecum, réalisé en 1996 par la productrice, réalisatrice et scénariste Teri Wehn-Damisch pour l'exposition au Centre Georges Pompidou. Luciano Fabro avait rassemblé pour cette importante rétrospective un ensemble d'oeuvres apparentées à la question de l'expérience de l'espace. Il explique sa position dans le film. La réalisatrice interroge son caméraman sur la manière dont il rendra compte de l'art du sculpteur, proposant ainsi un mode d'emploi pour la lecture des oeuvres, de leur élaboration in situ aux dispositifs de mises en scène.

Complément d'information

Publication

Suite au séminaire de recherche « La construction du réel dans l'art contemporain », l'ouvrage "Face au réel. Éthique de la forme dans l'art contemporain" sera publié fin octobre 2008, en coédition Archibooks / Enba de Lyon.

Format : 16 x 22 cm
320 pages
Prix de vente : 19 euros
ISBN : 978-2-35733-025-2
www.archibooks.com

Autres artistes présentés

Luciano FABRO

Horaires

9h30-18h

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

ENSBA Lyon 8 bis quai Saint-Vincent 69001 Lyon France

Comment s'y rendre

ENSBA Lyon

8 bis quai Saint Vincent 69001 Lyon, France 

T.  04 72 00 11 71

L'Ensba Lyon est ouverte :
de 8h à 20h du lundi au jeudi
de 8h à 19h le vendredi.

Accès


15 minutes à pied depuis l'Hôtel de Ville, Lyon1e,  en remontant les quais de Saône

5 minutes en vélo depuis l'Hôtel de Ville, Lyon 1e - Piste cyclable des deux côtés des quais de Saône

Station Velov

Métro : Ligne A, arrêt Hôtel de Ville + 15 minutes à pied
Ligne D, arrêt Valmy + 20 minutes à pied


Bus : C14, 19, 31, 40, arrêt Subsistances (rive gauche) ou Homme de la Roche (rive droite)(traverser alors la passerelle + 5 minutes à pied). 

 

 

Dernière mise à jour le 13 octobre 2022