Illusion..et face cachée

C.Monteiro Braz, C.Ouvrieu
Exposition
Arts plastiques
CACL Hauteville-Lompnes
Avec « illusion..et face cachée », le Centre d’Art accueille deux jeunes plasticiennes dans une exposition qui met en espace des travaux relevant de l’expérimentation dans un rapport ténu à la science. Le projet « illusion » conçu par Cécile Monteiro-Braz pour le Centre d’Art de Lacoux est une exploration tridimensionnelle au moyen de laquelle elle poursuit la modélisation de son propre monde intérieur. Passionnée par les sciences du vivant et la classification des espèces, elle conçoit ici un ensemble de sculptures et travaux sur papier qui, tout en empruntant au réel, orchestrent une nouvelle ordonnance des mondes jouant sur l’inversion et les contraires. Poésie organique tracée par l’utilisation méticuleuse du fil : il s’agit toujours d’établir des liens entre des choses. Parfois entrelacé, parfois rassemblé en pelote, tantôt surpiqué où noué en de grands filets, ce fil, à la fois contenant, enveloppe et filtre, saisit notre fragile perception du monde. Aidée de celui-ci mais aussi de matériaux alliant le dur et le mou, le chaud et le froid, le plein et le vide, Cécile M.-B. chemine au delà du réel et construit un univers de rêverie en suspension, impermanent et réversible. Ainsi, un mont miniaturisé couvert de lichens invite à voyager en pays de cortex musculaire... la photographie d’un insecte (extraite de la classification de l’illustre Linné) surpiquée de fils appelle un totem de bois boursouflé sur lequel repose un filet ondulant, métaphore des remous... des bois moléculaires teintés de couleurs immatérielles sont enveloppés de chevelures de fils où laissent jaillir des touffes de poils donnant à lire une taxinomie imaginaire d’êtres blessés... Cette démarche est la suite d’une épopée cosmologique commencée en 2005 dans laquelle le ciel était revisité en tant que métaphore du psychisme humain, « cet autre univers » dont parle le philosophe Novalis. «... une seule technique ne suffirait pas à contenir ces flux - aussi, Cécile M.-B. utilise-t-elle le dessin, la photographie, le volume, l'installation, l'intuition seule la guidant dans ses choix successifs. pas de programme ici, peu de mots (sinon ceux qu'elle invente pour nommer son monde intime), mais la volonté de traduire au plus juste sa si singulière sensibilité. Plan-espace, ligne-point, microcosme-macrocosme : le mythe, c'est la résolution des contraires, écrit Rosalind Krauss. Cécile M.-B. crée des mythes... ». Paul Cox in préface de l'exposition « au fil du ciel », Annecy, 2007. Classification, hybridation des genres, cartographie(s), chemins à emprunter, autant d’items que Cécile Monteiro-Braz offre pour la perception d’un monde intérieur dense et nébuleux. Constance Ouvrieu met en exergue le rapport dichotomique entre la matière utilisée et la forme travaillée, développant une prospection autour de l’espèce, l’origine, le corps. Exploitant le champ de la matière dans un rapport immédiat à la temporalité, le devenir, et particulièrement sous un angle sensible, « précieux », Constance Ouvrieu assemble sous des formes hybrides (dessins agrémentés d’objets, mises en installation d’objets de taille très réduite), et questionne, tacitement, « le rapport de l’homme à son animalité ». Elle explore dans ses créations le champ du cérébral, de la matière grise, des potentialités de l’être, dessinant un cabinet de curiosités où le végétal prend une dimension particulière. « Les œuvres de Constance Ouvrieu sont empreintes d’une sorte d’émerveillement des ressemblances ».Elles évoquent les « cabinets de curiosités » des premiers explorateurs, ces collections d’objets étranges, rapportés des quatre coins du monde. Ici, un crâne de renard est recouvert de fil rouge, tandis que de loin trône un cerveau incrusté de pistil de pissenlit. Loin de se réduire à de simples analogies, l’esthétique de Constance Ouvrieu se fonde sur des allégories, métaphores et dichotomies (pauvre/précieux, animus/anima, sang/racines, etc.). Y. Perreau, in « Empathie végétale », 2008. Le cheminement se décline dans des productions qui établissent des questionnements, des dichotomies, des analogies, qui restituent et projettent dans une autre dimension. A partir d’éléments vivants elle revisite et propose une réalité où nos repères sont décalés. Au Centre d’art, Constance Ouvrieu présente des productions spécifiques avec un travail sur l’aspect formel, la transformation - troncs d’arbre retravaillés, incrustés - ainsi qu’un panel d’œuvres papiers : dessins mêlés d’objets précieux, et des sculptures. L’exposition est une invitation à poser un regard renouvelé sur un réel admis que l’intervention artistique redessine et qui explore l’étude de la perception, le détournement d’objets réels vers des sensibilités, des sillons avec l’injection d’imaginaires propres à ces deux microcosmes personnalisés.

Complément d'information

Cécile Monteiro-Braz
Née en 1973 à Annecy. Vit et travaille à Paris
Diplômée de l’École Nationale Supérieure Estienne à Paris après des études d’histoire de l’art à l’École du Louvre
Depuis 1995, imprimeur d’art spécialisé dans la lithographie au sein de l’Atelier Bordas à Paris et depuis 2000 particulièrement dans le tirage numérique jet d’encre.
Auteur de « James Brown. Impressions, 1986-1999 », catalogue raisonné de l’œuvre . Lebouc/Bordas éditeur
Depuis 2005, professeur d’enseignement artistique à l’Ecole Supérieure d’Art de Clermont-Ferrand.
Conjointement, elle mène une recherche artistique personnelle mêlant sculpture, dessin et installation. A travers ces expositions récentes, elle dévoile au public un univers intérieur tissé d’illusions qui questionne particulièrement les notions d’entre-deux et de passage. Par ailleurs, elle entretient depuis 2006 une correspondance d’échanges épistolaires et de création plasticienne avec l’artiste Paul Cox. (publication des 1 200 premières cartes postales prévue en 2009). J-M Butty, Atelier Thierry Xavier, Annecy
2007 « Tout peut s'emporter », Bonlieu , Annecy
« Nuits curieuses », avec le groupe Venus, La Ferme du Buisson, Marne-la-Vallée
« Au fil du ciel », Espace Art Contemporain, Artothèque d'Annecy
2006 « Emprunter le ciel » avec J-M Butty, Atelier Thierry Xavier, Annecy


Constance Ouvrieu
Née en 1975 à Bagdad. Vit et travaille aux Lilas (93), en Ile-de-France.
Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris.

Expositions (sélection )
Personnelle
2004 « Trafic sur organe et autres curiosités », Agence Beef
Collectives
2006 « FLUX-s », résidence internationale d’artistes, Région Midi Pyrénées, Maison Daura, Saint Cirq Lapopie
2004 « Dialogue sur les nymphéas », performance au théâtre Mogador, Paris
2003 Maison des métallos, Paris
2002 Festival des arts plastiques, Romainville
Jeune création, La Villette, Paris
2001 Impression d’Inde, alliance française, New-Delhi,
« 8 Zeichner aux frankreich » Emschertal-Museums, Herne, Allemagne

Autres artistes présentés

Cécile Monteiro Braz
Constance Ouvrieu

Horaires

Les mercredis et week-ends de 11h à 17h30, et sur rendez vous.

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

CACL Centre d’Art Contemporain de Lacoux Hameau de Lacoux, Place de l’ancienne école 01110 Hauteville-Lompnes France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020