La vie de château

L'exposition

Le centre d’art contemporain du château des Adhémar accueille une importante rétrospective du travail de Mat Collishaw, artiste britannique qui appartient à une génération de jeunes artistes ayant émergé au début des années 90’ sur la scène internationale. L’exposition est organisée autour de l’intitulé « La vie de château » et d’un travail en résonance avec l’identité, l’histoire, et la mémoire sensible de ce lieu de patrimoine.
Etablie d’une part autour d’un choix de pièces élues en référence à des maîtres anciens – Dürer, Georges de La Tour, Vélasquez, Bacon... – , d’autre part en lien avec la thématique paysagère et naturelle inhérente au travail de l’artiste, cette exposition reflète l’observation qu’il fait des comportements humains dont il souligne les travers. Elle traduit en outre le regard qu’il porte sur la société et ce qui l’environne.
Dans une seconde lecture, elle aborde les notions de Beau et de Sublime dans l’aspect excessif qui peut découler des images créées par l’artiste.
Et, plongeant dans l’histoire passée mais avec un traitement contemporain, Mat Collishaw inscrit aussi ce projet dans une actualité prégnante en traitant de sujets sous-jacents mais fondamentaux tels que la vie, la mort, l’asservissement, l’exil, la religion...
Ainsi, « La vie de château » révèle une mythologie personnelle atypique, un univers artistique forgé autour d’une réflexion aiguë sur les thèmes précités auxquels l’artiste donne corps et vie dans des images fixes (photographies) ou animées (vidéos), révélatrices de l’omniprésence d’un regard éveillé sur la société actuelle.

L’ensemble du travail de Mat Collishaw oscille entre deux pôles : séduction/réfraction, attirance/répulsion, vie/mort.
Pointant la superficialité perverse des images et la frénésie peu critique avec laquelle elles peuvent être distillées et consommées, Mat Collishaw nous livre sa vision, son regard, non sans humour, non sans ironie et gravité.
En témoignent ses photographies de fleurs (« Venale Muses »), magnifiques d’une part, toxiques de l’autre ; ses « Last meals », repas des derniers condamnés, sujet délicat au traitement chromatique non moins délicat dans la recherche de contrastes dignes d’un maître flamand ancien, au rendu sombre de la disparition prochaine…
Avec « The end of innocence » Mat Collishaw nous invite à redécouvrir Vélasquez en « tirant le portrait du Pape Innocent X fait par celui-ci, dans un jeu de surdimensionnement (5 x 3,77 m) et un traitement numérique, à porter un regard neuf sur les herbes de Dürer en les rendant vivantes une à une (« Whispering weeds ») grâce à une technologie ultra-pointue.
L’histoire est omniprésente, les arts, la littérature aussi: Baudelaire et ses «Fleurs du mal» sont de la partie.
Mieux, il s’astreint à se mettre en scène dans la vidéo « Blind date » qui nous amène à découvrir avec une certaine pureté du regard l’aspect métaphysique du chef-d’œuvre « Les Ménines » de Vélasquez: les yeux bandés, l’artiste opère un voyage initiatique, de Londres à Madrid, et se confronte, avec éblouissement, à cette œuvre majeure. Mat Collishaw nous fait dépasser le rationnel, touchant du doigt le sublime : cette « faculté de l’âme qui dépasse toute mesure des sens » comme le disait Emmanuel Kant
(« Critique de la Faculté de Juger »).
Pendant ces vingt dernières années, Mat Collishaw a développé son travail artistique et ses œuvres d’une manière très personnelle et très originale, recherchant constamment cette dimension : fascination et effroi, beauté et terreur, transcendance et outrage. « La vie peut être belle de mille manières mais la cruauté et la tragédie sont toujours présentes, en arrière-scène. »

Au sein de « La vie de château », il met en perspective les époques, les sujets, offre un voyage dans un imaginaire calqué sur une réalité, la sienne, au travers d’un regard, le sien, et qui est révélateur de dimensions troubles mais aussi alertes sur le monde.
L’ensemble des pièces amène à aiguiser l’acuité visuelle du spectateur à l’égard des images environnantes, qu’elles soient établies sur des codes anciens ou récents.
Renvoyant à de grandes figures artistiques, Mat Collishaw invite à se questionner sur le croisement entre réel et illusion, entre passé et présent ou comment appréhender l’image sans détours. Avec « La vie de château », l’artiste réanime le Château des Adhémar avec un passé artistique toujours présent, en utilisant les technologies du 21e siècle les plus sophistiquées de l’image en mouvement dans des installations qui côtoient le fantastique.

Les collaborations

Galerie Analix Forever (Genève), Verena Butt

L’édition

Un ouvrage accompagne l’exposition ; « Mat Collishaw, l’horreur délicieuse » est une édition initiée par Barbara Polla, galeriste genevoise de l‘artiste, autour de sept textes sur sept pièces choisies.
Disponible à la vente au château des Adhémar à partir du 6 avril 2013.

Les rendez-vous autour de l’exposition

Vernissage le samedi 6 avril 2013 à 12h
Rencontre avec l’artiste à 11h
Conférence à 15h avec Régis Durand, critique d’art, Barbara Polla, galeriste,
et Mat Collishaw

Nuit des Musées le samedi 18 mai 2013 de 19h à 23h.
Vidéoprojections de Joanna Malinowska et Jhafis Quintero
Entrée libre

Tarifs :