HOSTIE

Myriam Mihindou
Exposition
Arts plastiques
Galerie Maïa Muller Paris 03

HOSTIE inaugure dans la carrière de Myriam Mihindou une dimension plus universelle. Le travail photographique, sculptural et d’installation conçu pour cette exposition a été réalisé, en partie, sur l’île de la Réunion en août 2016, au retour de marches en solitaire sur la terre charbonneuse et volcanique de cette île française, émergeant de l’océan Indien, à distance de l’Afrique. Myriam Mihindou, également performeuse, révèle toujours la charge à la fois cathartique et expiatoire ou incantatoire de l’action artistique, mais aussi sa fonction réparatrice. L’artiste imagine HOSTIE en descendant des cimes montagneuses. Elle investit plastiquement la temporalité dans laquelle nous nous situons, sonde et interroge le présent pour en dévoiler la nature réelle. HOSTIE combine, à l’aune d’une actualité mondiale catastrophique, des codes de représentations occidentaux et extra-occidentaux. Ce syncrétisme opéré, chaque œuvre de l’artiste devient un point de « rencontre » névralgique, cristallisant un nouvel état de conscience ou d’éveil. Qu’il s’agisse des sculptures de coton, à la cire, des étymologies – fils et étymologies collectés dans des dictionnaires cousus sur papier – des sculptures de chairs photographiées, la réflexion sur le langage a toujours eu, dans l’œuvre de Myriam Mihindou, une place particulière. Cette réflexion affirme la permanence d’une dialectique de l’image où le corps et l’esprit parviennent à créer un espace vibratoire, celui où l’œuvre naît et s’enracine. Les vanités contemporaines dialoguent avec les éléments symboliques d’une iconographie inédite ; sculptures formant de nouveaux exvoto, personnages debout sur les champs de bataille d’une humanité éprouvée. Le visage brodé de la mort, indifférente, s’y accapare des poupées, condamnant l’enfance, autrement dit l’avenir. La figure bienveillante du sauvage, photographie d’une chevelure perlée couvrant un visage, en écho à la sculpture Oviri de Paul Gauguin (1894) incarne aussi l’esprit qui veille, en rappelant par sa forme bénéfiquement «archaïque» au sens sublime et pasolinien, la définition du temps et de l’histoire par nature cyclique et évolutive. La série intitulée Les Poilues, dont le travail de cadrage rappelle une histoire de la photographie engagée, coïncidant avec la naissance de l’agence Magnum après la Seconde Guerre mondiale, figure le rôle et la présence active des femmes aux combats qui secouent aujourd’hui la planète. Autrefois dévolues à attendre le retour incertain du soldat triomphant (Première Guerre mondiale), elles sont aujourd’hui debout et décisionnaires de leur propre engagement. HOSTIE, par son titre, au-delà de la richesse visuelle déployée, formule un appel. Celui d’une communion universelle, sans pouvoir, sans Christ et sans roi. La cire et les bougies des natures mortes - molles, en chute, ou tombées auprès de chevaux renversés (Le Ventre du cheval) - précisent la nature du regard porté par Myriam Mihindou sur les conséquences d’une géopolitique ou situation mondiale en pleine mutation et où la question du sens, elle-même, s’est drôlement affaissée. Charlotte Waligora

Adresse

Galerie Maïa Muller 19 rue Chapon 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020