Joel Denot - exposition personnelle d'oeuvres récentes

photographie
Exposition
Photographie
Galerie Oniris Rennes

Joel Denot, série 14 , 2008

Joël Denot est photographe ; il l'a toujours été. Il a commencé comme amateur ; grâce à une bourse, il a pu se former aux techniques et aux pratiques du métier. Il a pratiqué "en professionnel" le reportage et la prise de vue en studio. Ses photos sont faites à la chambre, et ont pour support un papier photographique. Enfin, dans toutes les œuvres, on pourrait dire qu'il y a un sujet, qu'il y a une image, un corps. Pourtant, au premier regard, son travail ne semble pas "photographique" ; il invoque plutôt la peinture, voire même une peinture qu'on pourrait qualifier d'abstraite, voire même géométrique. Nous avons le sentiment d'être devant des tableaux. Parce que l’image ne se donne pas à voir immédiatement, qu’elle suppose un temps de regard ; le corps de l'artiste, présent dans la plupart des œuvres, semble noyé dans la couleur. Parce que, ce qu’elle fait apparaître, c’est un jeu de formes colorées ou lumineuses qui n’évoquent rien de précis, sinon des superpositions de surfaces, des assemblages de monochromes. Parce que ses dimensions renvoient à des formats picturaux plus qu'aux formats photographiques habituels (même si ces formats peuvent aujourd'hui être très variables, osciller entre la carte postale et le tableau de grandes dimensions). Joël Denot fait partie de ces artistes qui réagissent contre la multiplication des images, et, dans son domaine, contre une photographie qui ne serait que "l'enregistrement du monde". Pour lui, la photographie est d'abord ce qu'elle était à l'origine : un dévoilement par la lumière, une apparition. Les premières images photographiques, les daguerréotypes, étaient certes des images de la réalité, mais elles étaient avant tout des images lumineuses, fugaces et fantomatiques. Joël Denot s'inscrit dans cette longue histoire. Les travaux qui l'ont sans doute conforté dans ses recherches sont des travaux d’artistes dont la volonté était de faire de la photographie un moyen d'expression équivalant aux autres moyens d'expression artistiques, développant les mêmes questionnements, les mêmes qualités. Il rejoint, parmi les "pictorialistes", ceux dont l'enjeu n'était pas d'imiter une peinture qui aurait elle même imité une réalité, mais de proposer une vision associant la lumière et l'espace, l'espace du corps et l'espace de la pensée. On peut penser par exemple à Josef Sudek photographiant les fenêtres embuées de son atelier. On peut penser également aux photographies de nuages d'Alfred Stieglitz (ses « Equivalents »). Et, dans un tout autre domaine, à un artiste comme Pierre Molinier dont le travail nous amène toujours à nous interroger sur l'image que nous croyons voir. Cette recherche, d'œuvres photographiques qui ne soient pas simplement des images, semble connaître aujourd'hui une nouvelle impulsion avec des artistes comme le Finlandais Pertti Kekarainen, les Japonais Maiko Haruki et Hiroshi Sugimoto, Les Anglais Garry Fabian Miller et Adam Fuss…, qui développent tous, comme Joël Denot, un travail qu'on pourrait qualifier de conceptuel, fondé sur des effets de lumière créant des images irréelles faites d'espace et de temps. Dans les triptyques exposés à la galerie Oniris, chaque photo a pour origine le corps, et la lumière. Le corps présent dans l'espace. Puis la lumière dans l'espace. Les photographies sont le résultat de la superposition de plusieurs prises de vues, de plusieurs couches lumineuses produites par la lumière de la pièce passant à travers des "rideaux" diversement colorés, retenus par un jeu de cartonnages. Le support cibachrome, qui a une grande capacité de durée, produit des couleurs étonnantes, à la fois "métalliques" et donnant un sentiment d'épaisseur, de matière. Les surfaces blanches se déplacent, et fonctionnent comme les réserves dans la peinture : à la fois espace et matière. Les « polaroïds » sont également réalisés à la chambre, sur papier polaroïd. Ils reprennent le même système, mais avec plus de spontanéité, de rapidité… Ces œuvres jouent essentiellement sur les rapports de couleurs (le corps en est absent), leurs déplacements ; ils sont travaillés en séries, mais peuvent également êtres considérés comme des pièces autonomes. Joël Denot va au bout de son engagement : le refus de la multiplication des images, il l'applique à son propre travail. D'une part il ne produit qu'un nombre de pièces assez limité : une trentaine chaque année. Si les pièces sont produites assez rapidement, le travail d'élaboration, de réflexion, qui précède les prises de vues est en revanche assez long. D'autre part ses photographies sont uniques : les œuvres ne sont tirées qu’à un seul exemplaire, et le négatif est déchiré après son développement. Le travail de Joël Denot est donc un travail particulièrement singulier. S'il s'inscrit apparemment dans un univers très différent de celui que montre habituellement la galerie Oniris, on voit que, en réalité, il s’inscrit dans la même communauté d’esprit et de recherche.

Complément d'information

vernissage le vendredi 30 janvier ‘09 de 18h à 20h en présence de l’artiste

exposition du vendredi 30 janvier au samedi 7 mars 2009

la galerie est ouverte du mardi au samedi de 14h à 18h30 et sur rendez-vous. Accès libre

Autres artistes présentés

Joel Denot

Horaires

la galerie est ouverte du mardi au samedi de 14h à 18h30 et sur rendez-vous. Accès libre

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Galerie Oniris 38 rue d'Antrain 35700 Rennes France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022