Luca Caccioni
La Galerie Fabrice Galvani (Toulouse) présente, du 20 septembre au 16 novembre 2013, l’exposition "Lotophagie” de l’artiste italien Luca Caccioni, né à Bologne en 1962.
Dans le Livre IX de l’Odyssée, Homère évoque la rencontre d’Ulysse et de ses hommes avec les Lotophages. Ce peuple se nourrit de fleurs de lotus qui lui font perdre la mémoire et vit dans une constante amnésie. Après avoir goûté le fameux “fruit”, les hommes d’Ulysse sont tentés de rester sur cette terre pour oublier d’où ils viennent et leur long voyage.
La série d’œuvres “Lotophagie”, entreprise par Luca Caccioni depuis 2004, s’inspire de ce sentiment de disparition du souvenir et du plaisir généré par l’effacement de la mémoire et la suspension de l’esprit.
Le support des œuvres picturales est pourtant imprégné du passé.
Celles-ci sont réalisées sur d’anciens décors d’opéra du XIXe siècle en papier, collectés par l’artiste et chargés de la mémoire, des émotions, de la musique et des voix dont ils étaient l’écrin.
Luca Caccioni intervient d’abord sur les couleurs et représentations originelles grâce à des procédés soustractifs de coupe, d’abrasion voire d’élimination.
Viennent ensuite les additions de matière : l’artiste pose sur le papier de l’huile de pavot, des pigments et des résines, dont il guide lentement l’écoulement et l’absorption jusqu’à ce qu’apparaissent l’éclat et la transparence désirés. Durant ce lent processus, les couleurs déjà présentes se révèlent et viennent dialoguer avec les pigments purs ajoutés par l’artiste. L’imprégnation de la matière sur le papier laisse affleurer signes, traces, figures floues et abstraites, évoquant tour à tour fleurs, végétaux, gouttes, auréoles, singes ou oiseaux.
Ces formes sont parfois côtoyées par des écritures calligraphiques, dont le sens reste latent mais qui insufflent à l’ensemble une dynamique.
La lenteur et le raffinement intrinsèques à la démarche picturale de Caccioni ne sont pas sans évoquer la pratique de la méditation. Le Temps est ainsi un élément central du cycle “Lotophagie”, tant par la durée d’exécution des œuvres, le rapport au passé lié à la nature du support et la volonté de faire émerger les traces d’une mémoire.
Face à ces œuvres infiniment poétiques, le spectateur est alors laissé libre d’interpréter subjectivement les formes diffuses qui suintent sur le papier et de ressentir ses propres sentiments et souvenirs.
Luca Caccioni vit et travaille à Bologne, où il est titulaire de la Chaire de Peinture à l’Académie des Beaux Arts. Il expose régulièrement dans des galeries et des foires d’art internationales en Italie, mais aussi en France, en Suisse, en Belgique, en Allemagne et aux Etats-Unis.
Ses œuvres sont présentes dans les collections d’importantes institutions publiques et privées, parmi lesquelles la Galerie d’Art Moderne de Bologne, la Galerie Civique de Modène, le Musée de la Permanente à Milan, la Fondation allemande VAF, la collection de la Fondation Cassa di Risparmio à Bologne ainsi que celles des banques Unicredit et BNL.