Lécher l'ours

Exposition
Interface Dijon
carton de l'exposition lécher l'ours

« Le monde est un nœud en mouvement.
Il n'existe pas de sujet ni d'objet déjà
formé, ni aucune source unique, aucun
acteur unifié ou visée ultime. »
Donna Haraway

Lécher l'ours est une expression ancienne. On en garde aujourd'hui la trace dans la formule « un ours mal léché ». Rares étaient ceux qui, au moyen-âge, avaient eu la chance d’être témoin de la vie intime des ours. On disait alors que les ours donnaient forme à leurs petits à force de les lécher.

Lorsque l'ourse lèche son ourson, tout en le formant, elle vient déposer sa salive sur le pelage de son petit. Elle vient le façonner et le façonnera continuellement. Elle le lavera à coups de langue jusqu'à ce qu'il devienne mature, qu'il devienne autonome. Que sa forme soit, dans l'espace, reconnaissable de tous et parmi tous. Un travail quotidien, déposer sa salive sur cette surface, mais également collecter et ingérer tout ce qui s'y trouve. L'épiderme de cette forme devient un espace d'échange. À chaque passage de langue, dans une sorte de partage construit petit à petit, tout change, tout bouge, juste un peu. Chaque coup de langue paraît semblable au précédent mais certains sont plus insistants que d'autres, certains plus humides ou râpeux.
 
« On ne comprend bien les choses qu'en les faisant et en étant faites par elles » disait Gertrude Stein. Ainsi opère l'ourse, façonner et façonnant son petit. Aux aguets de la forme qu'elle produit, aux aguets de la présence de la chose qu'elle façonne. Ainsi opèrent Mathilde Besson, Eva Pelzer et Andréa Spartà.

Chloé Poulain

Complément d'information

Mathilde Besson développe son travail sur différents rythmes. Le premier, long et engageant, est celui de la couture, du tissage. Le second, plus lapidaire et spontané, est celui des découpes, dessins et assemblage. Les matériaux des oeuvres témoignant alors du temps et des gestes qui les auront faits naitre. Mathilde Besson développe un champs de formes directement lié à celles que créent les ouvertures architecturales, fenêtres, porte, brèches et autres. Archéologie fabulé, ses « formes-fantômes » sont autant de témoins de gestes invisible, semblant flotter dans l’espace.

Le travail d’Eva porte sur l’appropriation des savoirs populaires à travers l’invention d’un registre folklorique personnel. Il se traduit la plupart du temps par la création d’objets, installations, sculptures. Elle utilise des médiums du registre vernaculaire, issus de l’artisanat, et des matériaux de récupération.  En passant par le concept de réalité alternative et la production de fictions, elle réinvente des récits communs. Enfin, l’humour est nécessaire au monde d’Eva car il permet plusieurs strates de lecture, et de se défier de la bêtise par l’ironie.

Andréa Spartà s’intéresse à ce qu’il appelle les choses compagnes, celles avec lesquelles nous vivons, que nous influençons et qui nous influencent. Il essaie de faire avec elles, sans chercher à les dominer. Cherchant leur juste place pour mieux déterminer la nôtre. Son travail est de prêter attention aux choses, d'essayer de développer une relation de compagnie avec elles. C'est une question à la fois politique, écologique et existentielle. Andréa essaie alors de produire des sortes d'hybrides ou de chimères entre les « choses vues » et ses yeux, sa mémoire.

Commissaires d'exposition

Horaires

ouvert de 14h à 19h
du mercredi au samedi et sur rendez-vous

Tarifs

Entrée libre

Adresse

Interface 12 rue chancelier de l'hospital 21000 Dijon France
Dernière mise à jour le 4 mai 2022