Læ collectiv·f·e

Bye Bye Binary
Arts plastiques
CAC Brétigny Brétigny-sur-Orge
Vue de l’exposition «Læ collectif·v·e», Bye Bye Binary. Commissaire: Céline Poulin. Co-production CAC Brétigny—Théâtre Brétigny, 2023. Photo: Aurélien Mole.

Commissaire: Céline Poulin

Axelle Neveu
Camille°Circlude
Enza Le Garrec
Eugénie Bidaut
H·Alix Sanyas (Mourrier)
Léna Salabert Triby
Ludi Loiseau
Roxanne Maillet
Tif*Félixe Kazi-Tani

Bye Bye Binary est à la fois un espace pédagogique et une communauté. Iel regroupe un ensemble de personnes (29!), majoritairement graphistes, qui expérimentent et étudient le langage et l’écriture inclusive et non-binaire. Ainsi, BBB a créé la première typothèque présentant des typographies inclusives.

BBB est particulièrement intéressé·e par les ligatures (la fusion de deux ou trois graphèmes d'une écriture pour en former un nouveau), comme ici ae et vf. Ces ligatures sont «fondées sur le lien et les transitions plus que sur la séparation», comme l’écrit læ collectiv·f·e. Une constatation aux allures de statement, qui incarne un engagement artistique proche des pratiques d’éducation populaire et de co-création.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit, dans leurs méthodes en général et pour cette exposition: créer à plusieurs. Pour l’exposition au Phare, le groupe a décidé de choisir ensemble des pièces à montrer et de produire collectivement un grand drapeau en s’appropriant les thématiques des pièces du cycle «Un pas de côté» au théâtre. Cette production commune suit des règles très précises établies dans le groupe. Comme l’écrit Marie Preston: «Pour s’inventer en tant que collectif, chaque groupe doit décider de gestes instituants spécifiques à son fonctionnement. Cela suppose que des «artifices», des «institutions» soient mis en œuvre. L’artifice «tente de faire fuir les agencements qui, dans une situation donnée, bloquent, enferment les capacités d’agir.» Il consiste à inventer de nouvelles habitudes et à croire en leur potentiel effet transformateur. Il nous oblige à des «décalages» et à réfléchir à ce qui semble «naturel».[1]»

Chez BBB, les membres du groupe se voient attribuer de manière aléatoire un numéro de 1 à X, suivant le nombre de membres participant à la création ou au projet (9 pour Brétigny). Ensuite, chacun·e complète, modifie, transforme la proposition de læ précédent·e, à la manière d’un cadavre exquis. Enfin pas exactement… Le cadavre exquis est un jeu collectif «qui consiste à faire composer une phrase, ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu'aucune d'elles ne puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes.». Ici, chaque co-créateur·rice connaît ce qui a été réalisé et crée à partir des créations précédentes, læ dernier·ère ayant le dernier mot. Il y a donc quelque chose d'extrêmement hasardeux, mais lié à la rencontre entre des personnes et des univers, chacun·e ne crée pas seul sans tenir compte des autres, au contraire.

La commissaire Karin Schlageter écrit, en parlant des ligatures de BBB, que «leurs tracés enlacés produisent une esthétique de l’amour», tant il est vrai que l'entrelacement des lettres génère une image tendre et affectueuse. Le philosophe Alain Badiou définit l’amour comme la rencontre de différences qui vont ensemble «expérimenter le monde d’une façon neuve[2]». L’amour ne peut donc prendre qu’une «forme hasardeuse». «En réalité, c’est tout simplement une drôle d’aventure» rappelle l’autrice de bande dessinée Liv Strömquist, citant Lou Andréas-Salomé[3]. C’est bien tout le travail de Bye Bye Binary, comme typographes, graphistes, artistes, qui se construit ainsi. Iels nous emmènent avec elleux hors des sentiers battus et rebattus de la langue, pour donner corps à d’autres rapports à soi et aux autres. Comme le décrit Strömquist, à la suite de la philosophe Eva Illouz, l’engagement affectif est intuitif et «la prise de décision rationnelle entrave notre capacité à nous engager sur le plan affectif». bell hooks le dit autrement: «on ne peut s’éveiller à l’amour que si on se débarrasse de son obsession pour le pouvoir et la domination[4]». Le travail collectif de BBB implique un lâcher-prise de l’autorité car tout·e un·e chacun·e est auteur·rice collectivement, sans que la participation individuelle puisse visuellement être identifiée. Avec BBB, le groupe fait corps dans une logique de partage du pouvoir et de mélange des identités.

