Laurent Fiévet, Vidéo, They Shoot Horses,Don't They ?

Avec les montages de la série They Shoot Horses, Don't They? Laurent Fiévet aborde le genre cinématographique de la comédie musicale et plus largement les codes de représentation de la danse au cinéma. Succédant à l'ensemble Les Larmes de Lora, ils s'inscrivent en nette rupture avec eux à travers les choix esthétiques qui les caractérisent (mouvements d'accélération au détriment des jeux de ralenti, montage cut remplaçant fondus enchainés et effets de surimpression, préférence accordée à la couleur sur le noir et blanc). En dispensant une certaine bonne humeur, la série met également en place un changement de ton notable par rapport aux œuvres précédentes. Le corps de l'acteur - élément dynamique au coeur de la représentation- engage par sa frontalité un rapport direct de confrontation avec le spectateur, l'invitant ainsi à participer à sa performance et à lui faire partager le plaisir qui en émane. Le jeu de miroir que l'œuvre est susceptible d'instaurer avec son public évoque la pratique de la playstation ou du karaoké. Mais on pourra également y voir, conformément à l'éclairage qu'apporte le titre de la série, directement emprunté à un film de Sidney Pollak (On achève bien les chevaux), une sorte de memento mori ambigu.