L'art est la chose...

HULAUT & CLARKE and friends
Exposition
Arts plastiques
Le Carré - scène nationale Centre d'art contemporain d'intérêt national Château-Gontier

Le Carré, Scène nationale – Centre d’art contemporain
et les services Culture et Patrimoine du Pays de Château-Gontier invitent Anabelle Hulaut et David Michael Clarke à concevoir quatre expositions dans quatre lieux culturels de Château-Gontier.
A la Chapelle du Genêteil, les deux artistes proposent une exposition en duo mettant en relation leurs productions récentes.
Au Musée d’Art et d’Histoire, à la Médiathèque et dans la salle gothique du Pôle
culturel des Ursulines, ils invitent des artistes qui, de près ou de loin, ont participé à la construction de leurs identités artistiques.

 

Lorsqu’Anabelle Hulaut et David Michael Clarke concoctent un projet à quatre mains, ils l’ancrent naturellement dans le grand bouleversement des rencontres : leur rencontre avec l’art, leur rencontre amoureuse, mais aussi le rendez-vous de deux univers artistiques individuels, développés pour l’occasion en forme d’exposition complice. Soit un processus à la fois distant et intime, critique et émotionnel, qui a pour moteur l’interaction subjective, et se déploie à la façon des cadavres exquis, où chacun pose une idée, un geste ou un objet, sans projeter prématurément un plan définitif de l’ensemble.

Si l’on cherche d’autres analogies pour configurer mentalement l’expérience menée à la chapelle du Genêteil par ces deux artistes, l’image du parc à fabriques1 vient à l’esprit : un paysage constellé d’objets (aux allures naturelles ou architecturales, ornementales ou sculpturales) qui par leur disposition et leur succession, assurent l’articulation des points de vue et ponctuent des circuits de promenade, des circuits de pensée. Ce type d’espace de délices2, qu’animent la surprise et l’échappée vers l’imaginaire, entre
en résonance avec le titre choisi pour ce projet : OUTSIDE IN, de l’extérieur vers l’intérieur, ou comment recréer au sein du lieu d’exposition une composition paysagère fantasmatique et dérivante. Car nous sommes bien ici dans la dynamique du glissement et de la métamorphose, quand les sentiers bifurquent et que les œuvres ricochent entre elles imprévisiblement.

Dans une douceur crépusculaire où le jour et la nuit se confondent autant que le réel et la fiction, le visiteur découvre un univers dont la poésie est celle du hasard, du paradoxe, et qui brouille les frontières entre l’objet d’art et l’environnement quotidien. Chaque œuvre est une hypothèse d’évasion : des lampadaires Thorn-Holophane, anciennement installés dans la ville de Château Gontier, sont ici réinterprétés en sculptures modernistes ; un coin salon composé d’un canapé et de deux fauteuils déclinés en fer galvanisé et pin douglas, croise les pièces originales LC2 de Le Corbusier avec l’esthétique robuste du mobilier urbain. Ailleurs, la dalle au sol d’un panier de basket rappelle subtilement les bulles à six coques de Maneval, prototype d’unité d’habitation d’avant-garde...Entre intérieur et extérieur, chaque œuvre met en scène son caractère hybride et mouvant, sa double nature référentielle.

Au-delà de ces références (Buren, Le Corbusier, Judd, Maneval, etc.) plus ou moins lisibles, il est souvent question du corps : le mobilier mais aussi une guitare posée là, un ballon prêt à rebondir fonctionnent comme des invites, des encouragements à habiter l’exposition de manière légère et inhabituelle. Le jeu est d’ailleurs l’un des ressorts de cette proposition artistique : un jeu de quilles mâtiné de boulier chinois côtoie certaines sculptures prélevées dans le Bois-Joli de Serge Danot, inventeur du psychédélique Manège enchanté, chatoyant dessin d’animation des années 60. Le jeu de piste semble aussi à l’honneur : que font donc ces lunettes sur ce bloc de granit rose, quelle investigation mène-t-on ici ?

Ces réminiscences d’enfance provoquent des mises en abyme d’un temps dans un autre temps, d’un espace dans un autre espace. Le Studio Sam Moore, sculpture pénétrable aux multiples ramifications, installe lui aussi une capsule d’espace-temps modifié au cœur de l’exposition. Conçu à partir de la chambre d’Ames, construite par l’ophtalmologiste américain Adelbert Ames Jr en 1946, le Studio Sam Moore

permet de produire une illusion d’optique qui, par son effet d’étrangeté, convoque l’attention avec une force particulière. Observable autant de l’extérieur que de l’intérieur, la sculpture-cabane recèle des objets indices qui introduisent le visiteur au monde de Sam Moore, personnage de fiction émanant de cet espace en distorsion. Tout vacille (les repères et les échelles), et tout s’interpénètre (les espaces, les objets qui les peuplent et les personnes qui les ont créés).

