Locus Oculi par Bernhard Rüdiger

avec les collections du Musée d'Art Moderne de Saint-Etienne Métropole et de l'IAC Villeurbanne
Exposition
Arts plastiques
Musée d'Art Moderne de Saint-Etienne métropole - 42270 Saint-Priest-en-Jarez

A l’invitation du Conseil général de la Loire, le Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne Métropole et l’Institut d’art contemporain, Villeurbanne & Rhône-Alpes proposent une exposition conçue par l’artiste Bernhard Rüdiger - enseignant et théoricien - à partir de leurs collections respectives au château de la Bâtie d’Urfé. L’exposition Locus oculi rassemble des œuvres de différentes époques de la Renaissance à nos jours. Cette trans-historicité permet une lecture du passé par le présent et réciproquement. Petrolio (locus desertus) : un point de départ L’Institut d’art contemporain a acquis pour sa collection en 2007 la sculpture monumentale Petrolio (locus desertus) de Bernhard Rüdiger. Il s’agit d’une éolienne, dont les pales viennent frapper un gong qui forme l’extrémité du trépied, à chaque mouvement impulsé par la force du vent. Sur proposition de l’Institut, Bernhard Rüdiger a imaginé le contexte d’installation de cette œuvre-signal, dans un cadre aussi marqué d’histoire que le château de la Bâtie d’Urfé. Invité par le Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne Métropole à explorer ses collections, il a conçu une exposition d’artiste réunissant des œuvres de deux collections majeures de la région Rhône-Alpes. Face au château, verticale, mobile, la sculpture Petrolio (locus desertus), mise en action par l’énergie imprévisible, introduit le parcours de l’exposition et donne le ton de son ambition : créer un équilibre vigilant, en résonance avec une réalité complexe. Petrolio (locus desertus) emprunte son titre à un roman resté inachevé de Pasolini, qui pose le constat critique d’une société moderne à bout de souffle. Son sous-titre évoque un espace vide où la réalité serait tout entière à (re)construire. Aspirant à transformer le « lieu du désert » en un lieu du regard, à partir duquel penser le monde, l’artiste Bernhard Rüdiger donne le titre Locus oculi à l’exposition de la Bâtie. S’il autorise une polysémie d’interprétation, le titre peut se traduire par « le lieu comme œil », ou « l’œil comme lieu », ou encore « le lieu-œil », désignant alors la vision, dans tous les sens du terme, comme la question fondamentale. Le regard est ainsi investi d’une fonction bâtisseuse et réflexive. La Bâtie d’Urfé : un lieu / une identité Dans un contexte d’inquiétude généralisée quant au devenir du monde – écologique, économique, social – et à une époque où l’articulation passé-présent-avenir perd de son épaisseur, Bernhard Rüdiger entend recréer des lieux à partir desquels puisse être imaginée une action politique. La Bâtie de Claude d’Urfé – son fondateur – serait par excellence de ceux-là : un lieu retiré, un lieu écrin, au même titre que la bibliothèque de cet humaniste du XVIe siècle. L’exposition révèle le château comme un lieu qui permet de se mettre à l’écart, non pour oublier le monde mais pour mieux le reconsidérer. La Bâtie d’Urfé est transformée dès 1535 alors que Claude d’Urfé prend la charge de bailli du Forez, devenant ainsi le représentant du roi dans cette province. Mandaté par François Ier au Concile de Trente et diplomate au Vatican sous Henri II, Claude d’Urfé est un fin lettré et ami du roi. Il a su opérer un retournement d’alliance politique et faire de sa demeure un château de plaisance inspiré de la Renaissance italienne et française. Dans cette architecture, multiple, virtuose et surprenante, reflet de la vision de Claude d’Urfé, Bernhard Rüdiger a imaginé un parcours d’artiste qui fait se croiser des collections. Quelque soixante-dix œuvres d’époques différentes établissent un dialogue critique entre notre temps présent et un passé idéalisé. La configuration architecturale inattendue de la Bâtie, avec cette étrange triangulation entre la bibliothèque, la grotte et la chapelle, constitue la matrice conceptuelle de la réflexion de Bernhard Rüdiger pour habiter aujourd’hui ce lieu. Exposition Locus oculi, par Bernhard Rüdiger Au centre du projet artistique, la bibliothèque réunit des œuvres qui affirment différentes abstractions et la tabula rasa avec le passé. C’est par exemple celles de Michel Parmentier et d’Olivier Mosset, qui, avec le groupe B.M.P.T. dès 1966, veulent atteindre « le degré zéro de la peinture ». C’est également Lucio Fontana qui fonde en 1949 le Spatialisme et introduit, avec un geste radical et irréversible de perforation de la toile, le « Concept spatial ». C’est encore Raoul Hausmann, contemporain de l’avant-garde Dada, dont le rayogramme exprime les recherches utopiques d’un homme et d’un monde « nouveaux ». De manière générale, c’est une forte relation au corps qui est donnée à voir dans les différents espaces de l’exposition, qu’il s’agisse du corps absent, avec les photographies de Walker Evans et de Blanc & Demilly, d’un « corps » mécanisé, objectivé (Composition aux raisins de Fernand Léger) ou bien du corps de la sculpture rendu à l’état de socle, selon un processus radical d’éviction et d’autoréférence (Saint- Jean-Baptiste de Didier Vermeiren). Le grand salon offre au visiteur différentes perspectives sur les jardins et abrite les tapisseries de L’Astrée, roman pastoral d’Honoré d’Urfé. En regard, sont exposées des œuvres dont les systèmes de représentation métaphorique convoquent une Arcadie perdue ou revisitent des paysages à l’antique, pour proposer de nouvelles pensées de l’homme avec l’espace (Pastorale ou paysage à l'antique de Gustave Courbet, triptyque de Ludger Gerdes, maquettes Quartier d’hiver de Thomas Schütte…). Les œuvres présentées dans le corps de garde – une suite de salles donnant sur la cour intérieure, qui symbolisaient la force militaire – sont caractéristiques de l’élargissement du champ de la sculpture tel qu’il s’est produit dès les années 1960-1970. Elles affirment une matérialité qui met en jeu des forces physiques (Giovanni Anselmo, Gilberto Zorio), des transformations organiques (Mario Merz, Toni Grand) ou qui ouvre la voie à « l’antiforme » (Robert Morris).

