itinéraires
Bruxellois, originaire de Dijon, Jérôme Giller utilise la marche à pied comme outil et technique de création artistique. Le pas est une unité de mesure, un révélateur d’espace et un médium de connaissance des territoires. A travers une sélection de documents d’archives (cartes, dessins-textes, carnets, photographies et vidéos), l’exposition itinéraires invite le visiteur à suivre les déplacements de l’artiste dans les géographies urbaines et péri-urbaines qu’il affectionne.
Il serait inexact d’écrire que l’œuvre de Jérôme Giller se développe au fur et à mesure de ses errances. Elle s’élabore à partir des errances qu’il met en place pour d’autres. La distinction est ténue mais d’importance : Jérôme Giller ne se déplace jamais seul. Il organise des marches auxquelles sont conviés des participants. L’idée maîtresse est la redécouverte, par l’observation joyeuse, d’espaces ou de territoires urbains. Cette quête de signes maintes fois expérimentés ou enfouis se mue en promenade discursive qui révèle la construction d’un inconscient collectif et favorise ainsi l’être ensemble.
Parcourir et s’imprimer du paysage ou du territoire. Dans l’urbain le sentiment d’appartenance est particulier. Vous êtes toujours chez quelqu’un. En face de chez lui. Dans son jardin. Toujours des barrières, des propriétés privées. Et puis il y a l’art de Jérôme Giller qui contient la potentialité de, sinon briser, franchir ces dites limites entre des territoires. Pour autant point de conquête, point d’annexion, juste du passage. Bien, loin des clichés du promeneur romantique ou nostalgique, en posant son regard, il fait acte de témoignage sur des urbanités toujours en pleines mutations. L’action s’apparente à de la résistance. Jérôme Giller pose également le regard des autres et en ce sens, son regard social devient acte politique.
Bertrand Charles
extraits de Dépayser le quotidien, texte disponible en totalité sur : http://jeromegiller.net/ - rubrique articles et presse