Les joueurs

Avec Fanette Mellier , Etienne Cliquet, Uta Eisenreich et Ernesto Sartori
Exposition
Arts plastiques
Pavillon Blanc Henri Molina Médiathèque | Centre d’art de Colomiers Colomiers
vue de l'exposition Les joueurs. Au sol, oeuvre d'Ernesto Sartori. Au mur, vue partielle de Pangramme, F Mellier

Cette exposition s’intéresse à des artistes qui pratiquent des jeux d’association, de construction et à la figure du joueur dans lequel pourront se reconnaitre artistes et public. Qu’il s’agisse d’assembler des lettres ou des éléments mobiliers, ces pratiques assimilables au jeu trouvent dans l’usage d’un matériau ou la répétition d’une règle leur propre contrainte. Elles montrent aussi un art appelé à jouer un rôle dans la société, où l’innovation est liée au plaisir. Etienne Cliquet réalise ainsi à partir de jeux de pliage relevant de l’origami, une incarnation des enjeux numériques. La graphiste Fanette Mellier explore quant à elle le design graphique avec Pangramme, un jeu de lettres où le visiteur est invité à composer des phrases avec toutes les lettres de l’alphabet. Ernesto Sartori élabore une construction proche du morpion et du rubi-cube, tandis que Uta Eisenreich présente une installation photographique issue de son projet « A not B », flirtant avec des jeux d’optique et le rébus. Ici, on découvre que l’invention est un art, que l’art est un jeu et le jeu une règle !

La figure du joueur semble traverser l’art des XXème et XXIème siècles, des Joueurs de carte de Cézanne à la photographie d’un Marcel Duchamp se mettant en scène en joueur d’échecs avec une femme nue, de l’Oulipo aux œuvres cinétiques du Groupe de Recherche en Arts Visuels. Depuis les années 60, l’environnement, l’installation et les pratiques interactives et relationnelles conduisent par ailleurs le public vers une expérience renouvelée de l’art, plus sensible, plus spectaculaire et plus ludique, au point de faire évoluer le rôle social de l’artiste invité à penser le « vivre ensemble ». On pense ainsi à la duologie d’exposition sur les Aires de jeux d’artistes aux centres d’art le Quartier et Micro Onde en 2009 et à l’édition 2015 du Nouveau festival au centre Georges Pompidou, intitulé « Air de jeu ».

L’exposition de Colomiers invite ainsi quatre artistes à créer et proposer des oeuvres à jouer.

Etienne Cliquet est installé à Toulouse, il enseigne à l’IsdaT http://www.ordigami.net/

D’un art mal connu que l’on assimile à un jeu ou à passe-temps - l’origami - Etienne Cliquet à fait une incarnation possible des enjeux du numérique. « Le travail d'Etienne Cliquet est visible à la fois sur Internet et dans l'espace tangible. De 1999 à 2004 il a co-initié et animé avec Sonia Marques le collectif en ligne Téléférique. Depuis 2004 il développe des recherches en origami assisté par ordinateur. Etienne Cliquet s'intéresse à la fragilité et la légèreté du pliage dans sa relation au caractère versatile et immatériel d’Internet. Avec une simple feuille de papier il comprend le pliage de toute chose comme une méthode d'analyse ou de cryptage. Le geste élémentaire de plier, du latin "Plicare", convoque en effet les notions d'implicite, d'explicite, de complexe, d'impliqué ou d'appliqué, et permet de saisir de multiples concepts au coeur de la société de l'information (…) » Paul Devautour, 2009

Au Pavillon Blanc, Etienne Cliquet présentera une installation composée d’un origami en aluminium figurant, suspendue au plafond, une forme de radiateur, métaphore du "Cloud Computing" : « le système de stockage des données que nous vend l'industrie d'Internet et qui consiste à mettre les données sur des serveurs déterritorialisés (datacenters). Le "Cloud computing" propose de ne plus stocker soi-même les données mais de les mettre au chaud sur des serveurs distants (on ne sait où ?). Cette manière d'éluder la place des données est un enjeu crucial pour la vie privée, la surveillance mais aussi l'accès à l'information, la culture, les livres, et par voie de conséquences des lieux comme les médiathèques. La métaphore d'une informatique dans les nuages qu'utilise l'industrie pour nous vendre leur service n'est pas si angélique, notamment parce qu'elle s'avère très matérielle en consommant plus d'1% de l'électricité mondiale. » Etienne Cliquet diffusera par ailleurs « sortie de route », un origami en forme de roue de voiture. De la roue au Cloud computing, ses jeux de papiers continuent d’explorer le grand écart entre les mots et les choses.

