Le Bel Accident

Vincent Ganivet, Lang/Baumann
Exposition
Arts plastiques
Le Confort moderne Poitiers

Exposition Le Bel Accident, Vincent Ganivet, Lang/Baumann, le Confort Moderne

L'exposition réunit de nouvelles oeuvres signées Lang/Baumann et Vincent Ganivet sous la forme de deux présentations monographiques croisées dans les espaces d'exposition. Leurs univers plastiques peuvent sembler au premier regard très éloignés : Lang/Baumann affectionne les formes arrondies, les couleurs « seventies » et les surfaces lisses, sans aspérités, là où Vincent Ganivet préfère les angles incisifs, et les matériaux bruts. Lang/Baumann propose un rapport à l'oeuvre qui passe souvent par le bien-être ou le jeu, Vincent Ganivet construit des situations potentiellement dangereuses. L'exposition assume ces contrastes et s'élabore sur un paradoxe : la rigueur quasi obsessionnelle de Lang/Baumann à construire des espaces architecturés à l'aide de formes sinueuses rencontre la désinvolture de Ganivet et son approche empirique de matériaux qui, dans leur usage courant, suivent des règles d'utilisation précises et pragmatiques. La réunion de ces artistes ne repose pas sur la confrontation de recherches formelles mais bien sur une éthique partagée : indépendance, auto gestion, maîtrise des outils de production. Ils ont chacun choisi de rénover une friche pour vivre et travailler en périphérie, Lang/Baumann dans une petite ville industrielle en Suisse alémanique proche de Berne et Vincent Ganivet à Saint-Denis en banlieue parisienne. L'exposition au Confort Moderne apparaît donc comme le prolongement naturel de leurs ateliers respectifs : une troisième « Fabrique » habitée d'escaliers sans fin, de voûtes inopérantes, de fontaines percées, de peintures murales hallucinatoires et de vibrations sympathiques...

Autres artistes présentés

Vincent Ganivet
« Avec Vincent Ganivet, on a parfois l’impression d’être avant le "parlant". Très peu de textes accompagnent la présentation de son travail, aucun signe n’apparaît dans les pièces elles-mêmes et le public est parfois contraint de regarder l’oeuvre depuis l’extérieur, derrière une vitre qui en étouffera les sons (Feu d’artifice). Ces sons sont souvent les seules paroles, onomatopéiques. Les travaux de Vincent Ganivet font ploc ploc, Fssshhhhhspaff, toc toc toc toc, témoignant d’un flux qui se crée dans la matière brute, standardisée (morte ?) qu’il utilise. » Emily King
Une exposition de Vincent Ganivet ressemble étrangement à une visite de chantier, on y croise des parpaings, du béton, des pompes hydrauliques, des compresseurs, des traces d'engins. A partir de matériaux de construction, d'outils, d’éléments préfabriqués simples, Vincent Ganivet installe des événements, parfois des accidents, dans les expositions.
Pour la première fois, l'artiste met en oeuvre un ensemble de formes emblématiques de son travail à l'échelle de l'Entrepôt-galerie. Vincent Ganivet joue avec l'eau, produit des dégâts, construit des fontaines ou parfois les deux (cf la voiture dégoulinante sur le parking du Confort Moderne réalisée pour l'exposition l'Egosystème en 2006). La fontaine qu'il réalise cette fois prend ses aises, se déploie dans la salle noire, cache sa mécanique et son fonctionnement pour se faire plus précieuse, plus complexe tout en exhibant sa logique interne, empirique et bricolée. Le béton s'agglomère en petits rochers qui vibrent à intervalles réguliers, la matière brute et inerte devient mouvante (vivante ?).
Avec une fausse virtuosité Vincent Ganivet s'emploie vainement à rejouer des éléments architecturaux maitrisés depuis des siècles. Le parpaing a remplacé la pierre, et le jeu, l'équilibre, prennent le pas sur la prouesse. Ce grand terrain de jeu procure pourtant une étrange impression, une forme de déception, et laisse place à un terrain vague mélancolique et désuet.

Lang/Baumann
Sabina Lang et Daniel Baumann sont nés à l'orée des années 70 et travaillent ensemble depuis presque deux décennies. Leur signature - L/B - reconnaissable au premier regard agit comme une marque de fabrique, « un signe attestant un contrôle » pour en reprendre la définition la plus concise. Lang/Baumann n’abrite pas l'une de ces multinationales de l’art parfaitement marketées et diffusant ses produits dérivés dans toutes les bonnes enseignes mais plutôt une petite entreprise familiale aux secrets de fabrication jalousement gardés. Une production appliquée, pas de séries ou de cadences infernales, une fabrication sur mesure où rien n'est sous-traité. Tout commence dans cette ancienne usine de Burgdorf, petite ville suisse alémanique où se côtoient verts pâturages et activités industrielles. Atelier de fabrication, bureau d'études et vie de famille se nouent au coeur de cette coopérative. Modèle usé et peu productif pour certains, que Sabina Lang et Daniel Baumann s'attellent à rendre tangible au travers d’une douce utopie : construire un monde plus beau, plus confortable, plus doux, plus rond, plus coloré tout en élaborant une oeuvre radicale et rigoureuse. Ils embrassent avec décontraction les formes et les motifs de leur enfance, apparus dans les années 60, sans verser dans la nostalgie ou la réaction. Lang/Baumann répond au désenchantement des années 00 par de belles entrées « beautiful entrance », de beaux murs « beautiful walls », de beaux salons « beautiful lounges », de belles fenêtres, « beautiful windows », et des aires de jeux « spielfeld ». Dessiner un bar, un baby-foot, une table de billard ou même une chambre d'hôtel reste pour eux la promesse d'une expérience esthétique unique.
Les matériaux et les formes sont choisis pour leurs qualités plastiques et fonctionnelles. Les peintures murales ou installations affectionnent le surplomb, l'angle, le motif cinétique pour accentuer une perte de repères. Lang/Baumann opère par recouvrement de l’existant (murs, routes, terrains de sports), agit depuis la surface. La pratique du all over permet de déborder de la surface du mur-cimaise comme espace d’exposition, afin d’exploiter librement les sols, plafonds et éléments de mobilier pour la conception d’environnements. Les « beautiful walls » réalisent le passage de la surface au volume, de la deux dimensions à l’espace tridimensionnel.
Ni fascination béate, ni aveuglement de leur part, Sabina Lang et Daniel Baumann sont bien des artistes de leur temps. Ils maîtrisent parfaitement le potentiel des formes qu'ils utilisent et articulent leurs corollaires sociaux et politiques (un vent de liberté et une croyance en la capacité du politique à changer la société). Quand le design joue sur la sérialité et une large distribution, Lang/Baumann propose des oeuvres qui infléchissent les logiques commerciales.
Par la matérialisation d’une pensée pragmatique des espaces d'exposition et de leur habitabilité, L/B lève toute ambiguïté : l'architecture et le design au quotidien seront toujours pour eux un art, et non une fonction dans l'attente d'une utopie retrouvée.

Partenaires

Pro Helvetia

Horaires

du mercredi au dimanche de 14h à 19h et les soirs de concert

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Le Confort moderne 185 rue du faubourg du Pont-Neuf 86000 Poitiers France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022