Guillaume Pinard

Exposition
Arts plastiques
Association Galerie Artem Quimper
installations, dessins, peintures, volumes vidéos.

Complément d'information

Au commencement, il y a de l'ordre : lignes claires, composition tendue, aplats colorés et harmonieux qui dépeignent l'univers séduisant de l'enfance. De la convention aussi : tableaux, dessins, volumes, animations, qui ne dérogent en rien aux protocoles d'usage. Ce sont les scènes elles mêmes qui enfreignent les lois.
Protagoniste exclusif de ces cadres, con-con (déni de nom), au corps schématique, signalétique (déni de corps) ; sans qualités en somme, est plongé dans un monde réduit à la stricte expression intensive des pulsions. Pas âmes qui vive, seuls des figures. Pas de coeurs, mais l'intarissable écoulement du sang. Nuls cerveaux, mais l'expansion luxuriante des nefs. Ou plus exactement la présence lisible de leurs signes ; car c'est une rhétorique ici qui instaure la possible visibilité d'un monde.
Pourtant, si chaque acte de ma production est une phrase, l'ensemble ne constitue pas un texte ; car la syntaxe de cette grammaire est congénitalement viciée.
Dans les dessins, peintures, volumes, l'avènement est suspendu, contrarié par l'opposition de forces qui ne coïncident pas ; livré à la responsabilité séduite et refoulée du spectateur. Dans les animations, le temps ne contient pas les déchaînements, où bien les met en boucle, contraignant le témoin à consommer la même instable posture d'attraction et de rejet.
Ainsi, mon travail jouant sur l'atonalité de l'espace qu'il occupe ne peut-il pas s'affirmer dans la juste expression d'un but, dans la désignation univoque d'un objet. Bref, sa voix est condamnée à s'exprimer dans un déploiement viral, multiple, combinatoire, à repousser l'acquisition d'un territoire, d'un support, à enfoncer des clous dans la marge perverse et insane que l'expression de sa vitalité produit.





Guillaume Pinard





















Si l’abstraction géométrique a été réinvestie ces dernières années par la culture Techno, si la figuration, quant à elle, est enrichie par l’apport des technologies nouvelles suscitant une vision originale du sujet et de son milieu, certains artistes dont Guillaume Pinard puisent à l’aune de ces deux genres, remixés pour le coup, afin de dynamiser leur projet personnel et d’aboutir à une vision générique de celui ci, un sens absolu.
C’est une chance que les genres mineurs (Clips, Mangas, Jeux Vidéo) investissent les champs traditionnels de la Culture et que forts de leur esthétique propre, ils tentent d’insuffler des positionnements nouveaux. En principe seulement, car si une nouvelle civilisation se met à jour peu à peu, il reste à définir ses bases, son relief, ses intonations, c’est à dire ses mythes fondateurs qui la démarqueront réellement des civilisations et modèles anciens. L’ ordre du jour, donc, n’est pas à la fascination mais à la programmation, aux phénomènes combinatoires oeuvrant à l’établissement complexe d’un réel langage. Pour ce faire il lui faut sans doute un Maître de Cérémonie. Dans le travail de Guillaume Pinard, il apparaît sous les traits d’un ludion répondant au patronyme de con-con, figure naïve s’il en est.

Con-con participe timidement au Monde, le modifiant à force de micro interventions, de métamorphoses aventureuses car con-con est un signe isolé et comme tous les signes isolés avant qu’ils ne se mêlent au monde, il est porteur de peu de choses. C’est le contact de l’autre qui l’enrichira ou plutôt, c’est leur rapprochement synchrone qui définira la qualité de l’échange dont ils sont, pour l’instant, les hérauts, les porte-faix isolés. Donc, pour l’instant, con-con attend. Ce n’est pas une nouveauté, et l’attente est à la vie ce que le regret est à la disparition. On arrive toujours trop tôt ou trop tard. On s’apprête à rentrer sur scène que Paf ! déjà le rideau est tombé. Donc con-con attend. Non pas qu’il refuse l’action, ces positionnements dandys (I would prefer not to !) ne sont pas siens. Il attend simplement. Con-con est une entité facilement identifiable ; le dessin est naïf, composé de lignes claires et l’espace qui l’entoure d’aplats monochromes. A partir de là, tout peut se mettre en place. Cette expression de solitude, cet espace épuré à l’extrême ne sont pas nouveaux, l’Histoire de l’Art est jalonnée de ces présences hiératiques et pourtant dérisoires. Songeons au Gilles de Watteau, aux portraits d’Ingres, à la silhouette profilée d’OEdipe face au Sphinx , une énigme sourd sous ces représentations. Quelle action peut être générée par leur attitude faite en apparence de renoncement et de passivité ? A quoi donc peuvent songer Gilles et Mademoiselle Rivière ? Au sexe, bien sûr ! Justement, dans un des tableaux de Pinard intitulé Les déboires de Mademoiselle Rivière, con-con et un de ses con-congénères apparaissent gentiment accrochés par la mâchoire aux formes si souvent évoquées de la belle. On sait qu’Ingres sous ses allures bourgeoises possédait une sexualité fantasmatique. Le bain turc est l’oeuvre d’un octogénaire, reprise consciencieusement après que son collectionneur le lui ait retournée à la demande de sa maitresse.

