L'hypothèse contrastive

C’est au vocabulaire de la grammaire que Laurent Sfar emprunte le titre de son exposition : la méthode contrastive est l’étude rapprochée d’une langue maternelle, dans ses rapports de similitudes ou différences avec une langue d’adoption. « A un mur près, le Granit deviendrait un théâtre à ciel ouvert, écrit-il, la Galerie est placée en sandwich, adossée à un espace clos, celui du théâtre, dont elle forme l’antichambre d’un côté, et de l’autre ouverte sur la ville par une baie vitrée ; elle détermine ainsi une zone de frictions entre deux champs qui me sont chers, l’espace urbain et celui des mots ». Fidèle à l’esprit de jeu, aux stratégies de détournement, aux gestes perturbateurs, ironiques qui caractérisent nombre de ses créations, Laurent Sfar confronte différentes pièces en volume (sculptures, objets, maquettes) et différents points de vue à l’espace de la Galerie. Au cours des différentes étapes de son travail, l’artiste a suscité diverses collaborations : Anne Monfort, auteur metteur en scène, Jérôme Marche, adjoint au patrimoine avec qui il propose un parcours déambulatoire dans quelques lieux choisis des fortifications en lien avec son installation. L’artiste opère des déplacements, des changements d’échelle, autour des notions de simulation, de camouflage, d’illusion, de leurre qui génèrent des œuvres d’interfèrences : un dispositif spatial mobile restructure l’espace, des peintures contribuent à en perturber la lisibilité, une caméra filme la disparition d’un volume piégé dans la rivière proche, deux maquettes de l'espace de la galerie sont réalisées en pain et d’autres sont des réductions d’éléments architecturaux des fortifications Vauban, autant de propositions ouvertes parfois insolites, intrigantes qui reconfigurent le réel et font de Laurent Sfar « un inventeur de mondes » comme le souligne Paul Ardenne. Autour de l’exposition