Dans ce vaste jeu d’imbrications, la question du regard demeure centrale : l’énigme de la perception, l’instabilité des apparences, la notion d’image cachée ou de dualité de la vision. Moins théoriciens que « réceptacles de sensations »3, Anabelle Hulaut et David Michael Clarke mettent en forme une joyeuse histoire de l’œil, pleine de rebondissements et de hasards objectifs, d’analogies formelles et poétiques. Dans cet art narratif basé sur une causalité magique, toutes les œuvres sous-tendent finalement l’interrogation suivante : où suis-je ? Que vois-je ? Qu’est-ce que je peux faire ?

Eva Prouteau 

Notes

 

1 - Les premières fabriques apparaissent dans les jardins anglais au début du XVIIIe siècle et se répandent avec la mode des jardins paysagers.

2 – L’expression est d’Henri-Léonard Bertin, qui acquit en 1762 le domaine du seigneur de Chatou et y fit aménager durant deux décennies un parc extraordinaire.

3 – L’expression est prêtée à Cézanne par J. Gasquet in Cézanne, 1927, cité in Conversations
avec Cézanne, éd. Macula, 2010, pp. 109 et 110 : « L’artiste n’est qu’un réceptacle de sensations»,»toute sa volonté doit être de silence.»

 

Artistes présentés:

 

Patrice Carré, François Courbe, Bernadette Genée et Alain Le Borgne, Jacques Halbert, Ron Haselden, Sharon Kivland, Odile Landry, Jean-Philippe Lemée et Gilles Mahé, David Shrigley, Laurent Tixador,
Pierre Beloüin et Optical Sound, Christelle Familiari, Bertrand Gadenne, Joël Hubaut,
Philippe Lepeut & Ecart Production, Roberto Martinez, Thierry Weyd & Les Editions Cactus, Boris Achour,

Iván Argote, Sven Augustijnen, Maya Bajevic, Richard Baquié, David Bellingham, Ben, Cécile Benoiton,
Stéphane Bérard, Alain Biet, Michel Blazy, Jean Bonichon, Jean-Yves Brélivet, Sophie Calle, François Curlet, Dector & Dupuy, Jeremy Deller, Marcel Dinahet, Jason Dodge, Olivier Dollinger, Jean Dupuy, EDS Collectif, Hans-Peter Feldman, Marcelline Filliou, Robert Filliou, Francesco Finizio, Nicolas Floc’h, Raymond Hains,
Jacques Julien, Karen Knorr, Lucas L’Hermitte, Eric Madeleine, Jonathan Monk, Laurent Moriceau, Georgia Nelson, Florence Paradeis, Régis Perray, Fédérica Peyrolo, Paul Pouvreau, Babeth Rambault, Hugues Reip, REP group, Cindy Sherman, Dan Shipsides & Neal Beggs, Pierrick Sorin, Ernest T, Erwan Venn, Jacques Villeglé, Olga Adorno, Jean-Luc André & DDAA, Renaud Auguste-Dormeuil, Virginie Barré, Joseph Beuys, Pavel Büchler, Mircea Cantor, Carted, Raphaël Cuir, Béatrice Dacher, Gaël Derrien, Elgaland-Vargaland, Forced Entertainment, Julie C. Fortier, Michel Gerson, Dan Graham, Marie-Ange Guilleminot, Nicolas Hérisson, Michel Journiac, Arnaud Labelle-Rojoux, Yveline Lecuyer, Lefevre Jean-Claude, Hervé Leforestier, Pierre Leguillon, Claude Levèque, Valérie Mréjen,
Daniel Nadaud, Yoko Ono, ORLAN, Jean-Luc Parant, Mathias Pérez, Alex Pollard, Ross Sinclair, Daniel Spoerri, Elsa Tomkowiak, Ragnar Tournarie & Denis Rouillard (Cranes Records), Laurence Weiner, George Wyllie. 

Complément d'information

30 mai > 30 août
Chapelle du Genêteil
"OUSIDE -IN"
entrée libre
du mercredi au dimanche de 14h à 19h

30 mai > 30 août
Musée d'art et d'histoire du Pays de Château-Gontier
"HOTEL PARTICULIER"
entrée libre
du mercredi au dimanche de 15h à 19h

30 mai > 30 août
Médiathèque
"VIDE POCHES"
Avenue Carnot
mar, mer, et ven / 15h à 19h
Jeu et sa. / 10h à 18h

"GOTHIC CINEMA"
3 juillet > 30 août
Pôle culturel des Ursulines, Salle Gothique
Lun / sam. 9h30<12h30 / Dim.+jours fériés 10h<12h30 / 14h<17h30

Partenaires

Frac Bretagne, Frac des Pays de la Loire, Frac Basse Normandie, Musée des Beaux Arts de la Ville de Nantes, Musée Municipal de la Roche-sur-Yon, Heure Exquise!, Centre international pour les arts vidéos, Galerie Art:concept, Paris.

Horaires

30 mai > 30 août Chapelle du Genêteil entrée libre du mercredi au dimanche de 14h à 19h 30 mai > 30 août Musée d'art et d'histoire du Pays de Château-Gontier entrée libre du mercredi au dimanche de 15h à 19h 3 juillet > 30 août Pôle culturel des Ursulines, Salle Gothique entrée libre tous les jours selon horaires de l'Office de Tourisme

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Le Carré - scène nationale Centre d'art contemporain d'intérêt national 4bis rue Horeau 53203 Château-Gontier France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022