Dans le travail de Pinard, les dessins décrivent toujours une entreprise minus dont les étapes semblent être échappées d’un logiciel rudimentaire*. Les figures investies par l’artiste progressent graduellement. Souvenons nous des films d’avant-guerre dont le réalisateur imposait aux acteurs que toute porte ouverte dans une scène devait être refermée dans la suivante afin de ne pas désorienter le public. A la façon des tests psychologiques, l’homme au pantalon baissé, brandissant un couteau va forcément pour s’émasculer, nul ne songe qu’il n’opère peut-être qu’une légère modification de sa toilette, le raccourcissement d’un fil qui dépassait. Non, l’action doit être franche, d’une franchise exaspérante. Si le couteau est brandi, c’est qu’il doit s’abattre, si la blessure est béhante, elle recouvrira l’espace selon un développement binaire : A+B = AB .
La perversité de l’entreprise consiste à complexifier les figures qui la parcourent : androgyne, écorché, squelette pour une danse macabre où le spectateur est appelé à témoin. Il s’agit de vérifier ce que ces figures produisent en soi et en quoi leur constitution propre est d’emblée déroutante. Le discours Sadien est lui aussi hanté par ces postures insensées, ces combinaisons délirantes. Là encore, le spectateur-lecteur opère la triangulation finale. Dans une photographie reproduisant un dessin mural monumental, l’artiste fait face à son travail s’inscrivant entre Con Con et un monolithe abstrait. L’artiste américain Jonathan Borofsky a
toujours agi de la même façon. Pas de reproductions de son travail (installations proliférantes, sculptures surdimensionnées, dessins muraux) sans la présence d’un membre du public, interlocuteur privilégié qui désignant l’oeuvre la complète et l’enrichit.
Dans cette logique interactive, il était évident que Guillaume Pinard devait tôt ou tard procurer à ces « visions » une dimension supplémentaire, temporelle celle-là. Les images mises en mouvement par le biais de petits films d’animation exécutent sous nos yeux le travail que nous opèrions jusqu’alors en pensée. Le burlesque des situations, l’hénaurmité des chutes sont les produits d’un cheminement assassin qui tout, en désignant ses sujets propres, s’en débarrasse au fur et à mesure. Fantasme de démiurges, de Serial Killers, de séducteurs compulsifs. Suite à ses études et à ses premiers travaux de facture minimale, Guillaume Pinard a, selon ses propres dires, ouvert la boîte de Pandore à la manière d’un module Juddien hanté par la psychanalyse. Force de constater que les travaux actuels répondent toujours à une esthétique de l’économie et que chaque motif est conçu comme un logotype (les logotypes blessure, sang, goutte, flaque, sexe, masque, etc). Etre là : les logotypes ont pour projets l’occupation systématique de l’espace public à la façon d’un cauchemar qui revient. En termes de publicité, on parlera de location ou d’achat de ce dit espace. Scrupuleusement, Les logos/motifs de Pinard occupent les leurs jusqu’à saturation. Dans ce sens, le désir de l’artiste de produire certains de ses dessins sous forme d’autocollants ou de magnets est une entreprise logique. Par définition le magnet est le lieu minus de la mémoire ; il est aussi l’expression contemporaine du pêle-mêle. Sous lui, les souvenirs (numéros de téléphone, factures, photocopies) s’accumulent. Frustrations ajoutées, petites blessures quotidiennes. De plus, il est à noter que sa forme ronde renvoie au format privilégié du maître classique cité plus haut. Le trou de serrure du mateur, la jumelle du pornocrate. Que de corps !
« Vous m’avez fait former des fantômes » écrivait à sa femme le Marquis de Sade embastillé. Bouclez les portes, cadenassez les grilles. Mabuse a revêtu la jaquette de Mr Loyal pour un spectacle complet.

* Le mineur est une sculpture où con-con apparaît travesti en Franciscain. Ceux-là, vivant d’oboles, se considéraient en effet au plus bas de l’échelle sociale.

Stéphane Le Mercier




















Guillaume Pinard Février 2002
Né en 1971 à Nantes
Vit et travaille à Marseille
74, rue Paradis
13006 Marseille
Tél : 04.91.33.45.78
06.10.42.72.20
e-mail : PINARD.GUILLAUME@wanadoo.fr



FORMATION

1996 : Diplôme National Supérieur d'Expression Plastique à l' E.R.B.A. de Rennes.


EXPOSITIONS PERSONNELLES

2001 : Iconoscope / Montpellier.
2000 : TOHU-BOHU / Marseille.
1999 : R.L.B.Q / Marseille.


EXPOSITION COLLECTIVES

2001 : Ipso Facto / Nantes.
À la plage / Toulouse.
Canal R / Marseille.
Galerie Porte avion / Marseille.
1999 : Jardin public de Fougères.
1998 : Ateliers associatifs L'IGLOO / Nantes.
1997 : Galerie CHEZ PICHON / Nantes.
1996 : Galerie de LA CRIÉE / Rennes.
Galerie du CLOÎTRE / Rennes.


ÉDITIONS

2001 : Édition de 15 cartes sérigraphiées / Éd. Les Apagogistes.
Participation à la revue de dessin "TOC" réalisée par la galerie associative S.M.P à Marseille.
Participation à la revue de dessin "T.R.O.U." à Marseille.
1999 : Folies/Jardin public, jardins secrets. Catalogue de l'exposition collective dans le jardin public
de Fougères.
1996 : CD-Rom "Inter Face", Catalogue de l'exposition collective réalisée à la Galerie du
Cloître à Rennes la même année.


INTERVENTIONS

1998/1999 : Intervention au Château d'OIRON.


COLLECTIONS

2001 : FRAC PACA


INTERNET

2002 : Création sur la galerie en ligne du site de Vidéochroniques (Marseille) d'un site évolutif :
"voyage en conconie"

Autres artistes présentés

Guillaume Pinard

Horaires

du mardi au samedi, de 14h à 18h30

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Association Galerie Artem 16, rue Sainte-Catherine 29000 Quimper France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020