Jean Charles Blais 17.3-9.6.13
Jean Charles Blais est arrivé sur la scène artistique au début des années 1980, à un moment où la réapparition de la peinture en Europe se manifestait en France avec un groupe d’artistes réunis sous la bannière de la Figuration libre, soit par le retour à une tradition picturale. Dans ce contexte, il a proposé d’emblée une oeuvre essentiellement intuitive qui, depuis trois décennies, s’est développée avec un appétit permanent pour de nouveaux dispositifs et des propositions visuelles toujours renouvelées.
L’exposition du musée Picasso propose, dans une lecture à rebours, en partant des plus récentes productions de l’artiste, de parcourir ce processus créatif fait davantage de glissements que de ruptures, d’improvisations que de programmes, d’une salle à l’autre, d’une forme à l’autre, dans la superposition ou au contraire l’évidement, convoquant, pour toujours mieux l’éluder, la question de la figuration ou de la narration et celle aussi, déjà et immédiatement, de la dématérialisation, avec l’utilisation des affiches arrachées qui allaient, quelques années plus tard, se transformer en tableaux dépecés.
Cette mise en morceaux de choses légères, transparentes, diaphanes donna naissance à des pièces fantomatiques que la série, en 1997-1998, des « Sur mesure », à la mesure de rien, tenta d’incarner dans une forme ressemblant à des vêtements, tout en pointant subtilement la différence entre anatomie et représentation du corps, comme, quelques années plus tôt, les « grands bazars » peints sur les affiches déchirées montraient la distance entre image et figure, lorsque de toutes petites têtes énigmatiques se trouvaient fixées sur des corps de géants, avec une volonté de déjouer le sujet du tableau en le ridiculisant par sa forme monstrueusement grotesque qui fonctionnait – l’artiste le rappelle dans l’entretien qui suit – un piège à sens interprétatif, volubile, mais ne menant finalement nulle part.
L’image numérique permit ensuite à Jean Charles Blais de poursuivre la recherche du comment de l’apparition des formes, en produisant des oeuvres qui n’existent que par leur consultation, sans format définitif, avec une grande économie de moyens et d’interprétations par laquelle l’effet sensoriel de la peinture devient assez minime, avant qu’en 2007 une commande à point nommé lui fît reprendre les pinceaux, les ciseaux et les papiers pour porter un nouveau regard sur la notion de modèle, à travers le répertoire singulier de l’opéra, libérant le bonheur déclenchant des images partagées et des récits déjà construits.
Tarifs :
Plein tarif : 6 € / Demi-tarif : 3 € / Gratuité moins de 18 ans