Limonaia

retour sur résidence
Exposition
Arts plastiques
Musée des beaux-arts de Tours Tours

Quelle place de l’artiste dans la société ?

“La fonction de l’artiste est fort claire : il doit ouvrir un atelier, et y prendre en réparation le monde par fragment, comme il vient.” Francis Ponge

Une question se pose souvent : “Quelle place occupe l’artiste aujourd’hui dans la société ? ” Loin de vouloir y répondre ce texte écrit à l’occasion de l’exposition Limonaia au musée des Beaux-Arts de Tours apporte quelques pistes de réflexion autour des projets de résidences d’artistes.
Depuis une trentaine d’années, les résidences d’artistes composent une des facettes des aides et soutien public à la création artistique en France. Depuis 2008, l’association Mode d’Emploi pilote une résidence intégrée au réseau répertorié et soutenu par le Centre National des Arts Plastiques. Au-delà de l’enjeu national, la volonté de développer à Tours une telle structure est de soutenir la création artistique et de l’inclure dans son temps et son espace.
À ce programme institutionnel, l’association Mode d’Emploi œuvre aussi à la résidence d’artiste en entreprise. Avec le soutien de Mécénat Touraine E­­­­ntreprises, les artistes sont invités à intégrer le monde entrepreneurial et industriel.
L’envie et la volonté de Mode d’Emploi de remettre la création au sein même de la cité et d’une manière élargie de la société, porte originellement l’enjeu de sa visibilité et de son accessibilité par le plus grand nombre. Avec l’exposition Limonaia, le musée des Beaux-Arts Tours invite, au sein de l’orangerie du palais des archevêques, quelques une des figures artistiques ayant participé à ces projets et constitue une nouvelle étape de cet engagement.
Le titre Limonaia de prime abord assez obscur prend sens par son origine. Il s’agit du terme employé à la Renaissance en Italie pour définir une orangerie. Dans cet écrin protecteur pour l’hivernage des plantes, le musée accueille cette jeune création artistique et lui offre une nouvelle visibilité.
Dans le principe d’une société reposant sur le partage d’un savoir et d’un angle de vue, cette “réparation du monde” décrite par Francis Ponge permet, lors des résidences, une synchronisation entre le processus créateur et la cité.
Dans le champ de la résidence, l’artiste crée une œuvre sur la durée et par ces rencontres. L’ouverture de l’octroi au public, ou bien encore les échanges avec les employés de l’entreprise, sont autant d’étapes de la matérialisation et de la constitution de l’œuvre. Cela engage cette dernière dans une contemporanéité dépassant largement le cadre de son sujet et met au jour toute sa complexité.
Les résidences telles qu’elles se structurent, œuvrent dans une expérimentation où l’artiste n’est pas seul dans sa tour d’ivoire mais en connexion avec le monde. Un tel angle de pratique témoigne de la disparition de l’artiste romantique, éthéré et révèle un artiste autant démiurge que simple citoyen. L’introduction de l’artiste dans l’univers de l’entreprise propose une étonnante confrontation, entre un productivisme mercantile et rationnel et une production sentimentale et sensorielle.
En y réfléchissant cette rencontre de ces deux univers, perçus comme antagonistes, est un gain pour chacun des interlocuteurs. L’artiste par sa position extérieure interpelle et interroge cet organisme qu’est l’entreprise. Tout comme l’ouvrier, l’ingénieur, le cadre, il participe à sa compréhension et à sa cohésion. Au regard de la sociologie, la société se réoriente. D’une société de services nous passons à une société du savoir. Ce dernier est à la fois tenu par l‘ensemble des employés de l’entreprise et se trouve éclairé par ce regard extérieur et artistique intégrant d’un seul coup cette structure. Cet enjeu se retrouve au sein de l’octroi. L’atelier de l’artiste est aussi son lieu d’exposition, l’octroi devient alors le médium entre l’artiste, l’œuvre et la société. L’aide à la création contenue dans ces projets est un élément de la philosophie artistique défendue par l’association Mode d’Emploi. L’artiste n’est pas un électron libre, au contraire ! Comme chacun, il appartient au champ électronique équilibrant le noyau social. Tout comme le patrimoine ancien est un bien commun, l’œuvre contemporaine en est un également.
Régulièrement dans les débats se pose cette question de la place de l’artiste dans la société. L’artiste n’est pas de prime abord un élément de consommation lambda. Il n’occupe pas, dans une rationalisation du travail, une place évidente. Pourtant, par l’entremise des résidences, nous donnons les moyens aux artistes de produire, d’avoir une visibilité et de ce fait une action manifeste dans la société.
Revenir aujourd’hui sur quelques oeuvres permet de comprendre et de reprendre ce dialogue. L’exposition Limonaia est une nouvelle phase de cette rencontre constructive et positive entre la création artistique et la société qui l’entoure.

Ghislain Lauverjat

Tarifs :

Plein tarif : 4€ - Tarif réduit : 2€ Gratuité premier dimanche du mois : Musée pour tous. Demi-tarif : Groupe de plus de 10 personnes, étudiants, personnes de plus de 65 ans.

Commissaires d'exposition

Autres artistes présentés

Ludivine Beaulieu,
Nikolas Chasser-Skilbeck,
Avelino Sanchez,
Massinissa Selmani,
Arthur Zerktouni,
Ma Zhong Yi.

Partenaires

musée des Beaux-Arts de Tours, Ministère de la culture Drac Centre, Région Centre, Conseil général 37, Ville de Tours.

Mécénat

Mécénat Touraine Entreprises

Horaires

Ouvert tous les jours sauf le mardi,de 9h-12h45 /14h-18h Fermé le 1er et 11 novembre, 25 décembre

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Musée des beaux-arts de Tours 18 place François-Sicard 37000 Tours France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022