L'appel de la mariée

Marcel Duchamp a eu une importance capitale dans l’art du XXème siècle. Aujourd’hui encore, de manière affirmée ou plus sous jacente, sa réflexion est présente dans le travail de nombreux artistes. L’exposition L’appel de la Mariée n’est pas pensée comme une démonstration frontale de cette filiation, elle s’inscrit dans une volonté de mettre en avant un « esprit Marcel Duchamp » dans le travail de créateurs actuels. Cet esprit peut-être présent de manière formelle mais il l’est aussi dans la conception même de l’oeuvre en tant qu’objet discursif, dans l’importance du langage comme moyen de faire vivre l’oeuvre au-delà de son espace physique, dans un espace mental. S’il est vrai que toute oeuvre essaye d’exister par-delà les limites de sa seule présence, il faut néanmoins noter que cette condition est plus ou moins capitale dans le travail de tout plasticien. Cette exposition tente de centrer son objet sur des oeuvres à la potentialité discursive clairement efficiente, des oeuvres qui jouent avec le langage et qui interroge le « regardeur » au-delà de la représentation de l’objet.

C’est à partir d’un texte de Michel Rose qui analyse de façon singulière deux oeuvres de Duchamp, Le Grand Verre et In Advance of the Broken Arm, que nous avons élaboré notre réflexion.
Dans l’ouvrage L’appel de la Mariée, publié pour l’occasion, Michel Rose nous prend le partie de mettre en place une analyse linguistique et poétique des oeuvres nous faisant entrer de plein pied dans le monde duchampien.
Duchamp passait d’un langage littéraire à sa transcription picturale grâce à un travail linguistique approfondi basé sur divers jeux de mots générateurs d’une création unique en son concept. Michel Rose a alors imaginé des hypothèses de transposition à la fois sérieuses et désopilantes tout en reliant les deux oeuvres par le biais d’une poétique pour le moins inattendue.

L’exposition s’écrit alors dans un état d’esprit à la fois amusant et décalé, dans une esthétique productrice de sens et dans une réflexion qui met en avant le langage et sa (dé)construction. Cette triple approche nous permet d’embrasser des oeuvres dissemblables, mais qui participent d’un même univers.
L’exposition ne se veut pas réductrice de sens et cette approche est pour nous un prétexte à interroger chaque pièce dans sa singularité.