La vie et la mort des œuvres d'art

de Christophe Lemaitre
Exposition
Arts plastiques
cneai = Paris 14

Un projet de Christophe Lemaitre. Avec Gregory Buchert, Le Bureau/, Benoit Dagron, Alexis Guillier, Paul-Hervé Parsy, Salvage Art Institute (et AXA Art France). Au sujet de Pierre Bonnard et Jean-Luc Blanc, Marcel Duchamp, Alberto Giacometti, Fernand Léger, Pierre Mercier.

À l’occasion de la réalisation de la publication intitulée « Machine » (2012), en compagnie d’Aurélien Mole, co-éditée par le Cneai et le Mac/val, une collection de reliques d’œuvres d’art moderne et contemporain nous fut présentée par le restaurateur Benoit Dagron : des drapeaux de Buren, des semences arrachées sur des toiles de Fernand Léger, des fils de mobile de Calder, des châssis signés par De Staël, etc. Ces objets qui furent des œuvres d’art et ne le sont plus, rassemblés au fil des années et des restaurations par Benoit Dagron, sont le point de départ de « La vie et la mort des œuvres d’art ».

Dès 2006, avec le projet « Aakey », François Piron composait en guise d’exposition un reliquaire dans une minuscule cellule du Centre de Création Contemporaine de Tours avec une sélection de morceaux d’œuvres d’art confiés par quelques amis artistes (la partie pour le tout). Sept ans plus tard, la vitrine de « Keeping is not collecting », proposée par Jason Hwang à la bibliothèque publique de Los Angeles, re-fétichisait des artefacts traversés par les temps de production de l’œuvre dont ils s’étaient séparés, perdus. Transmués par la vitrine, ils étaient re-positivés. Ces deux exemples, proches de la collection de Benoit Dagron, témoignent d’une préoccupation contemporaine aujourd’hui partagée pour le devenir d’objets qui furent des œuvres d’art et ne le sont plus : Chez des artistes comme Alexis Guillier (« Reworks », depuis 2009), Gregory Buchert (« Le musée domestiqué », depuis 2012), ou bien du côté de projets tels que « Gallery of Lost art » (Tate Modern, 2012-2013), « Reversibility: A theater of de-creation » (Pierre Bal-Blanc, 2008-2012), le Salvage Art Institute (Depuis 2009, le projet d’Elka Krajewska recense et médiatise les cas d’œuvres endommagées considérées par les assureurs comme no-longer-art). Le collectif curatorial Le Bureau/, dans le cadre de l’exposition « Le syndrôme de Bonnard » à la Villa du Parc (Annemasse, 2014), a invité des artistes à reprendre et continuer l’une de leurs œuvres présentes dans la collection du Mamco, avec l’accord du musée. L’artiste agit ici à l’endroit du restaurateur. Ce même restaurateur qui agit parfois, comme le démontre Paul-Hervé Parsy au sujet de « Fountain », à l’endroit de l’artiste : si la restauration est toujours un acte de production, le cas particulier de la restauration de « Fountain » au Centre Pompidou, après les dégradations de 1993 et 2006, a ceci de passionnant qu’elle produit à la fois un original (Désormais différent des autres exemplaires édités par Arturo Schwarz en 1964, le readymade restauré devient une pièce unique) et un faux (On parle alors généralement d’hyper-restauration ; car le readymade restauré, devenu un original, contredit fondamentalement le principe du geste de Marcel Duchamp). Ainsi, malgré le travail de conservation de la continuité cosmétique opéré sur l’objet, c’est en réalité d’un même geste que l’œuvre de Marcel Duchamp a cessé d’exister le jour où elle fut restaurée.

« La vie et la mort des œuvres d’art » esquisse les contours de quelques archétypes possibles permettant d’évoquer ce que sont désormais de manière tangible, à notre perception, ces œuvres démantelées : échantillon, relique définitive, relique non-définitive, fétiche, souvenir, archéologie, faux, transsubstantiation.

À Chatou, un ensemble d’artefacts sont présentés sur les lignes flottantes de structures fines en tube de fer plié conçues par les designers Camille Platevoet et Arnaud Daffos : la publication « Machine » (Benoit Dagron, Christophe Lemaitre, Aurélien Mole, 2012) ; les semences retirées d’un tableau de Fernand Léger (Collection de Benoit Dagron) ; une maquette, une photographie et l’enregistrement audio d’un texte lu par Gregory Buchert (« Le musée domestiqué », au sujet d’une œuvre déconstruite de Pierre Mercier) ; un catalogue d’exposition retouché de Jean-Luc Blanc (Proposé par le Bureau/) ; une œuvre endommagée d’Alberto Giacometti considérée par son propriétaire, l’assureur AXA Art, en état de « Total loss » (Proposée par le Salvage Art Institute) ; une nouvelle vidéo d’Alexis Guillier, dans le cadre de son projet « Reworks », qui évoluera au fur et à mesure du temps de l’exposition.

Christophe Lemaitre, Octobre 2014.

Avec le soutien de la DRAC Île-de-France, AXA Art France et de la Fondation Giacometti (Paris).

 

Commissaires d'exposition

Adresse

cneai = Cité Internationale Universitaire de Paris - Maison Internationale 21, boulevard Jourdan 75014 Paris 14 France

Comment s'y rendre

cneai = 2 rue du Bac île des impressionnistes 78400 chatou

Dernière mise à jour le 24 juillet 2020