Bye Bye Binary (BBB) est une collective franco-belge, une expérimentation pédagogique, une communauté, un atelier de création typo·graphique variable, un réseau, une alliance. La collective, formée en novembre 2018 lors d’un workshop conjoint des ateliers de typographie de l’École de Recherche Graphique (erg) et La Cambre (Bruxelles), propose d’explorer de nouvelles formes graphiques et typographiques adaptées à la langue française, notamment la création de glyphes (lettres, ligatures, points médians, éléments de liaison ou de symbiose) prenant pour point de départ, terrain d’expérimentation et sujet de recherche le langage et l’écriture inclusive et non-binaire.

«Læ collectiv·f·e» s’inscrit dans le cycle «Un pas de côté» du Théâtre Brétigny qui co-produit l’exposition. Le CAC Brétigny est un établissement culturel de Cœur d’Essonne Agglomération. Labellisé Centre d'art contemporain d'intérêt national, il bénéficie du soutien du Ministère de la Culture—DRAC Île-de-France, de la Région Île-de-France et du Conseil départemental de l’Essonne, avec la complicité de la Ville de Brétigny-sur-Orge. Il est membre des réseaux TRAM et d.c.a.

Notes:

[1] Céline Poulin et Marie Preston (dir.), Marie Preston, Inventer l’école, penser la co-création, CAC Brétigny-Tombolo Presses, 2021.

[2] Alain Badiou avec Nicolas Truong, Eloge de l'amour, Champs Essais, Flammarion, 2021.

[3] Liv Strömquist, La Rose la plus rouge s’épanouit, Rackham, 2019.

[4] bell hooks, À propos d’amour, Éditions divergences, 2022.

Artistes

Partenaires

«Læ collectiv·f·e» s’inscrit dans le cycle «Un pas de côté» du Théâtre Brétigny qui co-produit l’exposition. Le CAC Brétigny est un établissement culturel de Cœur d’Essonne Agglomération. Labellisé Centre d'art contemporain d'intérêt national, il bénéficie du soutien du Ministère de la Culture—DRAC Île-de-France, de la Région Île-de-France et du Conseil départemental de l’Essonne, avec la complicité de la Ville de Brétigny-sur-Orge. Il est membre des réseaux TRAM et d.c.a.

Horaires

Entrée libre.
Ouvert du mardi au samedi de 14h à 18h.
Ouverture les soirs et dimanches de représentation au Théâtre Brétigny, scène conventionnée.

Tarifs

Entrée libre

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

CAC Brétigny Cœur d'Essonne Agglomération Rue Henri Douard 91220 Brétigny-sur-Orge France

Comment s'y rendre

Accès en RER C:

Arrêt Brétigny. Depuis Paris, trains BALI, DEBA, DEBO, ELBA direction Dourdan, Saint-Martin-d’Étampes. Depuis Dourdan et Saint-Martin-d’Étampes, trains LARA, PARI, DEBO direction Saint-Quentin-en-Yvelines, Gare d’Austerlitz, Invalides.

De la gare de Brétigny, suivre la direction Espace Jules Verne, prendre le boulevard de la République, continuer sur la place Chevrier, prendre légèrement à droite sur la rue Danielle Casanova, et au rond-point prendre la première à gauche, rue Henri Douard.

Accès en voiture:

Depuis Paris, A6 direction Lyon, sortie Viry-Châtillon, Fleury-Mérogis, puis Brétigny centre. Depuis Évry, Francilienne direction Versailles, sortie 39B direction Brétigny. Depuis Versailles, Francilienne direction Évry, sortie Brétigny centre. Depuis Étampes, RN20 direction Paris, sortie Arpajon—Égly—Brétigny-sur-Orge—Saint-Vrain.

Pour venir en covoiturage, rejoignez le groupe BLABLACAC(B) sur Facebook.

Dernière mise à jour le 30 janvier 2023