Jeff Kowatch

Exposition
Arts plastiques
GALERIE MARIE HELENE DE LA FOREST DIVONNE Paris 06
Jeff Kowatch est de ces artistes qui, dotés d’une vision personnelle forte de la peinture dépassent les références historiques qui en ancrent d’autres dans un mimétisme stérile. Un artiste ne peut être en dehors de l’histoire de l’art, sans regard sur ce qui l’a précédé ou sur ce qui l’entoure. L’important est de s’affranchir des référents artistiques en les assimilant, tel un pianiste qui, ayant dompté les gammes peut jouer avec les notes. Jeff Kowatch, peintre américain, a été marqué par l’expressionnisme abstrait. Ceci se ressent dans sa peinture sans que nous puissions le lui reprocher puisqu’il a su apporter une variation nouvelle à ces éclatements de couleurs et de formes libres que l’on connaît si bien. Une nouvelle histoire nous est contée au travers de mouvements revisités. Jeff Kowatch s’amuse. Ses œuvres pétillent de liberté, de mariages insensés et antinomiques entre expressionnisme et minimalisme, Klimt et Gorky et d’autres encore. En effet, si l’on retrouve l’esprit de l’expressionnisme dans les explosions de couleur et de forme, celui du minimalisme est tout aussi présent avec le refus de l’empreinte du geste créateur. Si nous nous approchons des huiles sur toile, les coups de pinceaux sont à peine perceptibles. C’est que l’artiste a sans cesse effacé la trace du geste en raclant systématiquement la couche qu’il venait de peindre en créant ainsi une sorte de glacis et de flou. Cette technique n’est pas sans rappeler celle de Gorky qui à l’aide d’une lame de cutter enlevait le surplus de matière avant de passer la toile sous l’eau. Mais là encore, nous sommes pris à contrepied. Si Gorky et Kowatch ont une technique plus ou moins similaire, la finalité n’est pas la même. Gorky recherchait une précision quasi chirurgicale de la forme alors que Jeff Kowatch veut accentuer l’effet impalpable de celle-ci. Tout comme Gorky, Klimt était dans la précision et lorsque nous sommes face à une œuvre telle Drops, beaucoup y voit comme un zoom sur un détail de Klimt. Il est vrai que la somptuosité de la matière, les tons colorés et vifs et les formes arrondies sont partagés par les deux artistes sans que Jeff Kowatch limite ses formes au décoratif. Comme chez les expressionnistes ou Klimt encore, la richesse picturale et formelle dans les œuvres de Jeff Kowatch fait naviguer l’œil sans cesse d’un point coloré à un autre. L’oeil cherche à pénétrer l’œuvre en rebondissant d’une forme à l’autre ou en suivant les entrelacs de lignes dans ses œuvres au pastel gras (Triptyque). Comme le préconisait Aldous Huxley dans L’Art de Voir, pour discerner, découvrir, il faut que l’œil soit toujours en mouvement. Face aux peintures de Jeff Kowatch, l’œil n’est jamais au repos. Ce va-et-vient constant n’exclut pas une contemplation grâce à l’harmonie compositionnelle. Cette anagogie est similaire à celle que nous pouvons éprouver face aux grandes étendues de couleur de Rothko. Mais là où Rothko voulait atteindre le mystique, Jeff Kowatch veut jouer avec la psychologie des couleurs. Il rejoint J.W. von Goethe qui déclarait lorsqu’il se mit à son Histoire de la théorie des couleurs, qu’il espérait pouvoir donner une « histoire de l’esprit humain en miniature ». Jeff Kowatch s’approprie formes et conceptions et leur insuffle une dimension toute personnelle sans pour autant imposer un regard au spectateur. Si les formes sont floues (dans les huiles) ou partiellement visibles (dans les pastels gras) c’est pour éviter le donné, pour motiver une curiosité chez le spectateur. Celui-ci est libre de décrypter l’œuvre comme il l’entend, libre d’y voir Klimt (détail de la robe dans Le Baiser), Sonia Delaunay (Fabric n°I)… Me concernant, les œuvres de Jeff Kowatch sont une invitation au voyage. Les formes, les couleurs, les associations, les rythmes m’incitent à l’errance. J’ai parfois la même sensation que celle que j’éprouve assise à une terrasse de café à regarder la foule et sa farandole de formes et couleurs. Par le va-et-vient du regard et le mouvement même des cercles colorés qui semblent avancer, se superposer, se soustraire à mon regard et réapparaître, bien qu’immobile je suis prise dans une dynamique. Une dynamique apaisante par l’harmonie compositionnelle et détonante par les tons parfois audacieux. Face aux oeuvres de Jeff Kowatch nous nous sentons réellement spectateurs au sens littéral du terme. Nous sommes non pas face à une représentation figée et plane mais bien plutôt au déroulement d’une narration qui nous entraîne et sans cesse nous perd dans le nombre de références possibles qui est d’ailleurs la preuve que Jeff Kowatch n’est pas réductible à un style. Audrey Bazin Contact presse : Audrey Bazin – 01 40 29 97 52 - audreybazin@hotmail.com

Autres artistes présentés

Jeff Kowatch

Horaires

Galerie ouverte du mardi au samedi de 14h à 19h & sur rendez-vous

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

GALERIE MARIE HELENE DE LA FOREST DIVONNE 12 RUE DES BEAUX-ARTS 75006 Paris 06 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022