Home ? Figures des migrations

Exposition
Arts plastiques
Galerie Villa des Tourelles - 92000 Nanterre

A travers un corpus d’œuvres artistiques contemporaines et de documents visuels, l’exposition «Home ?» propose différents points de vue d’artistes sur les figures des migrations. Une thématique choisie à partir de l’histoire de la ville de Nanterre, l’actualité politique nationale et l’ouverture récente de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI). La représentation de la population d’un territoire peut constituer la base d’une action culturelle. Nous prendrons pour point de départ la photographie prise en 2004 à Nanterre par l’artiste hollandaise Lidwien van de Ven Paix en Algérie dans la série « Terre promise ». L’artiste témoigne de l’histoire des populations de la ville préfecture des Hauts-de-Seine. Ce graffiti est en effet resté lisible sur ce mur jusqu’à aujourd’hui depuis 1954. C’est pendant les années 50 que les bidonvilles de Nanterre se sont constitués et les documents photo-journalistiques de Jean Pottier qui vit dès lors à proximité apportent un témoignage exceptionnel. On reprendra les mots du sociologue Abdelmalek Sayad dans Un Nanterre algérien, terre de bidonvilles (éditions autrement, 1995) : « L’histoire du bidonville de Nanterre correspond à l’histoire de l’immigration familiale algérienne en France ». L’histoire de l’immigration en France construit l’histoire de France. L’exposition donne aussi à voir d’autres expériences sur d’autres territoires d’où l’invitation de nombreux artistes étrangers. Aujourd’hui l’actualité nous ramène à une réalité exprimée en ces termes par Michel Foucher : « Partout, on délimite l’espace, on l’équipe de caméras et de portiques, on y patrouille, on le clôture. Les frontières, terrestres et maritimes, sont devenues un marché florissant, en même temps qu’une lancinante question : à quoi servent-elles dans le monde actuel ? » (L’obsession des frontières, 2007, éditions Perrin). Les œuvres artistiques nous informent elles aussi et interrogent souvent ce qui est généralement donné à voir dans les médias. Elles exigent de nous que nous regardions droit dans les yeux les atteintes aux droits de l’Homme et les difficultés liées à la reconnaissance des identités. « Les œuvres sont la possibilité de faire exister un langage que nous n’aurions pas eu avec la télévision » disait Armand Gatti dans les années 70 à propos des documentaires réalisés sur les immigrés à Montbéliard. Des expositions antérieures nourrissent le corpus d’oeuvres sur cette thématique. En 2002, la Documenta (Kassel/Allemagne) avec la présence remarquable du collectif italien Multiplicity, de Mona Hatoum, etc ; « Africa Remix » en 2005 au Centre Pompidou ; en 2007 l’exposition « Fronteres » au CCCB, Centre de Culture Contemporaine de Barcelone, présence entre autres d’Olivier Jobard. « Repères », l’exposition d’œuvres d’art contemporain de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration révèle l’engagement de plusieurs artistes aujourd’hui sur ce thème. Comme l’exprime Isabelle Renard, chargée de mission au département conservation des collections de la CNHI, « les œuvres donnent à réfléchir et à voir sur les notions d’identité, de passage, de rupture, de territoire et d’exil, d’absence et de précarité, de fracture sociale et de fissure humaine ». Aussi les œuvres et les artistes de l’exposition «Home ?» convoquent tous ces sujets et la difficulté de se recréer « un chez soi ». La migration est au cœur de la démarche esthétique d’un grand nombre d’artistes étrangers. Compte tenu des attentes du marché et des points de vue souvent occidentaux des programmateurs peuvent-ils parler d’autres choses que de leurs histoires ? Si l’origine immigrée n’a pas constitué un critère de choix, les artistes présents dans l’exposition ont évidemment majoritairement connu l’émigration, leurs histoires personnelles nourrissant leurs créations, l’autobiographie s’alliant à la réflexion politique. C’est aussi l’aspect documentaire qui préside dans cette sélection d’œuvres. L’exposition «Home ?» a souhaité valoriser le travail de nombreux jeunes artistes qui ont intégré les problématiques inhérentes aux phénomènes des migrations. Un quart des artistes présents dans l’exposition n’est cependant pas directement issus de l’immigration. Laura Waddington, britannique, Lidwien van de Ven, néerlandaise, Bruno Serralongue, français, marquent un engagement très fort pour cette problématique et son traitement politique en France. Lionel Monier interroge au fil de son œuvre et de multiples façons ce que recèle le mot communauté. Amit Goren, israélien, s’intéresse aux immigrés dans son propre pays. Les deux photographes et les deux vidéastes proposent des formes de récits très différents. Le médium photographique est très représenté avec 11 artistes. Lidwien van de Ven parcourt le monde entier, transformant nos repères hexagonaux et les images médiatisées ; Sirine Fattouh matérialise une introspection et une quête identitaire en serrant près d’elle l’objectif de l’appareil photographique. Bruno Serralongue introduit dans ses séries une dimension temporelle qui revêt aujourd’hui une dimension humaniste voire poétique. Denis Darzacq, Mohamed Bourouissa, deux parcours, presque deux générations, photographient les banlieues, l’un rencontre, l’autre semble plus mettre en scène les générations issues de parents immigrés. Ce dernier tente de déconstruire des archétypes en les renforçant plastiquement. La photographie est encore présente à travers les diaporamas de Bruno Boudjelal et Taysir Batniji. Barthélémy Toguo propose par une installation une vision plus distancée, à l’humour noir avec des tampons de passeports démesurés. Zoulikha Bouabdellah opte aussi pour l’installation, à voir comme une image transgressive autant qu’un lien tissé entre deux cultures. Aujourd’hui plus accessible, léger et mobile, le médium vidéo est aussi très utilisé. Assez éloigné des autres propositions, Fikret Atay utilise l’humour et la mise en scène. La caméra est assignée à résidence en Israël avec Amit Goren. Elle s’est détournée de sa cible dans le plan radicalement fixe de Lionel Monier qui tente avant tout de redonner la parole. La parole aussi avec Adrian Paci et le conte contemporain d’une enfant albanaise. Un film encore extrêmement personnel et pudique avec Laura Waddington qui restitue la souffrance des réfugiés de Sangatte. Kader Attia réalise un portrait sensible et touchant de sa famille, et se fait le lien entre ces deux parties désunies par la distance.

Artistes

Autres artistes présentés

Fikret Atay, Taysir Batniji, Zoulikha Bouabdellah, Mohamed Bourouissa, Jota Castro, Raphaël Dallaporta, Denis Darzacq, Norbert Eche, sirine Fattouh, Amit Goren, Bouchra Khalili, Lionel Monier, Adrian Paci, Catherine Poncin, Jean Pottier, Bruno Serralongue, Barthélémy Toguo, Lidwien van de Ven, Laura Waddington, Lorena Zilleruello

Partenaires

La galerie Villa des Tourelles est un espace municipal de la ville de Nanterre. Il bénéficie du soutien de la Direction régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France - ministère de la Culture et de la Communication et du Conseil général des Hauts-de-Seine. La galerie est membre du réseau tram (art contemporain Paris/Ile-de-France).

Adresse

Galerie Villa des Tourelles - 92000 9 rue des anciennes-mairies 92000 Nanterre France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022