Commissaires d'exposition

Autres artistes présentés

Anonymes, Giovanni Anselmo, Edouard-Denis Baldus, Antoine Beato, Blanc & Demilly, Jean-Baptiste Carpeaux, Gustave Courbet, Anthony Cragg, Walker Evans, Luciano Fabro, Patrick Faigenbaum, Robert Filliou, Lucio Fontana, Prospero Fontana, Ludger Gerdes, Adolphe Giraudon, Toni Grand, Raoul Hausmann, Ann Veronica Janssens, On Kawara, J. Kuhn, Suzanne Lafont, Ange Leccia, Fernand Léger, Damien Lhomme, Karel Malich, Charles Maurin, Mario Merz, Francisque Millet, Christian Milovanoff, Liliana Moro, Robert Morris, Olivier Mosset, Reinhard Mucha, Michel Parmentier, Francesco Peruzzini & Alessandro Magnasco, Bernhard Rüdiger, August Sander, Thomas Schütte, Giorgio Sommer, Veit Stratmann, Félix Thiollier, Didier Vermeiren, Gilberto Zorio

Partenaires

Conseil Général de la Loire

Horaires

De juin à septembre : Tous les jours de 10h à 12h et de 14h à 19h. En octobre : tous les jours de 10h à 12h et de 13h à 18h

Adresse

Musée d'Art Moderne de Saint-Etienne métropole - 42270 rue Fernand Léger 42270 Saint-Priest-en-Jarez France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022