Jérôme Touron, Suites Colorées (1)

et avec Frédéric Coché, Dominique Dehais, Marcela Gomez, Soo-Kyoung Lee, Richard Müller, Marie-Amélie Porcher, Soizic Stokvis
Exposition
Arts plastiques
Galerie La Ferronnerie Paris 11
Jérôme Touron, 2018, "5 billes", plâtre, billes

Jérôme Touron, 2018, "5 billes", plâtre, billes. 

Texte de Pauline Lisowski, membre de l'AICA, dans Toute la culture, novembre 2020.

L’œuvre de Jérôme Touron est dense en fils conducteurs à démêler et révèle au fur et à mesure de son exploration les relations entre ses différentes créations, bien souvent en série. L’artiste a d’abord élu la couleur orange, celle des chantiers comme privilégiée. Les objets qui rouillent, les matériaux de construction et de réparation qu’il récoltait constituaient ses supports de création et ses outils de sculpture. 

Pour cette exposition, Brigitte Négrier crée un dialogue visuel entre ses œuvres et celles d’autres artistes qu’elle représente. Certains ont conçu une pièce spécifique en hommage à cet artiste qu’elle soutient depuis de nombreuses années. 

Un mur est consacré aux ciels, qu’il a traité avec des matériaux de construction tout en gardant un esprit joueur. Ses ciels portatifs, Boîtes-Ciels, sont des boîtes où des aimants suggèrent des constellations. Ces œuvres rejoignent son goût pour l’utilisation de matières usuelles, des objets du quotidien. Une photographie de Richard Muller entre en relation avec ces ensembles et dévoile des traces d’étoiles, un dessin capté par l’outil, en subtil décalage par rapport au sujet.

Chez Jérôme Touron, la sculpture tend à devenir élément ou mobilier qui s’intègre dans l’architecture. Certaines comme Multipass Miami invitent également à être manipulées. D’autres en plâtre sont supports de ses billes (d’enfant). Celles-ci suscitent notre envie de les déplacer et de les faire rouler. L’artiste désacralise l’œuvre d’art et dépasse les codes de l’art construit. Si un certain minimalisme se remarque, il y a dans ses œuvres, une subtilité, le travail du temps qui modifie les éléments.

À la suite de ses expérimentations à partir d’éléments transparents, il utilisa des scotchs colorés pour élaborer une collection de nuances. Celles-ci se révèlent dans les séries Bi-triptyque, exposées actuellement à la galerie. Il composait ses œuvres avec une attention aux effets qu’elles peuvent produire sur notre regard et dans l’espace. Land (jt) de Dominique Dehais, œuvre bicolore, telle une boîte fixée au mur, entre en dialogue avec la couleur fétiche des débuts de l’artiste. Chez lui, la couleur constitue l’espace de nos libres choix.  Les œuvres entre le volume et la peinture de Soo-Kyoung Lee jouent elles sur les effets d’optiques de la couleur et nous invitent à nous déplacer pour les percevoir.

Les formats rectangulaires et carrés se retrouvent dans les travaux de l’artiste ici dévoilés. Sa série Pattern, crées à partir de fils de métal qui rouille, compose une structure accueillant des facettes jaunes. La couleur se diffracte dans ce volume ouvert et se diffuse dans les carrés vides. L’œuvre, forme géométrique composée de branches en découpe sétacryl de Soizic Stokvis ajoute un éclat lumineux et suggère des éléments architecturaux. Le fil de métal rappelle le goût pour le bricolage de Jérôme Touron et l’amena également à construire des chaises miniatures. Il en a réalisé une multitude qui avait pris place il y a quelques années dans la galerie. Comme des accroches visuelles, l’œuvre de Marcela Gomez fait écho aux lignes et aux matériaux utilisés par l’artiste tandis que la peinture Œdipe à Colonne 2 de Frédéric Coché présente des couleurs éclatantes ainsi que des assemblages en équilibre, clin d’œil aux associations de formes colorées de l’artiste ici à l’honneur.

Pour accentuer l’esprit joueur de l’artiste, des pièces, réalisées dans des couvercles de boîtes de Marie-Amélie Porcher©yep, se glissent parmi la collection de ses petites œuvres sur papier,

46 Images. Ces personnages semblables à des figurines, font écho aux sculptures manipulables de cet artiste. Sa collection de compositions sur papier renvoie à des images, à des cartes et crée un ensemble de variations d’écritures, d’associations colorées.

Jérôme Touron a toujours cherché des manières d’appréhender de plus en finement la couleur et la temporalité propre aux matières qu’il employait. L’esprit de la collection et la multitude de petits formats créent l’impression de grandeur et de rythmes de formes dans l’espace. Cette exposition propose un cheminement à travers différentes gammes colorées, où se côtoient l’aspect brut de matériaux et un goût pour l’expérience sensible qu’ils impliquent. A voir à la Galerie la Ferronnerie, à partir du 28 novembre 2020.

Jérôme Touron nous a quitté le vendredi 22 mai 2020.

Afin de lui rendre hommage, nous avons proposé à 7 artistes de la galerie d'accompagner d'une oeuvre un ensemble de pièces de Jérôme Touron de différentes périodes, comme un tribut à sa prolifique création, présentée par la galerie la Ferronnerie depuis 1991.

So that to pay a tribute to the prolific creation of Jérôme Touron, we have invited 7 artists of the gallery to create one work, they will stand beside artworks of different periods by Jérôme Touron.

Commissaires d'exposition

Horaires

Du mardi au vendredi 14h-19h, samedi 13h-19h

Tarifs

Entrée libre

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Galerie La Ferronnerie 40 rue de la Folie Méricourt 75011 Paris 11 France

Comment s'y rendre

M° Oberkampf

Dernière mise à jour le 13 octobre 2022