KNOCKIN' ON HEAVEN'S DOOR

Frapper à la porte du ciel
Exposition
Arts plastiques
PPCM Nîmes

Artelinea a sélectionné des œuvres de la collection du Fonds régional d'art contemporain Languedoc-Roussillon... Philippe Decrauzat (Light Space Modulator), Graham Gussin (Threesixty et Known nothing), Man Ray (Anatomies), Fiorenza Menini (Résistance au Rohypnol), Lucien Pelen (Le griffon). -------------------------------------------------------------------------------- L'exposition regroupe des travaux qui nous semblent correspondre à la représentation de l’artiste désirant percer les secrets métaphysiques, forcer la vérité à sortir du vide et faire preuve d’audace ou de persévérance pour transformer sa nature et (ou) combattre les diverses fatalités de sa condition.

Complément d'information

Communiqué de presse

FRAPPER À LA PORTE DU CIEL (Knochin' on Heaven's door)

" L'artiste contemporain " est comme l'ange révolté, seul, sans Dieu, sans alter ego, sans femme. Il n'a pas de mains, pas de fécondité, pas de matrice, pas de passé, pas d'avenir, il est seul comme un Dieu qui n'aurait pas crée l'homme et conçu la femme pour que celui-ci ne soit pas seul. Sa lucidité luciférienne le contraint à faire son devoir de destruction, de critique et de négation. "1

Fiorenza Menini, dans la vidéo de la Résistance au Rohypnol, doit bien faire frisotter les poils des Dieux2 et plus encore, quand elle administre sciemment un puissant neuroleptique à ce jeune homme (un hardeur !) en pleine santé à des fins d'expériences (malsaines, dirait-on ?) : juste pour tester les limites de la résistance du corps humain, et aussi les limites de notre patience dans le temps...qui devient (c'est le moins qu'on puisse dire) autre...
Il nous semble que Fiorenza a quelque chose de " l'élue " dans son périple artistique et voyageur, quand elle se trouve au bon moment au bon endroit (celui où cela se passe !), et on imagine bien une certaine " lucidité luciférienne " à son endroit. De la métaphysique au sens de : ce qui outrepasse le physique !

Graham Gussin travaille sur l'infini du point de vue de son appréhension humaine (lit-on dans sa bio). Pour l'autoportrait " Know nothing ", il réitère la représentation de cette quête, présente dans beaucoup de littérature et de films SF, avec des scientifiques qui se propulsent à la hauteur des Dieux et sont éblouis ensuite par des connaissances et des visions insupportables pour l'homme.
Dans notre culture, nombreux sont les récits qui relatent l'expérience d'un désir fou. C'est le cas, par exemple, de la tour de Babel ou du mythe d'Icare. Or chaque fois l'histoire finit mal : Nemrod est châtié, Icare se brûle les ailes et chute dans l'abîme. Tout se passe comme si la quête de l'inaccessible était vouée à l'échec.
Cet autoportrait sans pupilles et sans blanc d'œil, en référence aussi à celui de Penone aux yeux retournés (Rovesciare i propri occhi-1970)3, redit la volonté du regard intérieur et d'un déplacement de valeur des sens en même temps que celle de présenter à l'autre la solitude non partageuse de recherche d'un ailleurs, et d'une manière plus légère, reprend un standard populaire de la représentation de l'inhumain, du non-humain, du diabolique, comme le petit doigt relevé de la série américaine des années 60 : Les Envahisseurs.

