La distance entre V et W
Yael Davids, Vue des ruines de Bayt Thul, près de Jérusalem, Courtesy de l'artiste
Pour sa première exposition personnelle en France, fruit de sa résidence entamée en octobre 2014, Yael Davids, artiste d’origine israélienne et installée à Amsterdam, a imaginé une installation qui se saisit de l'espace. Elle y convoque les notions de limite territoriale, distance et proximité, ainsi que la charge culturelle que des objets véhiculent à travers leur déplacement temporel et géographique. Pivot de sa pratique artistique, le corps en perpétuelle migration (celui du performer ou du spectateur) est un canal où se croisent des expériences individuelles et collectives.
La pratique de l’artiste, entre installation et performance, engage plus généralement une réflexion autour de l’émergence identitaire, élaborée à l’intersection des champs personnels et politiques.
En déployant ce qu'on pourrait nommer une relation spécifique au lieu de la sculpture, l'installation de Davids aux Laboratoires d’Aubervilliers devient paysage, confinant le visiteur dans un espace de déambulation où il est amené à éprouver un état de frontière.
Autant ses précédentes installations fonctionnaient sur un principe d’interdépendance entre exposition et performance - la première documentant la seconde qui elle-même activait la première -, autant celle mise en place aux Laboratoires se concentre sur la dimension sculpturale de son travail.
Parallèlement au basculement horizontal du large panneau noir en enduit d’argile qui compose certaines de ses installations récentes, telle Ending with glass à Bâle en 2011, l’introduction d’une structure de bois et de verre, dans ce lieu, et contenant des objets faisant référence à un univers domestique vient provoquer le paysage plus abstrait étendu au sol.
L’œuvre de Yael Davids a de singulier qu’elle parvient à nouer deux dimensions sculpturales a priori contradictoires : abstraction et narration. C’est en regard d’une histoire tant nationale - celle d’une nation en devenir - qu’individuelle - sa propre biographie - que Yael Davids construit un travail où la sculpture rejoint le corps et l’espace comme lieu d’accueil et d’activation des conflits qui la constituent en partie.
Tarifs :
Entrée libre