Jean-Patrice OULMONT/sculpture - LEE Jin Woo/peinture

Même si l'un enlève la matière avec précaution et l'autre l'accumule en la perturbant, la démarche de ces artistes, amis dans la vie, est commune. Tous deux donnent une importance au temps de création, cheminement lent alternant entre respect, sensation et émotion pour donner vie à des oeuvres pures. Au-delà de leurs travaux, ils nous offrent en partage leur quête infinie d'harmonie. Né en 1953, Jean-Patrice Oulmont vit et travaille dans l'Ariège. Il exerce son art à plein temps depuis 1990. Artiste autodidacte, il est sensibilisé à l'art par son grand-père, écrivain et amateur d'art. Et depuis l'enfance, il explore la nature avec amour et minutie. Il a fait le choix de créer en réponse à un besoin vital. Son matériau de prédilection est le bois, chêne ou olivier, de plus de cent ans. Résultat d'une longue maturation, sa sculpture non figurative interroge avec le bois les lieux possibles de rencontre de la matière et de l'esprit. Chaque jour, Jean-Patrice Oulmont s'immerge dans son atelier. Il laisse la place au temps, consulte les sculptures achevées, redécouvre les pièces en cours, puis, c'est la concentration qui vient guider l'action. En discussion permanente avec le bois, il le ressent, le comprend et, seulement à ce moment-là, agit sur lui : il ôte la fibre, sans la brusquer, au bon endroit. Il donne vie à des pièces à la fois bien ancrées et légères, fines et douces, contrastes saisissants avec le bloc massif initial. L'oeil circule sans heurt dans les méandres de la matière, travail délicat et complexe réalisé, par la main d'un homme, au coeur du bois. Jean-Patrice Oulmont nous entraîne loin des embûches de notre monde, proposant un univers serein et apaisé, sensation subtile d'approcher un idéal. Lee Jin Woo naît en 1959 en Corée. Dès l'âge de trois ans il commence à dessiner. Après l'obtention d'un diplôme en 1983 à l'Université de Sejong, il choisit la France pour poursuivre ses études artistiques et, en 1989, est diplômé de l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Il démarre l'apprentissage du français et parcourt les musées où il rentre en contact direct avec la peinture impressionniste. Le sentiment intense, presque mystique, que lui procure le spectacle des Nymphéas de Monet est un déclencheur : il vivra de son art afin de donner de belles émotions. À contre-courant d'un certain art contemporain, il affirme que « l'art ne doit pas faire mal ». De sa culture asiatique, il puise l'énergie, la maîtrise et l'équilibre pour créer un univers propre fait de sagesse et de poésie. Son oeuvre est singulière, occultant la présence humaine, oscillant entre figuration et abstraction, peinture et bas-relief. Il n'emploie que le papier Hanji et d'autres matières naturelles qui lui autorisent des possibilités immenses. Sur une feuille de papier, il s'adonne à des dessins à l'encre de Chine qu'il rehausse de couleurs. L'oeuvre est double, présente sur le recto et le verso, avec des tonalités différentes que renforce le jeu avec la lumière, vibrations incessantes entre translucidité et transparence feinte. Par ailleurs, travailleur fougueux, avec une assiduité proche de l'acharnement, il superpose de multiples feuilles entre lesquelles il appose pigments naturels, terre, charbon de bois, feuilles ou graines. Les papiers sont déchirés, collés, brûlés, brossés… et le rendu est harmonieux. Ses peintures sur papiers sont alors solides comme du bois, à l'instar du mûrier dont est issu le papier Hanji ; il frôle la sculpture. En artiste accompli, Lee Jin Woo donne au regardeur qui plonge dans ses oeuvres, qu'elles soient subtilement nuancées ou fortement contrastées, l'opportunité de s'adonner à de délicieuses méditations.