Les 23e Rencontres Photographiques de Solignac

« Compositions » est le titre de cette 23ème édition des Rencontres Photographiques de Solignac. Ce mot fait référence aux pratiques des six artistes invités, lesquelles pratiques entraînent la mise en place de dispositifs [Techniques, de prise de vue, de point de vue…] qui à leur tour créeent des rapports entre des savoirs, des connaissances, des éléments (apparemment) hétérogènes. Ces choix, ces pratiques et ces dispositifs mettent au jour des concepts, des représentations qui abordent des problèmes d’urbanisme, de ruralité, de vie quotidienne ou d’une vie romantique inventée… « Compositions » est aussi une tendre allusion à la composition écrite (et pour cette programmation associée à l’image photographique) puisque trois des expositions présentées proposent des photographies et des textes littéraires. C’est le cas de Sandrine Jousseaume avec « Humaine comédie », une série de photographie de peintures des 18ème et 19ème siècle appartenant à plusieurs musée accompagnées d’un carnet au format du livre de poche contenant une réplique de « la comédie humaine » d’Honoré de Balzac, où l’artiste à mis certains mots en rouge, ces mots lorsqu’ils sont lus reconstituent une nouvelle histoire : l’ « Humaine comédie ». C’est également le cas des photographies de Magali Ballet, « Le village et son nom », qui associées au texte de Gérard Laplace nous propose une tentative de construction poétique d’un territoire en Creuse touché lui aussi par la mondialisation, l’uniformisation des comportements et des habitudes. C’est en fin le cas des photographies de Christiane Sintes, « Traversées », réalisées sur le territoire de la commune de Solignac lors d’une résidence de un an et qui soumises à la sensibilité de l’écrivain Ahmed Kalouaz offrent un document d’un genre nouveau sur cette commune, un document sensible, poétique et inventif. « Compositions » se décline aussi pour trois expositions en constructions photographiques pures. - Par l’assemblage de deux images en diptyque, comme celle de Frédéric Delangle, « Troisièmes territoire », fruit d’une travail de quinze années aux cours desquelles l’auteur a photographié des paysages en France et dans le monde (en Afrique et en Asie) se rendant compte qu’elles pouvaient être associées parce que ces paysages travaillés par l’homme montrent des correspondance (visuelle et tenant compte des contexte culturels de chacun) une sorte d’analyse structurale par l’image des civilisations contemporaines. - Par la collecte de cartes postales des années 1950-1960 représentant l’idéal de l’habitat social de l’époque, des immeubles colorisés maladroitement, et qui entre les mains de Mathieu Pernot se retrouvent agrandies, ces grand format accentuant l’absurdité des lieux et des rêves qui y furent associés et dont on connaît aujourd’hui le résultat. - Par la photographie de maisons abandonnées de Gaël Clariana, des intérieurs uniquement blancs, donc des maisons soigneusement choisies par l’artiste, « aménagées » de quelques objets en déshérence, en couleur, l’impression l’auteur les a disposés là, qu’il a composé une scène. Pourtant, non, c’est uniquement le regard, le point de vue, le cadrage et le choix du moment de prise de vue pour avoir « une lumière » qui est en jeu, l’illusion d’une construction photographique parfaite, le paradoxe du beau dans le laid. « Compositions » a la prétention de proposer des œuvres photographiques dans le sens « humaniste » c'est-à-dire qu’elles se donnent à la perception sensible et esthétique, sans contextualité qui les rendrait éphémères.