Katharina Ziemke

Katharina Ziemke peint des tableaux cadrés comme les plans fixes d’un film muet : des visages se dressent, immobiles, tels des témoins refroidis, momifiés, réduits au silence, plongés dans une atmosphère étrange et un peu cruelle qui n’est pas sans évoquer celle des contes de Grimm. La dimension tragique ou macabre de certaines scènes est traitée de manière déroutante : les bâtiments sinistrés et les corps en décomposition revêtent l’aspect des garnitures de pâtisserie ; les soldats sont de plomb ou de cire ; les visages de poupées ou de figurines rappellent ces statuettes kitsch en porcelaine de Saxe que l’artiste affectionne particulièrement. Dans ce monde de Katharina Ziemke où toute chose prend une apparence « émaillée », c’est moins l’homme que l’attitude humaine, moins les histoires que leur contexte qui intéressent l’artiste, mais bien les indices, éventuellement dérisoires, de notre civilisation. Katharina Ziemke’s paintings are framed like stills from a silent film: faces rise, motionless, like chilled, mummified witnesses, reduced to silence and set in a strange and cruel atmosphere not unlike the one of the Grimm brothers' tales. The tragic, or macabre, dimension of some scenes is interpreted in a disturbing way: damaged buildings and decomposing bodies can take on the hues of decorated pastries; the soldiers are in lead or wax, and the dolls' or figurines' faces recall the kitsch porcelain statuettes from Saxony that Ziemke particularly likes. In Katharina Ziemke’s world, where everything takes on an ‘enamelled’ appearance it’s not so much humans as their attitudes, not so much stories as their contexts that interest the artist– and above all the indices, however derisory, of our civilisation.