Uta Eisenreich est allemande et réside à Amsterdam. http://www.hier-eisenreich.org/

La démarche d’Uta Eisenreich croise la photographie et la performance, une combinaison qui donne naissance à des installations vidéos, des conférences performées et des installations photographiques. Ses œuvres apparaissent comme le mariage insolite entre une approche conceptuelle et ludique, tel que dans la performance intitulée A language of Things, où des bruits sont associés à des objets. Son travail s’apparente ainsi à une exploration incongrue des relations entre les pensées et la réalité, faisant appel à des illusions d’optiques, à notre mémoire flottante faite de souvenirs de science, de tours de magie, de test d’évaluation et d’histoire de l’art.

Elle présentera à Colomiers une installation photographique issue de l’édition « A not B ». Dans cette série de tableaux photographiques soigneusement composés, des jeux de juxtapositions entre objets invitent le spectateur à essayer de discerner une logique interne et cachée.Dans ce jeu où l’artiste brouille les pistes, la diversité des images invite le spectateur à un jeu d’interprétation où l’œuvre s’apparente à un jeu de piste.

Fanette Mellier est graphiste et réside à Paris. http://fanettemellier.com/

Elle présente à Colomiers l’installation Pangramme, vaste casse en bois rassemblant les lettres de l’alphabet imprimées chez des imprimeurs différents. Un pangramme est une phrase reprenant l’ensemble des lettres de l’alphabet : de cette installation monumentale et interactive avec le public, l’auteur tirera un pangramme de son invention exposé sur un des murs de la salle d’exposition. Pangramme a été produit par Une saison graphique au Havre avec les écoles d’art de Cambrai et de Nîmes.

Spécialiste du graphisme imprimé, Fanette Mellier répond à des commandes, souvent atypiques, dans le domaine culturel. En parallèle de ces travaux commandés, qui la confrontent à des problématiques diverses, elle s'investit dans des projets expérimentaux dans le cadre de résidences, cartes blanches et expositions. Ces travaux spécifiques, parfois menés avec d'autres créateurs (écrivains, musiciens, scénographes…), lui permettent de questionner librement des notions fondamentales du graphisme: typographie, couleur, fabrication, rapport à l'espace public… Sa démarche peut-être définie comme une exploration poétique des techniques industrielles d'impression, en écho au contexte intellectuel, culturel et social de chaque projet.

Ernesto Sartori est né à Vicenza (Italie), il vit à Bruxelles. http://www.marcellealix.com/artistes/oeuvres/723/ernesto-sartori

On identifiait depuis ses premières œuvres le travail d’Ernesto Sartori aux formes géométriques et modulaires de ses sculptures et de ses peintures, reprenant toujours le même angle. Référence à l’architecture des années 60 et aux récits de science-fiction, ses installations apparaissaient comme des jeux de constructions, des aires de jeux et des espaces de divagations narratives. Son travail a récemment évolué : toujours réalisé à partir de constructions en bois, il a abandonné les angles obliques et s’oriente désormais vers des sculptures peintes qui constituent des paysages. Pour Colomiers, il produit un ensemble de modules posés sur roulettes que le spectateur pourrait assembler. Rubi-cube incomplet, morpion monumental, ces éléments formeront un paysage au centre de l’exposition.

Le travail d’Ernesto Sartori a récemment fait l’objet d’une exposition personnelle à l’Espace Madeleine Lambert à Vénissieux (cur. Françoise Lonardoni). Il a été invité la même année à produire une installation monumentale pour le centre d’art Passerelle à Brest (exposition Vernacular Alchemists, cur. Etienne Bernard et Antoine Marchand), tandis qu’on a pu apercevoir son travail dans le cadre de la FIAC (Jardins des Tuileries) et de Sèvres Outdoors (Cité de la céramique de Sèvres). Il est intervenu en 2015 dans le cadre de la programmation hors-les-murs du Parc Saint-Léger.

Commissaires d'exposition

Partenaires

Remerciements à l’isdaT, à l’Adresse du Printemps de Septembre et au Conservatoire à Rayonnement Communal de Colomiers pour l’accueil des artistes dans leurs programmes de rencontres et de formations.

Adresse

Pavillon Blanc Henri Molina Médiathèque | Centre d’art de Colomiers 1 place Alex Raymond 31770 Colomiers France

Comment s'y rendre

Bus Tisséo :

Ligne 21 – arrêt Lauragais – Pavillon Blanc

TAD 118 – arrêt montel

Linéo 2 - arrêt Pavillon Blanc

Lignes 150 et 32 – arrêt Pavillon Blanc

Train ligne C :

Depuis gare des Arènes Toulouse : arrêt Colomiers. Tarif Tisseo

Voiture :

N124 sortie 4, parking gratuit de 190 places, place Alex Raymond face à la Mairie

Dernière mise à jour le 29 avril 2021