Les images de Lucien Pelen, entre l'éternel questionnement de l'homme face à l'autre création qui est la nature, de préférence celle des grands espaces avec beaucoup de ciel -endroit idéal pour demander des comptes aux dieux- et la bizarrerie des postures du petit homme dans ces espaces, nous offrent cette fois Le griffon, petit homme + outil griffant + pierre plantée (qui nous renvoie aux âges païens du bronze ou du fer de la préhistoire récente) + pierre taillée (granit ?) sur la tête du petit homme. Nous avons toujours considéré Lucien Pelen comme une espèce de Waldgänger adepte du " Recours aux forêts "4, forêts au sens large, la mer des Calanques de Cassis ou les Hauts-plateaux de Lozère faisant aussi bien l'affaire...
Il a aisément sa place, dirions-nous, dans cette affaire de frisottage de poils divins qu'il a inspiré ! D'autant que ce griffon quand même, est bien impertinent de se frotter au granit de cette pierre levée aux puissances célestes d'un autre âge ! Les dents crissent un peu, non ?

Avec la photographie de Man Ray : Anatomies - 1929, nous avons retrouvé le paradoxe -énergie vitale et pulsion mortifère- qu'il y a dans les expériences de Fiorenza : ici c'est plutôt composition-décomposition. Dans ce portrait sans tête, il y a aussi un déplacement des perspectives. Et une forme (dis)tendue vers le ciel, comme pour pousser un cri violent par exemple.

Par contraste le choix de la Light Space Modulator de Philippe Decrauzat, que nous avions repérée déjà à la Chartreuse de Valbonne, dans sa cellule de pierre, s'est imposé : il nous fallait une présence physique dure, alliée à ce jeu de lumière high-tech : une présence du diable ou de sa suspicion forte.
Au-delà de ses références constructivistes bien sûr, et même au-delà de sa référence cinématographique, car il faut avouer que la machine à hypnotiser de l'Exorciste2 ne nous a laissé aucun souvenir, nous avons été impressionnés par la force de la forme et l'attirance que créent ces modulations sur l'œil et l'esprit. On revient à ce temps autre et à cette autre vision vers des réalités secondes, dira-t-on prudemment.

Le conseil du directeur du FRAC LR, Emmanuel Latreille, sur l'ajout d'une autre œuvre de Graham Gussin (Threesixty), une installation sonore achetée à l'artiste en 2000, a été suivi. Elle pose une dernière note à l'édification de ce projet qui pour résumer est contitué de travaux qui nous semblent correspondre à l'image de l'artiste désirant " percer les secrets métaphysiques ", " forcer la vérité à sortir du vide " et faire preuve d'audace ou de persévérance pour transformer sa nature et (ou) se battre contre les diverses fatalités de sa condition.

P/o artelinea, Maurin et La Spesa

Notes :
1 Jean de Loisy, je crois, dans un dialogue de sourd délirant avec Benoît Chantre (trouvé sur Internet).
2 Expression empruntée à Emmanuel Latreille dans le N°Spécial PapiersLibres 2006 sur Lucien Pelen.
3 G.Penone : " Les yeux fermés, on a conscience des limites de son propre corps ; le contact avec le monde extérieur se limite à l'enveloppe du corps (...) Pour visualiser la négation du regard, pour définir sa propre identité, on doit retourner ses propres yeux, les recouvrir de lentilles de contact noires (...) "
4 "Ce n'est sans doute nullement par hasard que tout ce qui nous enchaîne au souci temporel se détache de nous dès que le regard se tourne vers les fleurs, les arbres..." - "Traité du rebelle ou le recours aux forêts" d'Ernst Jünger.

Autres artistes présentés

Man Ray
Lucien Pelen

Partenaires

Artelinea est une association loi 1901 soutenue par la DRAC LR /Délégation aux Arts plastiques, le Conseil régional Languedoc-Roussillon et le Conseil général du Gard.

Horaires

Ouverture du jeudi au samedi de 15 à 19 h et sur rendez-vous du 23 janvier au 20 mars 2010 inclus- Renseignements téléphoniques 04 66 80 23 95 // 06 74 95 45 91 - Vernissage le vendredi 22 janvier 2010 à partir de 18h30 - Adresse postale du siège social : 11 place du Jeu de Paume - 30111 Congénies

Adresse

PPCM 51 rue des Tilleuls Nîmes France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022